Des études antérieures ont suggéré un lien entre la durée du sommeil et le risque de maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer. Cependant, une étude récente conteste cette notion. En analysant les données de milliers d’individus, les scientifiques ont découvert que le volume cérébral optimal est associé à 6,5 heures de sommeil. Ces résultats pourraient influencer les recommandations sur la durée du sommeil et sa relation avec la santé cérébrale.
Le sommeil a toujours été considéré comme essentiel pour la santé physique et mentale. Récemment, des études ont suggéré que le manque de sommeil pourrait être lié à des maladies comme Alzheimer et même provoquer une atrophie du cerveau.
De fait, la plupart des organismes de santé recommandent aux adultes de dormir entre 7 et 9 heures par nuit. Avec l’avènement des dispositifs de suivi du sommeil, il est plus facile que jamais de savoir si l’on respecte cette recommandation. Cependant, est-ce vraiment la durée optimale pour tout le monde ?
Une nouvelle étude dirigée par Anders Fjell de l’Université d’Oslo remet en question cette idée et le lien avec une potentielle atrophie du cerveau par manque de sommeil. En explorant la relation entre la durée du sommeil et la santé cérébrale, les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Nature Human Behaviour, apportent un nouvel éclairage sur nos besoins réels en sommeil, qui seraient de 6,5 heures en moyenne pour un volume cérébral sain.
Une relation entre sommeil et santé plus complexe qu’il n’y paraît
La durée du sommeil a longtemps été au centre des préoccupations médicales et scientifiques. Des recherches antérieures ont dessiné une courbe en U, indiquant que des durées de sommeil trop courtes ou trop longues pourraient avoir des conséquences néfastes sur la santé.
Durant le sommeil, le mécanisme d’épuration du cerveau se dynamise, éliminant des éléments nocifs, dont certains associés à Alzheimer, tels que la protéine bêta-amyloïde. Des études à grande échelle ont montré que les personnes qui dorment très peu ou beaucoup présentent des signes de santé dégradée, comme des troubles de la mémoire et une diminution du volume cérébral, symptômes typiques de la maladie d’Alzheimer.
Toutefois, il est crucial de noter que ces études se basent sur des corrélations et non sur des preuves directes de causalité. Face à ces ambiguïtés, Anders Fjell et son équipe de l’Université d’Oslo ont décidé d’aller plus loin dans l’analyse.
Des découvertes qui bousculent les idées reçues
La méthodologie adoptée par l’équipe de Fjell était rigoureuse. En se basant sur un échantillon conséquent de 47 000 personnes, les chercheurs ont observé que le volume cérébral maximal correspondait à une durée de sommeil de 6,5 heures, un résultat inattendu au regard des recommandations habituelles. La corrélation observée pourrait s’expliquer par une atrophie du cerveau provoquant des troubles du sommeil, plutôt que l’inverse.
De plus, une étude longitudinale sur 4000 personnes, s’étalant sur 11 ans, n’a révélé aucune liaison entre la durée initiale du sommeil des participants et une diminution du volume cérébral au fil du temps. Ces constatations remettent en cause les croyances populaires selon lesquelles un sommeil insuffisant pourrait entraîner une réduction du volume du cerveau.
L’équipe a aussi mené une troisième analyse basée sur les informations génétiques de près de 30 000 participants d’une des études. Les résultats montrent que les individus ayant une prédisposition génétique à dormir peu ou beaucoup ne présentent pas un volume cérébral inférieur à ceux ayant des durées de sommeil moyennes. Ces découvertes contestent la notion selon laquelle un déficit (raisonnable) de sommeil entraînerait une diminution du volume du cerveau.
La variabilité naturelle des besoins en sommeil
Selon Fjell, chaque individu possède un rythme de sommeil qui lui est propre, résultant d’une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et physiologiques. Cette variabilité naturelle signifie que la durée idéale du sommeil peut différer d’une personne à l’autre. Le cerveau possède des mécanismes d’autorégulation, appelés mécanismes homéostatiques. Ils veillent à ce que nous obtenions la quantité de repos nécessaire pour fonctionner de manière optimale, à moins que les circonstances ne l’empêchent.
L’indicateur le plus fiable de nos besoins en sommeil pourrait donc bien être notre propre ressenti. Si une personne se sent constamment épuisée, c’est un signe clair qu’elle ne bénéficie pas d’un repos suffisant. En revanche, si elle se sent énergique et alerte tout au long de la journée, cela indique probablement qu’elle répond correctement à ses besoins en sommeil, qu’il s’agisse de 5, 7 ou 9 heures par nuit.
Plutôt que de se fixer sur un nombre d’heures précis, il est essentiel d’être à l’écoute de son corps et de ses signaux. Aussi, petite astuce : lorsqu’on augmente ou diminue la quantité de sommeil prévue, il faut le faire par tranches de 90 à 110 minutes (représentant le temps moyen d’un cycle de sommeil), et non par tranches de 60 minutes. Cela permet d’optimiser le moment du réveil. De façon idéale et en règle générale, une personne doit donc dormir 6h, 7.5h ou 9h pour optimiser le moment du réveil (selon son besoin). Si l’on a la chance de connaître approximativement son « temps d’endormissement », il est ainsi possible de régler le réveil pour ce moment idéal, en veillant en amont à aller se coucher dans les temps. Exemple : une personne qui nécessite 6h de sommeil et qui met en moyenne 30 minutes pour s’endormir peut régler son réveil pour 6h00 et aller se coucher à 11h30.