Le sommeil joue un rôle fondamental dans le maintien de notre équilibre métabolique et physiologique. En effet, un grand nombre de cycles de renouvellement se déroulent pendant que l’on dort. Toutefois, le sommeil doit avoir lieu dans de bonnes conditions pour assurer pleinement ses fonctions. Aujourd’hui, on sait que l’exposition à la lumière pendant le sommeil peut être néfaste pour la santé de façon mesurable, en augmentant notamment les risques de maladies cardiovasculaires. Cependant, les mécanismes de cause à effet ne sont pas encore clairs. Les résultats d’une récente étude révèlent que ces effets néfastes pourraient être dûs à la perturbation l’homéostasie glycémique le lendemain au réveil.
Dans notre ère technologique et moderne, dormir dans de bonnes conditions n’est plus si facile. Un bon sommeil doit en effet s’effectuer confortablement, sans bruits nocturnes qui puissent le parasiter, mais aussi sans lumière, ce qui peut s’avérer compliqué pour les habitants des grandes villes.
L’exposition à la lumière artificielle nocturne est en effet assez courante pendant le sommeil. Elle peut notamment provenir d’appareils électroluminescents à l’intérieur tels que les réveils ou les voyants lumineux des télévisions. De plus, une proportion importante d’individus dans le monde (jusqu’à 40%) dort avec une lampe de chevet allumée ou une autre source de lumière dans la chambre, et/ou garde la télévision allumée, d’après la nouvelle étude publiée dans PNAS.
Bien qu’une personne s’endorme quand même et ne ressente pas vraiment les changements biologiques qui l’affectent, « le cerveau le ressent », déclare dans un communiqué le Dr Daniela Grimaldi, co-auteure principale de l’étude et professeure adjointe de recherche en neurologie à l’Université de médecine du Northwestern. « Il agit comme le cerveau de quelqu’un dont le sommeil est léger et fragmenté et ne se repose pas comme il le devrait », ajoute-t-elle.
Les effets de la lumière nocturne sur la santé
Au même titre qu’une nutrition saine et de l’exercice physique régulier, s’exposer à la lumière est un facteur important pour une bonne santé, mais seulement pendant la journée. L’exposition à la lumière du jour augmente en effet la fréquence cardiaque via l’activation du système nerveux sympathique, pour mettre le corps en état d’alerte afin qu’il puisse assurer ses tâches pour la journée.
La nouvelle étude, menée par l’Université de médecine du Northwestern, a démontré que la « pollution lumineuse » durant le sommeil, même à faible intensité, produit un effet similaire et affecte négativement les équilibres cardiaque et endocrinien.
Pour prouver leur théorie, les chercheurs ont invité deux groupes distincts de sujets tests à dormir respectivement avec 100 lux (luminosité modérée) et avec 3 lux (luminosité faible). Les chercheurs ont alors démontré qu’au bout d’une nuit, l’exposition à une luminosité modérée a fait passer le corps des participants à un état d’alerte plus élevé (aussi appelé activation sympathique), par rapport à ceux qui dormaient avec la luminosité plus faible. Dans cet état, il se produit une élévation de la fréquence cardiaque, de la force de contraction du cœur et de la vitesse du flux sanguin.
Au lieu de battre à un rythme normal au repos, l’organe autonome qu’est le coeur bat à un rythme correspondant à un « corps en activité », et ce malgré le taux de mélatonine (hormone du sommeil) similaire chez les sujets dans les deux cas de luminosité. « Même si l’on dort, le système nerveux autonome est activé. Ce qui est mauvais car, habituellement, la fréquence cardiaque ainsi que d’autres paramètres cardiovasculaires sont plus lents la nuit et plus actifs pendant la journée », explique Grimaldi.
Par ailleurs, les scientifiques ont également découvert qu’il se produisait une résistance à l’insuline chez les sujets, le lendemain matin. Ce phénomène se produit quand les cellules musculaires et adipeuses ne répondent pas correctement aux effets de l’insuline, et ne peuvent pas transformer le glucose en énergie. Avec le temps, la glycémie augmente et les personnes peuvent être plus exposées aux risques de diabète et d’obésité. « Une étude antérieure publiée dans JAMA Internal Medicine a observé un grand nombre de personnes en bonne santé exposées à la lumière pendant leur sommeil. Ils étaient davantage en surpoids et obèses que la normale », déclare le Dr Phyllis Zee, auteur principal de l’étude et directeur de la branche médecine du sommeil à l’université du Northwestern.
Quelques conseils d’experts
Les auteurs de l’étude proposent quelques conseils pour réduire la luminosité au minimum pendant le sommeil. Il faut déjà penser à éteindre les lumières principales venant de plafonniers ou d’appliques. Si l’on ne peut vraiment pas dormir sans lumière, le mieux est de la tamiser et de la rapprocher du sol.
La couleur serait également importante d’après les experts. La lumière ambre ou rouge/orange est notamment moins stimulante pour le cerveau que les bleues et blanches, qui sont à éviter. Le mieux est toujours d’éloigner le plus possible du visage toute source lumineuse avant de dormir.