Au cours des dernières décennies, l’asthme est devenu un problème de santé publique majeur. L’augmentation exponentielle des cas d’asthme dans les pays industrialisés au cours des 50 dernières années est principalement due à des changements importants dans notre environnement. Parmi ces facteurs environnementaux, il y a l’hygiène excessive, la pollution de l’air ambiant et les infections virales des voies respiratoires. Jusqu’à présent, le mécanisme par lequel ces environnements particuliers induisent le développement de l’asthme était inconnu, mais des chercheurs ont récemment fait une importante découverte à ce sujet, révélant un dénominateur commun inattendu.
Dans une étude menée par les professeurs Thomas Marichal — chercheur associé au FRS-FNRS — et Fabrice Bureau, ainsi que leurs équipes du GIGA ULiège (Belgique), il a été identifié un facteur totalement inattendu, qui représente un dénominateur commun dans différents environnements proallergiques.
Les chercheurs ont découvert que des neutrophiles particuliers (appelés plus exactement granulocytes neutrophiles) sont recrutés dans les poumons et sont responsables de la sensibilisation allergique et du développement de l’asthme. Cette découverte permet de prendre en compte de nouvelles options thérapeutiques pour la prévention et le traitement de l’asthme allergique. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Immunology.
Pour parvenir à cette découverte, Coraline Radermecker, auteure principale de l’étude, a d’abord développé trois modèles d’asthme chez la souris, induits par des environnements proallergiques : hygiène excessive, exposition à l’ozone (un polluant de l’air) et infection par le virus de la grippe. Dans les trois modèles, seules les souris exposées à des environnements proallergiques puis à des acariens (des allergènes majeurs chez l’Homme), ont développé des symptômes d’asthme allergique.
Elle et ses collègues ont ensuite observé le recrutement de cellules immunitaires innées spécifiques, les neutrophiles, uniquement dans les poumons de souris exposées à un environnement proallergique. Une fois dans les poumons, ces neutrophiles libèrent leur ADN, provoquant une inflammation propice au développement d’une réaction allergique telle que l’asthme.
De manière surprenante, lorsque des souris exposées à des environnements pro-allergiques sont traitées avec des composés empêchant le recrutement de ces neutrophiles ou la libération de leur ADN, les souris sont protégées du développement de la maladie.
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Une autre étude récente avait identifié ce même type de neutrophiles dans le sang d’une population d’agriculteurs américains, les huttérites, dont l’hygiène est généralement très élevée et qui montre une très haute prévalence d’asthme allergique. Les résultats suggéraient que ces neutrophiles sont également présents chez l’Homme, et pourraient donc être impliqués dans le développement de l’asthme chez l’humain.
De plus, une molécule déjà utilisée en médecine humaine pour traiter la fibrose kystique, le pulmozyme, pourrait être employée pour détruire l’ADN libéré par les neutrophiles et ainsi empêcher le développement de l’asthme chez les personnes exposées à des environnements à haut risque.