Alors que la pandémie de COVID-19 fait toujours rage dans de nombreux pays, les virologues continuent d’étudier la dynamique du coronavirus, notamment son interaction avec le système immunitaire. Des chercheurs ont mené une étude comparative sur 35 ans concernant quatre autres coronavirus saisonniers, et leurs résultats ont montré que des infections dues à ces coronavirus ne provoquaient la persistance d’aucune immunité dans l’organisme. Des résultats qui, s’ils s’appliquent au coronavirus SARS-CoV-2, pourraient rendre la lutte contre la pandémie encore plus difficile.
Une fois qu’une personne est infectée par un coronavirus, cela ne garantit pas qu’elle ne le contractera plus, suggèrent de nouvelles recherches. Alors que le SARS-CoV-2 est le coronavirus qui retient l’attention du monde à l’heure actuelle, il en existe de nombreux autres que nous connaissons depuis des décennies, qui sont non seulement connus pour infecter les humains, mais qui sont aussi très saisonniers.
Les chercheurs ont étudié quatre espèces de ces coronavirus saisonniers au cours des 35 dernières années, et ont découvert qu’une réinfection se produisait fréquemment, environ un an après le premier épisode. Bien que cela ne dise pas nécessairement quoi que ce soit sur la pandémie mondiale actuelle, cela ne représente pas un bon signe pour l’espoir d’une immunité à long terme dans une population.
Coronavirus : ils provoquent une immunité de très courte durée
En analysant 513 échantillons de sérum collectés depuis les années 1980 sur 10 hommes en bonne santé vivant à Amsterdam, les chercheurs ont remarqué plusieurs pics d’anticorps liés aux coronavirus. Chacun de ces pics a été interprété comme une réinfection, et pour les quatre coronavirus saisonniers étudiés — y compris HCoV-NL63, HCoV-229E, HCoV-OC43 et HCoV-HKU1 — l’équipe a trouvé de 3 à 17 infections par patient.
Certaines réinfections rares sont apparues dès six mois après l’infection initiale, mais plus fréquemment, elles sont revenues environ un an après, « indiquant que l’immunité protectrice n’est que de courte durée ». À ce jour, il y a peu de cas confirmés de réinfection par la COVID-19, et beaucoup sont encore incertains car il est encore trop tôt pour dire combien de temps l’immunité acquise contre le SRAS-CoV-2 peut durer.
Se tourner vers d’autres coronavirus est l’un de nos meilleurs indices, et malheureusement, cette étude de 35 ans suggère que l’immunité pour de nombreuses infections à coronavirus n’est pas seulement temporaire, elle est de courte durée. De plus, les auteurs déclarent que la réinfection peut être une caractéristique commune à tous les coronavirus humains.
Une étude limitée mais intéressante pour les cas asymptomatiques
L’étude est limitée dans la mesure où les niveaux d’anticorps agissent uniquement comme un proxy pour les infections à coronavirus — en d’autres termes, nous ne pouvons pas dire avec certitude que chaque augmentation des anticorps était définitivement une autre réinfection. La recherche a également été effectuée sur un petit échantillon de participants, de sorte que des études de cohorte plus importantes sont nécessaires.
Cela dit, elle présente certains avantages que d’autres recherches n’ont pas. « Notre étude sérologique est unique car elle évite le biais d’échantillonnage des études épidémiologiques précédentes, basées sur des protocoles de test basés sur les symptômes », écrivent les auteurs. Au lieu de cela, les patients étaient régulièrement testés, plusieurs fois par an pendant plusieurs décennies, même lorsqu’ils se sentaient en bonne santé.
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Ceci est important car de nombreuses infections à coronavirus peuvent rester asymptomatiques, ce qui signifie que nous pourrions passer à côté de nombreuses réinfections. Des recherches récentes, en particulier sur le SARS-CoV-2, indiquent que les niveaux d’anticorps spécifiques commencent à diminuer dans les 2 premiers mois suivant l’infection, en particulier après des cas bénins.
SARS-CoV-2 : il pourrait lui aussi suivre une tendance saisonnière
La nouvelle étude a identifié un comportement immunitaire similaire. Des échantillons de sang, qui ont été collectés tous les 3 mois avant 1989 et tous les 6 mois après (à l’exception d’un écart inexpliqué de six ans dans les données), montrent que la plupart des infections à coronavirus à Amsterdam se sont produites en hiver.
« Dans notre étude, les mois de juin, juillet, août et septembre montrent la plus faible prévalence d’infections pour les quatre coronavirus saisonniers, confirmant la prévalence plus élevée en hiver dans les pays tempérés, et le SARS-CoV-2 pourrait partager cette caractéristique dans l’ère post-pandémique ». Ceci est similaire à la recherche sur d’autres coronavirus humains, qui montrent que les taux d’infection ralentissent en été.
Reste à savoir si le SARS-CoV-2 suit la même tendance que les autres coronavirus. Mais si nous voulons être aussi prudents que possible, nous ne devons pas supposer que l’immunité à long terme est une réalité. Acquérir une réponse immunitaire durable à partir d’un vaccin pourrait être difficile. Il se peut que nous devions obtenir des mises à jour régulières, comme nous le faisons avec la grippe saisonnière.