Un squelette d’homme retrouvé avec une prothèse d’arme en guise d’avant-bras

squelette couteau
| Ileana Micarelli & al
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Les fouilles archéologiques révèlent parfois de curieuses trouvailles permettant aux scientifiques d’approfondir nos connaissances sur les habitudes culturelles de nos ancêtres. Lors de l’excavation de plusieurs tombes en Italie, les archéologues ont découvert un squelette d’homme dont le bras droit amputé était prolongé par une prothèse d’arme.

Lors de fouilles menées dans la nécropole de Longobard, située dans la commune de Povegliano Veronese (Italie du nord) et bâtie entre le 6ème et le 8ème siècle apr. J.-C., une équipe d’archéologues italiens a mis à jour 164 tombes contenant plusieurs squelettes humains, un cheval décapité et quelques squelettes canins. Parmi ces restes, un squelette a particulièrement attiré l’attention des scientifiques. Il s’agissait de celui d’un homme âgé entre 40 et 50 ans, dont la moitié de l’avant-bras droit était amputé.

Les recherches dirigées par l’archéologue Ileana Micarelli (Université La Sapienza, Rome) ont montré que l’avant-bras avait été amputé brutalement, l’extrémité osseuse du moignon étant émoussée. Cependant, les auteurs de l’étude publiée dans le Journal of Anthropological Sciences, n’ont pas réussi à identifier avec exactitude la raison de l’amputation. « Il est possible que le membre ait été amputé pour une raison médicale ; ou bien l’avant-bras s’est cassé lors d’une chute accidentelle ou pour une autre raison encore, résultant en une fracture inguérissable » explique l’étude. « Cependant, au regard de la culture guerrière du peuple Longobard, une amputation due à un combat est également possible ».

ulna radius
Les os montrent des traces de modifications biomécaniques : un éperon osseux sur l’ulna (B) et sur le radius (C). Crédits : Ileana Micarelli & al

Après examen, il s’est avéré que l’extrémité du moignon montrait des traces de pression biomécanique – un remodelage de l’ulna et du radius formant un cal et un éperon osseux sur l’ulna. Ces signes anatomiques correspondent généralement à une pression ayant été exercée par l’application d’une prothèse. Une autre observation a conforté cette hypothèse : les dents de l’homme montraient une usure extrêmes, une importante perte d’émail et des lésions osseuses. L’usure des dents du côté droit de la bouche a probablement provoqué l’ouverture de la cavité pulpaire et engendré une infection bactérienne.

Les analyses de la dentition ont révélé d’importants signes d’usure dus à une mastication fréquente, destinée à resserrer l’attache d’une prothèse. Crédits : Ileana Micarelli & al

Les auteurs pensent que l’homme utilisait ses dents pour resserrer l’attache de sa prothèse. La forme de son épaule semble également aller dans ce sens. En effet, la crête osseuse de l’épaule montrait une forme en « C » provoquée par l’extension forcée de celle-ci, lui permettant de resserrer l’attache. Une telle forme n’a pu apparaître qu’en raison de la grande fréquence du mouvement. Généralement, les hommes sont enterrés avec bras et armes à leurs côtés.

Mais dans ce cas-ci, le bras droit de l’homme était plié au niveau du coude et étendu sur son torse. En face du moignon, une lame de couteau est alignée avec l’extrémité amputée. Les archéologues ont également retrouvé une boucle en forme de « D » ainsi que des matériaux organiques, probablement du cuir. Cet agencement suggère qu’un capuchon en cuir recouvrait le moignon, que la boucle servait de fixation et que le couteau était attaché au capuchon.

squelette longobard
Contrairement aux enterrements standards, où les hommes sont enterrés avec bras et armes étendus à leurs côtés, l’homme de Longobard a été retrouvé avec l’avant-bras droit étendu sur le torse, une lame de couteau posée dans la continuité du moignon. Crédits : Ileana Micarelli & al

La découverte est également remarquable sur le plan médico-social. La guérison avancée de l’os indique que l’homme a survécu longtemps après son amputation. « Cet homme de Longobard montre une survie remarquable pour une amputation effectuée lors d’une période sans antibiotiques. Il s’est non seulement accommodé de son handicap, mais il l’a en plus fait à l’aide d’un dispositif culturel particulier et du soutien de sa communauté. La survie de cet homme témoigne d’une véritable attention de la part de la communauté, de la compassion familiale et d’une réelle considération pour la vie humaine » conclut l’étude.

Source : Journal of Anthropological Sciences

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