Découverte d’ossements d’humains et de carnivores géants dans une grotte mexicaine immergée

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| Roberto Chavez-Arce
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Comprendre les migrations et les échanges géographiques d’espèces disparues est important pour les paléontologues afin de reconstituer la dynamique complexe de ces espèces et leur cohabitation avec l’Homme. La découverte récente de restes humains et d’animaux géants du Pléistocène dans une grotte immergée au Mexique devrait donner de précieuses pistes aux chercheurs concernant ces phénomènes d’échanges.

Au cours de la dernière période glaciaire il y a plus de 10’000 ans, le pont entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud était le domicile d’un grand nombre d’animaux, dont un carnivore ressemblant à un loup et le plus grand ours à avoir jamais erré sur Terre.

Un ancien cimetière, enfoui au fond d’une grotte sous-marine au Mexique, a révélé non seulement le crâne d’un grand ours à la face courte (Arctotherium wingei) et les ossements d’un chien ressemblant à un loup (Protocyon troglodytes), mais aussi des squelettes d’anciens paresseux, des tapirs, des tigres à dents de sabre, des couguars, des gomphothères rappelant des éléphants, des ours, des animaux ressemblant à des chiens, ainsi qu’un couple d’humains de plus de 12’000 ans. La découverte a été publiée dans la revue Biology Letters.

Restes de loups et ours géants à face courte : une découverte inattendue

Décrits par les chercheurs comme « un monde souterrain de fossiles conservés de façon spectaculaire », ils ont été découverts dans la fosse Hoyo Negro, dans le système de grottes Sac Actun sur la côte est de la péninsule du Yucatán. « Hoya Negro » signifie « trou noir » en espagnol, et la fosse est une sorte de capsule temporelle naturelle du Pléistocène supérieur.

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Mâchoire d’ours géant à face courte retrouvée par l’un des plongeurs de l’expédition scientifique. Crédits : Roberto Chavez-Arce

En tombant d’une hauteur d’environ 60 m, la grotte a piégé de nombreuses espèces anciennes, et lorsque la fonte des glaciers a rempli la fosse, leurs restes ont été conservés dans les profondeurs. En examinant la collection d’os recueillis au cours des 12 dernières années, les chercheurs américains et mexicains ont été particulièrement impressionnés par les restes de loups et d’ours géants, qui avaient été collectés il y a quelques années mais avaient été mal identifiés.

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Carte montrant la localisation de la grotte mexicaine, ainsi que les lieux où les ossements de Protocyon troglodytes et Arctotherium wingei sont généralement retrouvés.

La découverte d’os sous les tropiques d’Amérique centrale est déjà une rareté en soi, mais la découverte de ces deux espèces en particulier a été un choc. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que l’ours et le loup à face courte ne se trouvaient que plus bas sur le continent, à plus de 2000 kilomètres. « Les traces précédentes de ce type particulier d’ours ne sont connues que dans quelques localités d’Amérique du Sud, et ce sont des vestiges fragmentaires » explique le paléontologue Blaine Schubert.

Des migrations motivées par la dernière grande ère glaciaire ?

Au cours de l’un des nombreux échanges entre l’Amérique du Nord et du Sud, ces deux prédateurs ont décidé de s’arrêter et prospérer sur place. Une autre possibilité, écrivent les auteurs, est qu’après avoir parcouru tout le sud du pays, les animaux se soient à nouveau déplacés vers le nord, pendant ou après le dernier événement glaciaire total, il y a 35’000 à 12’000 ans.

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Les paléontologues ont retrouvé de nombreux ossements dans la grotte immergée, appartenant à des loups géants, des ours géants, des tigres à dents de sabre, des paresseux et des humains. Crédits : Schubert et al. 2019

« Leur présence, associée à un assemblage diversifié de paresseux, suggère une histoire plus complexe de ces organismes en Amérique centrale. Nous suggérons que les changements paysagers et écologiques causés par la dernière glaciation du Pléistocène ont favorisé une impulsion d’échange comprenant A. wingei, P. troglodytes et Homo sapiens » indiquent les chercheurs.

En effet, parmi les nombreux squelettes trouvés dans ce système de grottes, la découverte la plus excitante a été faite en 2007 lorsque les chercheurs ont trouvé deux squelettes humains, dont une adolescente qui vivait il y a environ 13’000 ans. Ce sont quelques-uns des squelettes humains les plus anciens jamais trouvés dans l’hémisphère occidental, et ils prouvent que nos ancêtres vivaient jadis aux côtés d’une diversité de paresseux géants, d’ours géants et de féroces carnivores.

Source : Biology Letters

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