Cette semaine, à l’occasion d’une émission de remise de prix sur le Web, depuis Berlin, le PDG de SpaceX a confirmé qu’il avait la ferme intention d’envoyer des humains sur la surface martienne dans six ans. Elon Musk a souligné qu’il était « très confiant » quant à la faisabilité du projet et au respect de ce délai.
L’homme d’affaires a ajouté qu’il était même probable, « avec de la chance », d’avancer la date de deux ans. À noter que SpaceX a d’ores et déjà planifié l’envoi d’un engin non équipé vers la planète rouge pour 2022. Elon Musk a donc annoncé un calendrier très serré, et particulièrement ambitieux, qui va surtout dépendre de l’avancement de la construction du Starship, l’énorme vaisseau spatial destiné à transporter près de 100 tonnes de fret (ou une centaine de passagers) vers Mars.
À ce jour, le développement du vaisseau avance bien, ce qui explique pourquoi Musk est si confiant. Le dernier prototype mis au point par SpaceX, le plus abouti à ce jour, baptisé SN8, devrait d’ailleurs effectuer son premier vol d’essai cette semaine, à une altitude de 15 kilomètres environ. Les précédents prototypes n’avaient pas dépassé quelques centaines de mètres d’altitude.
Prochaine fenêtre de tir envisageable : 2024
La première phase de test de SN8, qui consiste en la mise à feu statique de l’engin, s’est déroulée avec succès fin novembre, à Boca Chica, au Texas. Pour la suite, Elon Musk estime qu’il y a peu de chances (environ une sur trois aux dires du PDG) que SN8 atterrisse sans encombre après son vol d’essai. Mais SpaceX travaille déjà sur les futurs SN9 et SN10 — qui sont d’ailleurs en cours d’assemblage — pour améliorer encore les capacités et les performances de son vaisseau.
Bien entendu, avant de s’envoler vers Mars, le Starship devra également effectuer un vol orbital avec des astronautes à son bord. Pour le moment, aucune date précise n’a été annoncée pour cette étape cruciale. Concernant le voyage vers Mars, Musk a déclaré lors de la convention Mars Society, qui s’est déroulée virtuellement au mois d’octobre, qu’il serait possible de profiter de la deuxième fenêtre de tir vers Mars.
En effet, pour une mission vers la planète rouge, la mécanique céleste n’offre qu’une fenêtre de tir tous les 26 mois ; à ce moment précis, les orbites de la Terre et de Mars s’alignent et les deux planètes sont séparées par une distance plus courte. Dans cette configuration, le voyage ne dure « que » six mois. La fenêtre de 2022 étant trop rapprochée par rapport à l’avancement du projet, la prochaine occasion pour faire décoller une mission vers Mars se présentera donc en 2024. Et SpaceX met tout en œuvre pour que Starship soit prêt à assurer sa mission d’ici là.
Lors du Congrès international d’astronautique qui s’est tenu en septembre 2016, Musk avait annoncé que si tout se déroulait comme prévu, la colonisation de Mars par l’Homme pourrait se réaliser dans un délai de 10 ans. Il semble donc que cela n’était pas des paroles en l’air…
Qu’il s’effectue dans quatre ou six ans, ce premier vol habité de Starship vers Mars marquera véritablement l’histoire de l’humanité. Sans compter le fait qu’il s’agira d’une expédition particulièrement difficile et dangereuse pour l’équipage. Musk avait même souligné lors du sommet Human to Mars de septembre qu’il y avait un risque élevé que les premiers humains à faire le voyage perdent la vie. Néanmoins, beaucoup attendent l’événement avec impatience…
Starship, la « priorité absolue » de SpaceX
Rappelons que SpaceX a déjà largement marqué l’histoire cette année, en emmenant à deux reprises des astronautes de la NASA sur la Station spatiale internationale, à bord d’une capsule Crew Dragon lancée par une fusée Falcon 9. Les deux premiers passagers, Bob Behnken et Doug Hurley, sont rentrés sans encombre sur Terre début août, après avoir parcouru plus de 43 millions de kilomètres en orbite autour de la Terre.
À l’inverse des fusées Falcon 9 et Falcon Heavy développées par la société — qui ne sont que partiellement réutilisables — Starship est conçu pour être entièrement réutilisable. En somme, cette fusée d’un nouveau genre ressemblera donc davantage à un avion. Le carburant restera ainsi le seul coût majeur de l’engin. Le tout premier prototype de Starship, baptisé Starhopper, a été dévoilé en septembre 2019 ; le SN8 constitue aujourd’hui le douzième prototype de la fusée. Près d’une dizaine d’autres prototypes sont en cours de construction. SpaceX espère pouvoir effectuer un premier vol orbital vers la fin 2021.
Le PDG a déclaré que le programme Starship était désormais « une priorité absolue » et que son développement devrait accélérer « de façon spectaculaire et immédiate » selon ses termes. Le SN8 est la première version équipée d’un cône aérodynamique (le nez de la fusée), de volets de corps et de trois moteurs. Comme l’avait précisé Musk, le vaisseau devra subir de très nombreux tests et effectuer « des centaines de missions » avant de pouvoir transporter des humains. Car tout ne se déroule pas toujours comme prévu. Plusieurs prototypes (SN1, SN3, SN4) ont explosé lors des essais au sol, notamment lors des tests de pressurisation des réservoirs.