L’explosion de la demande en électricité pour les centres de données, l’intelligence artificielle (IA) et les cryptomonnaies amène un lot de questions urgentes sur la durabilité et l’efficacité énergétique. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), cette demande pourrait doubler entre 2024 et 2026 — l’équivalant de la consommation électrique totale du Japon. Cependant, le nucléaire et le solaire devraient permettre de couvrir cette demande, estiment des chercheurs.
Face à l’essor fulgurant des technologies numériques, une réalité se dessine : l’impact croissant de l’intelligence artificielle (IA) et des cryptomonnaies sur la consommation énergétique mondiale. Elles dépendent toutes deux des centres de données et de leurs capacités de stockage et de traitement massif de l’information. Ils sont parmi les plus grands consommateurs d’énergie dans le secteur technologique.
Cette tendance soulève des questions urgentes sur la durabilité et l’efficacité énergétique. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) alerte, dans un rapport, sur un doublement potentiel de la demande en électricité d’ici 2026, principalement dû à ces technologies. Ce constat nécessite des innovations en matière d’efficacité énergétique et probablement un investissement accru dans les énergies renouvelables.
L’impact de l’IA et des cryptomonnaies sur la demande énergétique
L’IA est au cœur d’une révolution technologique menée par des acteurs majeurs tels qu’OpenAI et Google. Leur développement rapide s’accompagne d’une demande énergétique sans précédent. En effet, ces technologies requièrent des quantités massives de données et une puissance de calcul élevée, entraînant une forte hausse de la consommation électrique.
En 2022, l’IA et les cryptomonnaies représentaient presque 2 % de la demande mondiale en électricité, un chiffre qui illustre l’ampleur de leur impact énergétique. Cette augmentation est principalement due à la complexité et à la quantité croissantes d’opérations informatiques pour l’IA et au nombre toujours plus grand de transactions cryptographiques.
Parallèlement, les centres de données, indispensables au fonctionnement de l’IA et des cryptomonnaies, sont devenus de véritables « gouffres énergétiques ». Il existe plus de 8000 centres de données dans le monde, dont 16 % sont situés en Europe. Ces infrastructures, qui hébergent une multitude de serveurs et équipements informatiques, consomment de grandes quantités d’électricité, non seulement pour alimenter les machines, mais aussi pour les systèmes de refroidissement nécessaires à leur bon fonctionnement.
En Irlande par exemple, l’implantation de centres de données par des multinationales a entraîné une augmentation spectaculaire de 400 % de la consommation électrique du pays. Cette situation n’est pas isolée et se retrouve dans d’autres régions du monde.
Défis environnementaux et solutions envisagées
Cette demande croissante en électricité a un impact direct sur les émissions de CO2. Cette augmentation de la consommation électrique est principalement satisfaite par des sources d’énergie traditionnelles, souvent dépendantes des combustibles fossiles, qui sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre.
En 2023, la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie a grimpé à 20 %, contre 18 % en 2015, reflétant non seulement l’expansion des technologies numériques, mais aussi une dépendance accrue à l’électricité dans divers secteurs. Cette tendance soulève des inquiétudes environnementales, car l’augmentation de la production d’électricité, si elle continue de reposer sur des sources polluantes, pourrait entraîner une hausse significative des émissions de CO2, exacerbant ainsi les problèmes liés au changement climatique.
Face à ce défi, la transition vers des sources d’énergie plus propres et renouvelables devient impérative. L’AIE souligne la nécessité d’investissements massifs dans les énergies renouvelables pour répondre à la demande croissante tout en réduisant l’empreinte carbone. Selon les prévisions de l’AIE, l’énergie renouvelable, notamment l’énergie solaire, devrait connaître une croissance significative et pourrait même dépasser la demande globale d’ici 2026. Parallèlement, l’expansion de l’énergie nucléaire, une source d’énergie à faible émission de carbone, jouera certainement également un rôle dans cette transition.
Innovations dans les centres de données
Face à l’augmentation de la demande énergétique, les gestionnaires de centres de données, piliers de l’infrastructure numérique mondiale, cherchent activement des moyens pour réduire leur consommation d’énergie. Une des innovations marquantes dans ce domaine est le refroidissement sous-marin, une technique notamment expérimentée en Chine. Cette méthode utilise l’environnement aquatique pour dissiper la chaleur générée par les serveurs, réduisant ainsi considérablement la consommation d’énergie nécessaire au refroidissement traditionnel.
En outre, l’amélioration de l’efficacité énergétique des équipements informatiques est également au cœur des stratégies d’optimisation. Cela inclut le remplacement ou la mise à niveau des serveurs, des dispositifs de stockage et des équipements de réseau pour des modèles plus économes en énergie. Certaines entreprises spécialisées, dont Nvidia, développement même des puces informatiques spécifiquement conçues pour l’IA (notamment les LLMs) et ainsi plus efficaces et économes.
Cependant, les efforts individuels des entreprises ne suffisent pas à eux seuls à modérer la consommation énergétique globale des centres de données. L’AIE met en avant la nécessité de politiques énergétiques adaptées pour encadrer et soutenir cette transition vers une efficacité accrue. Ces politiques pourraient inclure des normes plus strictes sur l’efficacité énergétique, des incitations pour l’utilisation d’énergies renouvelables et des directives pour l’innovation dans les technologies de refroidissement et de gestion de l’énergie.