Des recherches sur la forme et la structure du pelvis de plusieurs femmes originaires de différentes régions du monde montrent que ces critères sont plus diversifiés que ce l’on imaginait, où un modèle unique était souvent utilisé jusqu’à présent.
Des scientifiques spécialisés en écologie évolutive de l’Université de Cambridge ont effectué des analyses sur le pelvis de 348 femmes provenant de 24 populations différentes, au niveau régional et temporel (jusqu’à 2000 ans avant notre ère).
Théoriquement, ces squelettes aurait dû permettre d’affirmer ce que les évolutionnistes appellent le « dilemme obstétrical », une hypothèse sur la base qu’il y a eu un compromis sur la forme du pelvis féminin en raison de deux facteurs : la capacité de pouvoir marcher sur deux pieds, et la nécessité de pouvoir donner naissance à un bébé avec un large crâne.
Le problème de cette idée est qu’elle est basée uniquement sur le modèle du pelvis des femmes européennes, qui ont un canal considérablement sinueux.
Lia Betti, qui a participé à la recherche, explique : « La formation d’un obstétricien est basée sur un modèle de bassin élaboré à partir de femmes européennes. Cependant, la forme pelvienne typique et le type d’accouchement typique peuvent différer d’une population à l’autre. Une mise à jour semble nécessaire, en particulier dans une société multiethnique ».
En effet, la gestation et l’accouchement ne sont pas identiques entre chaque population. Le bébé devant par exemple effectuer une rotation dans le canal dans le cas des femmes européennes pour pouvoir sortir. Il s’agit du modèle le plus connu.
Vous allez aussi
aimer:
Un squelette d’homme retrouvé avec une prothèse d’arme en guise
d’avant-bras
L’analyse des 348 squelettes montre effectivement des différences dans la forme du canal pelvien des différentes populations. Ils en ont conclu que la sélection naturelle n’est pas impliquée, car elle aurait causé une uniformité de la morphologie. Il s’agirait d’une évolution à caractère neutre, c’est-à-dire qu’elle ne cause aucune variabilité sur le succès reproducteur de chaque type de population.
« Un schéma d’accouchement différent, considéré comme étrange par les femmes européennes et semblant donc sonner l’alarme, pourrait être parfaitement normal pour d’autres populations », déclare Betti.
Le groupe a constaté que les africaines sub-sahariennes possèdent un canal pelvien plus profond, alors qu’il est plus large chez les amérindiennes.
Celui des africaines du Nord, des Européennes et des asiatiques se situent entre ces deux types, avec un canal plus ovale.
Les chercheurs ont d’abord imaginé que les variations de température entre ces différentes régions a influé la morphologie du canal pelvien, et que l’apparition de populations dans des régions plus froides que l’Afrique serait un facteur. Mais il s’agirait plutôt d’une dérive génétique : en migrant de plus en plus loin de l’Afrique, la différenciation des canaux pelviens a diminué à mesure que la diversité se réduisait.
Les chercheurs pensent que chaque période de peuplement de différentes régions a été réalisée par une sous-population qui n’a emporté qu’une partie des variations génétiques de la population ancestrale.
« La signature de ces événements fondateurs en série est évidente dans la variation génétique des populations modernes, la diversité génétique diminuant à mesure que l’on s’éloigne de l’Afrique », expliquent t-ils.
Selon eux, ce phénomène serait responsable de plus de 43.5% de la diversité du canal pelvien chez les humains.
« Le récit classique du « dilemme obstétrical » considère le canal de naissance comme un compromis étroit entre un bassin étroit, locomoteur et efficace, et un large canal pelvien suffisant en obstétrique, ce qui implique que les contraintes fonctionnelles doivent limiter les variations féminines de la forme du canal. C’est clairement incorrect ».
Ces importantes variations montrent que les morphologies ne peuvent être classifiées dans des catégories spécifiques, et qu’il n’y a pas une forme de canal pelvien idéale.
« Tout dans notre morphologie n’est pas nécessairement une adaptation à quelque chose de notre environnement. Souvent, des processus neutres sont simplement en jeu », déclare Helen Kurki de l’Université de Victoria au Canada, qui n’a pas participé à cette recherche.