La légalisation du cannabis et de ses produits dérivés gagne du terrain chaque année, notamment en raison de ses possibilités d’utilisation thérapeutique. Depuis l’annonce récente de son partenariat avec l’ancien astronaute Chris Hadfield pour une potentielle utilisation du cannabis dans l’espace, la société BioHarvest a fait une avancée majeure en clonant et boostant des cellules de la plante : les effets sont 12 fois plus puissants que ceux des cellules issues directement de la plante. En concentrant les molécules actives au niveau cellulaire, le laboratoire estime faire à la fois une percée pour le cannabis thérapeutique et dans les méthodes culturales économes en ressources et respectueuses de l’environnement.
Depuis des siècles, des générations d’Autochtones utilisent traditionnellement le cannabis pour divers rituels, mais également pour ses propriétés anxiolytiques, permettant de gérer de nombreux troubles. S’il est considéré comme drogue dure et est interdit dans de nombreux pays, la science moderne explore aujourd’hui les mécanismes biomoléculaires induits par la substance pour son utilisation médicale.
Des recherches antérieures ont en effet montré que les cannabinoïdes pouvaient être utilisés pour la gestion de la douleur, de l’anxiété, des troubles du sommeil et des troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ils sont également indiqués pour soulager les douleurs neuropathiques résistantes aux thérapies, certaines formes d’épilepsie pharmacorésistantes, les effets secondaires liés à la chimiothérapie, etc.
L’avantage des cellules clonées de BioHarvest est que les cannabinoïdes particulièrement actifs et recherchés pour les différentes stratégies thérapeutiques sont concentrés et augmentés. En temps normal, certaines de ces molécules actives ne sont retrouvées qu’en quantités infimes dans les plants de cannabis entiers. « Les réalisations de BioHarvest dans la production naturelle d’importants cannabinoïdes mineurs à des niveaux biologiquement actifs significatifs, combinés à des niveaux élevés de cannabinoïdes majeurs, tous produits avec un niveau élevé de cohérence, représentent une percée majeure vers le développement de médicaments botaniques efficaces à base de cannabis », explique dans un communiqué Christopher D’Adamo, directeur du Centre de médecine intégrée de l’Université du Maryland.
Cultivées dans des bioréacteurs dans un laboratoire en Israël, les cellules de cannabis de BioHarvest sont développées dans la même optique que ses autres produits végétaux clonés comme les « raisins » Vinia, déjà disponibles dans le commerce. À l’instar du produit Vinia, l’entreprise estime vendre directement ses produits aux consommateurs des États-Unis, sur une base légale fédérale. « La capacité de produire des compositions uniques à base de cannabis et de chanvre nous donne une énorme flexibilité pour décider quels marchés poursuivre, quelles seraient les offres de produits et les partenariats optimaux », estime Ilan Sobel, PDG de BioHarvest.
Plus efficace, à moindres coûts et plus respectueux de l’environnement
Résultant de cellules clonées, le cannabis de BioHarvest ne comporte aucune modification génétique et peut être reproduit (ou répliqué) à l’infini. Si le cannabis ordinaire n’est optimalement consommable qu’au bout de 14 à 13 semaines, la culture cellulaire ne prend que trois semaines pour être prête à la consommation. Cultivées dans un bioréacteur aux conditions contrôlées, les cellules contiennent 12 fois plus de cannabinoïdes actifs que la plante.
La plante d’origine ne contiendrait en effet que 3% de cannabinoïdes, tandis que les clones de BioHarvest en contiennent jusqu’à 36%. En matière de cannabinoïdes mineurs ou rares, ces clones en contiennent des niveaux significativement élevés. D’après les chercheurs du laboratoire, les conditions de culture au sein des bioréacteurs sont rigoureusement contrôlées de sorte à moduler les quantités des molécules actives.
« En ajustant les conditions spécifiques auxquelles les cellules sont exposées, nous pouvons créer différentes compositions souhaitées d’ingrédients actifs », explique Sobel. « Ce qui signifie que nous pouvons augmenter ou diminuer les différents cannabinoïdes [composés] », ajoute-t-il. Le composé pourrait être consommé tel quel en étant fumé, ou sous forme de pilule, de gouttes, de gomme à mâcher, etc.
De plus, la culture en bioréacteur nécessite beaucoup moins d’eau que les méthodes agricoles conventionnelles. D’après les calculs de l’entreprise, les besoins en terre sont réduits de 90%, les besoins en eau jusqu’à 54 fois, et chaque kilowatt d’électricité dont le bioréacteur a besoin produit huit fois plus de matières actives que dans la nature. Ces paramètres permettent de réduire considérablement les coûts de production, en solutionnant potentiellement les problèmes de ressources de l’agriculture actuelle.
Par ailleurs, les conditions à l’intérieur des bioréacteurs permettent d’isoler les jeunes cellules de sorte à les protéger de toute contamination extérieure (bactéries, champignons, parasites, …). La production est ainsi uniforme en matière de qualité et de quantité.