Nous savons que bon nombre de traits que nous pouvons observer chez les animaux sont présents parce qu’ils ont évolué de manière à ce que ce soit utile pour l’espèce en question. Mais parfois, certains avantages supposés ne sont pas toujours évidents à comprendre. Comme par exemple les rayures des zèbres.
Le pelage noir et blanc des trois espèces de zèbres vivant en Afrique est un véritable mystère biologique depuis des décennies, pour de nombreux chercheurs. À l’heure actuelle, il existe plusieurs hypothèses contradictoires. Et récemment, des chercheurs ont ajouté de nouveaux éléments de réponse à cette question. Qu’ont-ils fait pour le découvrir ? Ils ont tout simplement déguisé des cheveux en zèbres… Bien entendu, l’étude a été plus complexe que de simplement mettre un costume de zèbre sur des chevaux. Grâce à cette expérience, les résultats de l’équipe ont permis de montrer que les bandes des zèbres empêchaient les mouches de se poser, protégeant ainsi ces derniers des morsures d’insectes.
Cela fait de nombreuses années que les scientifiques savent que moins de mouches se posent sur certains animaux, dont les zèbres. Une étude réalisée en 2012 avait même révélé que les bandes claires et sombres, pouvaient refléter la lumière polarisée de manière à dissuader certains insectes en vol.
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À l’heure actuelle, nous ne connaissons pas encore totalement l’effet exact de ces bandes et la réaction des insectes, mais des scientifiques américains et britanniques ont réussi à réduire le champ de recherche. Ces derniers ont constaté que les mouches se posaient environ trois fois plus sur les chevaux que sur les zèbres, car les stries des zèbres diminuent tout simplement leur capacité à contrôler leur vol.
L’équipe de recherche a passé plusieurs heures à observer des chevaux et des zèbres pour enregistrer le nombre de mouches suceuses de sang (soit les tabanidés) qui bourdonnaient, approchaient et se posaient sur les animaux. Ensuite, pour s’assurer qu’il n’y avait pas quelque chose d’inhérent dans l’odeur de zèbre ou dans le mouvement de ces derniers, qui modifierait le comportement des mouches, les chercheurs ont eu l’idée de déguiser certains chevaux en zèbres.
Pour ce faire, l’équipe a revêtu les chevaux de différents manteaux : noir uni, blanc uni et rayé (noir et blanc). Puis, les chercheurs ont à nouveau enregistré l’activité des mouches. Ils ont également pris des vidéos pour effectuer une analyse détaillée de ce que les mouches font réellement, puis ont observé les comportements des deux types d’animaux en réponse aux mouches.
C’est alors que les chercheurs ont constaté que les mouches volaient en nombre à peu près égal autour des deux animaux et s’approchaient des zèbres aussi souvent que des chevaux. Mais c’est en volant vers un manteau rayé que les choses se corsent pour les mouches : « Nous avons constaté que les tabanidés approchant des zèbres ne ralentissaient pas de manière contrôlée vers la fin de leur trajectoire de vol, alors qu’ils ralentissaient régulièrement avant d’atterrir ou de toucher le pelage d’un cheval. Les mouches se heurtent souvent à des zèbres, mais ne parviennent pas à atterrir ou à s’envoler », ont expliqué les chercheurs.
Fait intéressant, les mouches ont toujours atterri sur la tête exposée du cheval portant le manteau à rayures aussi souvent que sur des chevaux normaux, ce qui indique que le manteau avait bel et bien un effet sur les mouches. Et ce n’est pas tout. Quand les mouches ont réussi à atterrir, elles ne sont pas restées aussi longtemps sur les zèbres.
Les vidéos montrant la réaction des animaux aux mouches ont montré que les zèbres tournent la queue et s’enfuient plus activement que les chevaux. Globalement, la réduction du temps passé sur les zèbres signifie que les mouches ne les piquent pas et ne se nourrissent pas autant que sur les chevaux, ce qui montre que les rayures jouent effectivement un rôle ici.
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Bien entendu, il est totalement possible que ces bandes remplissent plusieurs fonctions. Jusqu’à présent, les études semblent avoir exclu le camouflage dans l’environnement, l’interaction sociale et la thermorégulation, mais il est toujours possible que les stries puissent aider à déboussoler les prédateurs en produisant une sorte d’effet d’éblouissement (soit une sorte de camouflage des mouvements, qui rend difficile la distinction des individus dans un environnement très compact, comme un troupeau).
Toutefois, les éléments de preuve présentés ici par les chercheurs indiquent que l’un des avantages majeurs conférés par les rayures est une protection accrue contre les mouches piqueuses.