Dernièrement, l’entreprise américaine Penumbra Brands a demandé à un laboratoire de réaliser des mesures du Débit d’Absorption Spécifique (ou DAS) de plusieurs iPhone. Les résultats dévoilent de grands excès en contradiction avec les tests précédemment réalisés. Les smartphones sont-ils réellement dangereux pour la santé ?
En ce mois de février 2020, l’entreprise américaine Penumbra Brands a demandé à RF Exposure Labs de mesurer les DAS des smartphones d’Apple. Ce sont plus précisément les iPhone 7 et iPhone 11 Pro qui ont fait l’objet d’une étude. L’entreprise spécialisée dans les technologies sans fil voulait vérifier les résultats de précédents tests réalisés par la Federal Communications Commission (FCC, ou Commission Fédérale des Communications américaine).
Apple : de nouveaux tests ambigus et un doute constant autour du DAS
Force est de constater qu’après ces nouveaux tests, les résultats confirment les précédentes informations communiquées par le Chicago Tribune. D’après la nouvelle étude, l’iPhone 11 Pro possèderait un DAS de 3.8 W/Kg. Cela correspond à plus de deux fois la limite de la norme américaine, fixée à 1.6 W/kg, et près de deux fois celle autorisée par l’ANFR en France, à savoir 2 W/kg.
Toutefois, plusieurs particularités concernant ces derniers tests peuvent être notées. Tout d’abord, Penumbra Brand est une entreprise qui vend des protections anti-ondes. Il est donc aisé d’imaginer que l’entreprise ait pu modifier les résultats de son étude. Cela serait compréhensible car Penumbra Brands pourrait ainsi proposer une plus grande gamme de produits visant à protéger les usagers des émissions d’ondes.
Un autre problème concerne la validité des mesures obtenues par la FCC. En effet, plusieurs facteurs ne sont pas pris en compte par la Commission, comme le port des bijoux en métal, qui modifient notamment les ondes. Il est donc difficile de savoir quel résultat reflète le plus la réalité des faits. Avec cela, il convient de préciser qu’il n’est pas encore établi avec précision quel taux d’ondes électromagnétiques est dangereux pour la santé. Ainsi, il faut se méfier des tests de la FCC, qui peuvent être incomplets ou même dépassés.
Les résultats inquiétants des anciens tests de DAS sur les smartphones
Il y a quelques mois, le Chicago Tribune a fourni au laboratoire RF Exposure Labs plusieurs smartphones, afin de tester leurs DAS. L’ensemble se composait de différents modèles, comme des iPhone ou des Galaxy. Le laboratoire avait alors révélé qu’une grande partie des téléphones avait un taux supérieur aux normes en vigueur, qu’elles soient américaines ou françaises. Le Galaxy S8 par exemple, a enregistré près de 8 W/kg dans le cadre de ce test, soit 4 fois la norme française.
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Le journal souhaitait, à travers ces tests, montrer l’obsolescence des tests réalisés par la FCC. RF Exposure Labs avait donc décidé d’adapter les tests afin de les rapprocher le plus possible de la réalité. Par exemple, le laboratoire avait réduit la distance de l’appareil avec le corps à seulement 2 millimètres. Cet ajustement avait pour but de simuler le port d’un appareil dans une poche, cas le plus concret compte tenu des habitudes des usagers. De plus, les appareils utilisés provenaient directement du commerce. N’étant donc pas directement fournis par les entreprises, les produits testés représentaient les échantillons que les usagers sont en mesure d’acheter.
Cependant, Apple, qui était principalement visé par ces nouvelles mesures, a alors répondu en demandant à la FCC de réaliser de nouveaux tests sur ses iPhone. Les résultats apportés étant cette fois respectueux des standards imposés, le doute restait donc entier. En effet, selon Joel Moskowitz, chercheur à l’UC Berkeley, il ne peut y avoir que deux explications à ces contradictions.
D’une part, il est envisageable que les méthodes employées par RF Exposure Labs n’étaient pas bonnes. Diverses procédures peuvent en effet être suivies, celle utilisée par RF Exposure Labs diffère donc probablement de celle de Penumbra Brands ou encore de la procédure d’évaluation du DAS de l’ANFR. D’autre part, il est également plausible que les modèles confiés par la suite à la FCC aient été modifiés. En effet, lors de la contre-expertise, les téléphones avaient été directement fournis par Apple. Le géant américain aurait donc potentiellement pu diminuer volontairement le débit d’absorption spécifique des smartphones concernés.