Encore aujourd’hui, seulement un faible pourcentage de Cubains peut accéder à l’Internet mondial (qui d’ailleurs a fêté ses 30 ans en mars 2019), surveillé de près par le gouvernement. Désormais, dans un élan de progression, tous les habitants peuvent posséder une connexion chez eux, après que le gouvernement de l’île ait décidé d’étendre l’accès à Internet. Cependant, Cuba continue de contrôler sa version de la « vérité » et de défendre sa légitimité en proposant toujours un accès restreint, déclare un haut responsable à l’AFP.
Le gouvernement a décidé d’étendre l’accès à Internet en permettant aux habitants de bénéficier d’une connexion chez eux et du Wi-Fi, par le biais du fournisseur national principal. Jusqu’à aujourd’hui, les habitants étaient contraints de se rendre dans des lieux d’accès publics pour en bénéficier. Mais malgré cette première « faveur » faite à la population, pour la majorité des Cubains, l’accès continuera d’être restreint et hautement surveillé par le gouvernement.
« Les Cubains soutiennent et défendent la révolution dans tous les domaines, tant dans le monde réel que dans le monde virtuel », a déclaré Ernesto Rodriguez Hernandez, vice-ministre des communications, dans le cadre d’une interview.
À ses yeux, Internet et les médias sociaux sont des outils pour « positionner la vérité de Cuba, pas pour manipuler les choses », leur donnant un rôle clé dans les batailles politiques et idéologiques menées à une époque de fortes tensions diplomatiques avec les États-Unis.
Le secteur des télécommunications à Cuba, autrefois l’un des pays les moins connectés au monde, a sans doute changé plus que tout autre au cours de l’année écoulée. Depuis décembre, lorsque la connectivité 3G a été fournie aux téléphones mobiles. Une communauté en ligne active s’est alors développée sur les réseaux sociaux, questionnant souvent le gouvernement sur les défis de la vie quotidienne sur l’île.
Depuis le 22 juillet 2019, les Cubains peuvent importer des routeurs, enregistrer leurs équipements, puis créer des réseaux Wi-Fi privés connectés à l’opérateur public ETECSA. Les habitants n’ont donc plus besoin de se rendre dans des sites publics centralisés pour accéder à Internet.
« L’objectif du pays est de fournir un accès de plus en plus large à l’Internet, à l’ensemble de la population », a déclaré le vice-ministre.
Mais les exigences techniques imposées par la nouvelle législation semblent mettre un terme aux réseaux informels créés ces dernières années par des groupes de résidents. Un tel contrôle est le « droit souverain » de l’État cubain, selon Hernandez.
Une connexion coûteuse, bien que restreinte
Bénéficier d’une connexion Internet dans le pays n’est pas bon marché. Les tarifs débutent à 1$ US l’heure de navigation, un montant exorbitant, surtout pour un pays où le salaire mensuel moyen n’est que de 50 $US ! Le tarif 3G le plus bas est de 7 $US pour 600 mégaoctets de données.
Depuis le début du mois de juillet, des centaines de Cubains font campagne sur les médias sociaux sous le hashtag #BajenlospreciosdeInternet (Baissez le prix de l’Internet).
Depuis l’arrivée du Wi-Fi en 2013, « le coût de l’accès à Internet a diminué d’un facteur quatre », déclare le vice-ministre. Et selon ses déclarations, il continuera de baisser à mesure que l’infrastructure de communication s’améliorera.
Jusqu’à ce jour, 1400 points d’accès Wi-Fi ont été installés dans le pays des Caraïbes, comptant 11.2 millions d’habitants. 80’000 foyers ont désormais accès à Internet et 2.5 millions de Cubains bénéficiant d’une connexion 3G.
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En invoquant la nécessité « d’éduquer » la population, le vice-ministre a ajouté : « Il ne sert à rien de fournir un service Internet à ceux qui ne savent pas comment distinguer entre ce qui est utile et ce qui est nuisible ; tout sur Internet n’est pas bon à prendre ».
Une série de décrets et de mesures publiés début juillet sur le Journal officiel de l’île appellent à une « utilisation responsable par les citoyens » ainsi qu’à « la défense politique et la cybersécurité face aux menaces, attaques et risques de toutes sortes ».
Le message est clair : Internet doit être un « instrument de défense de la révolution », selon des règles à faire respecter par le ministère des Communications, avec l’aide des forces armées et du ministère de l’Intérieur. En résumé, bien qu’il y ait une progression globale le rendant plus accessible, l’Internet cubain continuera d’être surveillé de près par les autorités, comme il l’a été dès le départ.
Selon l’ONG Freedom House, encore aujourd’hui, seul un faible pourcentage de la population cubaine peut accéder à l’Internet mondial, contrairement à l’Internet national, contrôlé par le gouvernement. Selon l’AFP, les blogs et les sites web critiques à l’égard du gouvernement sont fréquemment bloqués.