Face à la hausse des prix du lithium, Elon Musk, dirigeant de Tesla, évoque la solution d’aller chercher « lui-même » ses ressources, en se lançant dans l’extraction minière. Son entreprise de véhicules électriques est en effet très consommatrice de cette ressource si convoitée. Pourtant, les enjeux écologiques qui gravitent autour de cette industrie sont complexes.
C’est sur Twitter que le dirigeant de Tesla a lancé cette idée étonnante. « Le prix du lithium a atteint des niveaux insensés ! Tesla pourrait devoir se lancer dans l’exploitation minière et le raffinage directement à grande échelle, à moins que les coûts ne s’améliorent », peut-on ainsi lire en commentaire d’un tweet qui récapitule l’évolution des prix du lithium.
Price of lithium has gone to insane levels! Tesla might actually have to get into the mining & refining directly at scale, unless costs improve.
There is no shortage of the element itself, as lithium is almost everywhere on Earth, but pace of extraction/refinement is slow.
— Elon Musk (@elonmusk) April 8, 2022
Selon lui, « l’élément lui-même ne manque pas, car le lithium est presque partout sur Terre, mais le rythme d’extraction/raffinage est lent ». D’où l’idée de se lancer dans l’industrie minière pour aller chercher ses composants à la source. Il faut dire que les voitures électriques, et encore plus les Tesla, sont très demandeuses en lithium. Selon une enquête de 2020 menée par le média Reporterre, « alors qu’un vélo électrique ne contient que 300 grammes de lithium, une voiture électrique standard en requiert au minimum 10 kilogrammes (kg). Une Tesla en contient 80 kg ».
Un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) montrait d’ailleurs qu’en 2020, la demande en lithium provenait à 79% de l’électromobilité, tous véhicules confondus. Et cela ne devrait pas s’arrêter là. Étant donné la propension de l’industrie à se lancer dans la fabrication et la commercialisation de véhicules électriques, cette demande est partie pour fortement augmenter dans les années à venir. Les voitures Tesla ont d’ailleurs vu leur prix augmenter récemment. Elon Musk s’était alors exprimé, expliquant que « Tesla et SpaceX constatent une pression inflationniste récente importante dans les matières premières et la logistique ».
L’Institut de relations internationales et stratégiques français (Iris), qui a publié un rapport sur le sujet, estime en effet que 50 millions d’unités devraient être en circulation dans le monde d’ici 2025, et 135 millions en 2030. La demande mondiale en batteries lithium-ion serait donc multipliée par dix entre 2020 et 2030.
Des voitures pas si vertes
Est-ce une bonne nouvelle pour la planète ? Pas si sûr. Il est vrai que le transport est responsable d’une part non négligeable de l’émission de gaz à effets de serre. Cette proportion était estimée à 14% en 2010, toujours selon le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.
Face à cela, les véhicules électriques sont souvent présentés comme la solution miracle, puisqu’ils permettent de se déplacer en n’émettant pas le moindre CO². De nouvelles formes de batteries lithium-ion sont régulièrement développées pour constamment améliorer l’autonomie des véhicules ou leur vitesse de rechargement, deux points qui ont longtemps constitué des faiblesses majeures pour les véhicules électriques.
Cependant, la fabrication de ces véhicules « du futur » pose de vraies questions écologiques. Notamment parce qu’il faut bien, justement, extraire tout ce lithium nécessaire à la construction des batteries. Or, l’industrie minière n’est pas connue pour faire partie des moins polluantes et des plus respectueuses de l’environnement, comme de l’humain. Si Elon Musk est sérieux dans ses propos, il n’est donc pas certain que cette annonce soit une très bonne nouvelle.