Des scientifiques ont découvert un groupe de créatures marines microscopiques, qui pourraient bien faire partie d’une espèce totalement nouvelle pour la science. Cependant, déterminer de manière précise la nature exacte de ces animaux est plus compliqué qu’il n’y paraît. En effet, lorsque ces organismes sont encore au stade de larves, ils ne ressemblent pas du tout aux individus adultes.
Ces animaux en question sont peu connus. Il s’agit de phoronidiens, phoronidés ou encore « vers à fer à cheval ». Ils forment un embranchement qui contient des espèces marines se nourrissant par filtration.
Les individus adultes s’ancrent dans les sédiments, dans les roches ou les coraux, et construisent un tube de chitine pour protéger leur corps mou, tandis que leurs têtes sont couronnées de tentacules qui ondulent dans le courant, dans le but de filtrer de petites particules d’aliments dans l’eau pour se nourrir.
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Ces animaux ne vivent pas dans des eaux très profondes : leur habitat va de la zone intertidale (également connue sous le nom d’estran ou encore de « zone de marnage », c’est la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marrées) jusqu’au sommet de la zone mésopélagique (ou zone aphotique), soit à une profondeur d’environ 400 mètres (la limite de profondeur à partir de laquelle la photosynthèse n’est plus possible).
À noter que ces animaux peuvent être trouvés dans la plupart des océans du monde et que la plupart des adultes font environ 2 à 20 centimètres. Donc, lorsqu’ils sont pleinement développés, ils ne sont pas si compliqués à trouver. De plus, le tout premier phoronidé a été décrit en 1856.
Mais comment les comparer à leurs petits ? Cela est effectivement plus compliqué. En effet, les premières larves phoronidés ont été décrites avant les adultes, soit en 1846 déjà. Cependant, ces larves ont l’air si différentes de leur état adulte, qu’elles ont été placées dans un genre complètement différent, connu sous le nom d’Actinotrocha.
Depuis, cette catégorisation a été révisée, mais il reste encore beaucoup de travail à effectuer avant de pouvoir déterminer quelle jeune larve correspond à quel adulte, et combien d’espèces il pourrait y avoir au total. « La diversité globale des petits animaux marins tels que les phoronidés est largement sous-estimée. Nous n’avons aucune idée quant à la quantité d’animaux se trouvant dans les océans, et nous en savons encore moins sur leur rôle dans les océans du monde », a déclaré la biologiste marine Rachel Collin, du Smithsonian Tropical Research Institute.
Ainsi, dans le but d’en apprendre davantage sur ces animaux, Collin et son équipe de recherche ont rassemblé un certain nombre de larves de phoronidés. Mais les larves ne ressemblent pas beaucoup à leurs parents adultes. En effet, ces dernières sont microscopiques et possèdent un anneau de tentacules coiffé d’un capot en forme de dôme. Certains individus possèdent même des taches jaunes, tandis que d’autres sont si clairs que leurs fluides internes sont visibles.
Fatalement, ces larves finiront par s’accrocher à un élément stable dans le but de se développer en vers se nourrissant par filtration. Mais quels vers ? Telle est la question que se posent les scientifiques. Selon eux, la méthode la plus fiable pour le découvrir consiste à comparer leur ADN à celui des phoronidés adultes.
C’est donc tout naturellement ce que l’équipe a décidé de faire : les chercheurs ont recueilli 23 larves de phoronidés provenant de la baie de Panama, sur la côte pacifique, et 29 larves provenant de Bocas del Toro, sur la côte caraïbe. Puis, ils ont séquencé leur ADN et ont comparé les résultats aux informations d’ADN concernant les phoronidés, stockées dans la base de données génétiques GenBank.
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Les chercheurs ont été en mesure de distinguer trois phoronidés distincts dans la baie de Panama et quatre provenant de Bocas del Toro. Ces sept phoronidés possédaient un ADN différent de tout ce qui se trouve dans la base de données GenBank, qui contient tout de même l’ADN de 75% des espèces de phoronidés adultes connues à ce jour. Par contre, le séquençage de l’ADN d’une larve a échoué, ce qui signifie qu’il pourrait également s’agir d’une espèce inconnue, ce qui porterait à huit le nombre total de nouvelles espèces potentielles collectées par l’équipe de recherche.
Comme il n’y a pas beaucoup de scientifiques à la recherche de phoronidés, ou qui les étudient, de ce fait « ces créatures pourraient bien rester ‘inconnues’ » ont expliqué les membres de l’équipe. « En raison des modes de vie cryptiques des phoronidés, les vers adultes correspondants pourraient ne jamais être découverts », a ajouté le biologiste Michael Boyle, de la Smithsonian Marine Station.