Les robots humanoïdes s’apprêtent-ils à devenir aussi présents dans notre quotidien que les smartphones ou les véhicules électriques ? Plusieurs fabricants semblent en tout cas s’engager dans cette voie. Aux États-Unis, Agility Robotics a inauguré l’an dernier RoboFab, la première usine dédiée à la production de robots humanoïdes, installée dans l’Oregon. À des milliers de kilomètres, à Shanghai, la jeune pousse AgiBot a également ouvert son propre site industriel, où près de 1 000 unités ont déjà été fabriquées.
En Chine, la robotique est perçue comme un secteur stratégique pour faire face à un enjeu économique de taille : le vieillissement accéléré de la population. Ce phénomène pourrait peser lourdement sur la productivité du pays dans les décennies à venir. Conséquence : le secteur attire une concurrence toujours plus vive, portée par l’émergence constante de nouvelles entreprises.
Parmi ces acteurs, AgiBot se distingue. Fondée en février 2023 par Peng Zhihui, ancien expert en robotique et intelligence artificielle chez Huawei, la startup s’est rapidement tournée vers la production en masse. Après avoir présenté son premier modèle, le « Raise A1 », la société a élargi sa gamme en août dernier avec des robots équipés de roues et d’autres modèles bipèdes. Dernière étape en date : l’inauguration de son usine, dévoilée à travers une vidéo officielle.
Une production industrielle proche des 1 000 unités
Dans la vidéo en question (disponible en fin d’article), AgiBot révèle les coulisses de son processus industriel, allant de la gestion des stocks à l’assemblage des composants, sans oublier les phases de tests. Mi-décembre, l’entreprise avait déjà produit 962 robots. À ce rythme, le seuil symbolique des 1 000 unités pourrait être franchi avant la fin de l’année.
Les images montrent aussi comment les employés de production sont aidés par les robots d’AgiBot, en particulier le modèle A2 et ses variantes. Considéré comme un fleuron de la marque, cet humanoïde de 175 cm pour 55 kg est équipé d’un système multimodal capable de traiter des données textuelles, audio et visuelles. Ses performances en font un concurrent potentiel du robot Optimus de Tesla, dont la production en série est prévue pour 2026.
En parallèle, AgiBot a présenté son « usine de collecte de données ». Dans cet espace, les robots sont exposés à des scénarios réalistes sous la supervision de téléopérateurs, afin de perfectionner leurs mouvements et leur capacité d’interaction.
La Chine mise sur la robotique pour renforcer sa compétitivité
L’ambition de Pékin ne fait pas mystère. L’année dernière, les autorités chinoises annonçaient leur volonté d’intensifier les innovations en robotique humanoïde pour atteindre une production de masse d’ici 2025. Ce plan s’inscrit dans une stratégie technologique globale visant à faire de la Chine un leader mondial de l’innovation d’ici 2027, dans un contexte de rivalité accrue avec les États-Unis.
Des initiatives locales viennent renforcer cet élan. À Chongqing, par exemple, le gouvernement municipal a octroyé 1,37 million de dollars de subventions pour dynamiser le secteur. À Hangzhou, un plan quinquennal, s’étendant jusqu’en 2029, vise à transformer la ville en un pôle d’excellence en robotique.
Soutenue par des investissements conséquents et une politique industrielle proactive, la robotique humanoïde émerge comme une filière prometteuse en Chine. Si les projets actuels atteignent leurs objectifs, ces machines pourraient influencer notre rapport au travail et aux technologies dans les années à venir. L’idée d’un avenir où les robots humanoïdes assistants trouvent leur place dans les foyers n’a jamais semblé aussi proche de devenir réalité.
Vidéo de présentation de l’usine AgiBot :