La vérité sur la domestication des chats et leur amour des humains

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Trois chatons sauvages européens, en Allemagne (Felis silvestris). | Raimund Linke/Getty Images
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Nombre de propriétaires de chats font l’amer constat que leur animal se désintéresse d’eux la plupart du temps. Ce félin « domestiqué » ne recherche pas spécialement la présence des humains, contrairement au chien, qui se précipite à la porte quand son maître rentre. De récentes études lèvent le voile sur les origines de la domestication des chats, il y a 10 000 ans. Elles nous permettent de considérer ce petit félin avec moins de préjugés quant à leur présence près de nous.

Les chiens et les chats sont les animaux de compagnie les plus populaires à travers le monde. En France, la tendance est à la hausse depuis 2010 pour les chats, atteignant le nombre de 15 millions en 2021 (contre 7,5 millions pour les chiens), plaçant le pays deuxième en Europe concernant le nombre de chats.

Mais peut-on réellement parler de « chats domestiqués » ? Les propriétaires de chats aiment plaisanter sur le fait qu’ils sont encore sauvages, nous domestiquant plutôt que l’inverse. Les chiens sont dépendants de nous au point d’être obséquieux, mais les chats semblent constamment réévaluer les mérites de notre relation, ainsi que leur rôle dans nos vies.

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Néanmoins, depuis une dizaine d’années, les preuves commencent à s’accumuler concernant leur attachement sincère à leurs propriétaires, à travers le prisme de leur domestication, qui est devenu bien plus clair grâce aux données génétiques récentes.

Une domestication fortuite et unique

L’histoire de la domestication des chats remonte à près de 10 000 ans, selon une étude génétique de 2022 menée à l’Université du Missouri par Leslie A. Lyons, généticienne féline et professeure de médecine comparée. Le lien entre les humains et les félins a très probablement été déclenché par un changement dans les modes de vie de nos ancêtres.

Avec son équipe, Lyons a examiné les génotypes de plus de 1000 chats issus d’Europe, d’Asie et d’Afrique, en comparant 200 marqueurs génétiques établissant des liens entre les régions et les races. Elle explique que nos ancêtres sont devenus plus sédentaires en cultivant la terre, abandonnant le mode de vie des chasseurs-cueilleurs itinérants. Ils ont alors constitué des réserves de grains attirant des rongeurs. La présence fortuite des chats a été appréciée pour la lutte contre les nuisibles, encourageant les communautés à rechercher la présence des chats.

De plus, sur la base de ces comparaisons génétiques, il semble également probable que ces chats « domestiqués » se soient répandus dans le monde avec les humains. Lyons souligne que si les chevaux et le bétail ont été domestiqués lors de divers événements de domestication dans différentes parties du monde et à divers moments, les chats semblent ne provenir que d’un seul événement de domestication dans les régions du Moyen-Orient entourant les fleuves Tigre et Euphrate, avant de migrer avec les humains partout dans le monde.

Un chat semi-domestique opportuniste

Les chercheurs ont également tenu à souligner les différences entre les chats domestiques et d’autres animaux domestiqués en ce qui concerne les effets de la domestication et la vie passée en compagnie des humains.

Lyons déclare dans un communiqué : « Nous pouvons en fait qualifier les chats de semi-domestiqués, car si nous les laissions en liberté dans la nature, ils chasseraient probablement et seraient capables de survivre […] en raison de leurs comportements naturels ».

Au début, le chat peut être considéré comme un opportuniste qui a évolué pour profiter de la civilisation. Mais « contrairement aux chiens et aux autres animaux domestiques, nous n’avons pas vraiment changé les comportements des chats pendant le processus de domestication », ajoute Lyons.

Pour les scientifiques, les chats actuels sont issus d’ancêtres relativement tolérants face à notre présence. Danijela Popović de l’Université de Varsovie, dans une étude publiée en 2022, soutient cette hypothèse. Les chats ne se sont rapprochés de l’Homme, à l’origine, que pour des raisons alimentaires. Ce rapprochement a été toléré des deux côtés.

Puis les humains sont passés de la tolérance aux chats à leur accueil et à l’envie de les garder près d’eux comme animaux de compagnie, développant des sentiments d’affection. Mais en est-il de même du côté des chats ? Car, finalement, ils n’ont pas besoin de nous…

Un attachement émotionnel réel, mais mal compris par les humains

Pour Charlotte Mouzon, de l’Université Paris-Nanterre et qui a signé une étude en 2022 démontrant que le chat sait quand son propriétaire lui parle, le fait de croire que ces animaux n’ont pas de réelle affection vient d’une confusion. En effet, les chats ne font pas de grands gestes démonstratifs comme le font les chiens, car ils n’ont pas développé les muscles permettant de lever les sourcils par exemple. Leurs témoignages d’affection sont plus subtils.

Plusieurs autres études démontrent l’intérêt que porte le chat à la voix de son propriétaire. En 2019, par exemple, Atsuko Saito de l’Université de Tokyo a révélé que les chats domestiques reconnaissent leur nom, mais précise dans un article de New Scientist : « Les chats n’ont pas évolué pour répondre aux signaux humains. Ils communiqueront avec les humains quand ils le voudront ».

Un autre signe témoin de l’attachement émotionnel des chats pour nous vient d’une étude de 2021. Une équipe japonaise dirigée par Saho Takagi, de l’Université de Kyoto, a découvert que les chats montrent de la jalousie, ce qui a été mis en évidence en comparant la réaction du chat lorsque son propriétaire caressait un chat jouet d’apparence réaliste (un rival potentiel) ou un coussin en fourrure.

Enfin, une étude de 2019 menée par Kristyn R. Vitale de l’université de l’Oregon, montre que les chats peuvent former des liens solides avec les humains. Un par un, 70 chatons âgés de 3 à 8 mois ont été emmenés dans une pièce inconnue, par leurs propriétaires. Après 2 minutes, le propriétaire est parti et le chaton a été laissé seul pendant 2 minutes. Puis le propriétaire est revenu. La plupart des chatons (64%) montraient un attachement émotionnel certain.

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