TDAH : une étude portant sur 6000 scans cérébraux révèle des schémas neuronaux spécifiques au trouble

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Une récente étude sur le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) marque un tournant. Grâce à l’analyse de plus de 6000 scans cérébraux d’enfants, des chercheurs ont mis en lumière des motifs de connectivité cérébrale spécifiques associés au TDAH. À terme, les outils de diagnostic s’en verront ainsi probablement améliorés, estiment les chercheurs.

Le TDAH constitue un trouble neurodéveloppemental affectant un large éventail d’individus, tant enfants qu’adultes, qui se manifeste principalement à travers des comportements tels que le manque de concentration, l’impulsivité et, dans certains cas, l’hyperactivité.

Ce trouble fait souvent l’objet de préjugés, parfois injustement associé à un défaut de volonté ou à de la fainéantise. Toutefois, la recherche indique que le TDAH est lié à des particularités fonctionnelles et structurelles du cerveau.

La compréhension du TDAH a récemment franchi une nouvelle étape, dans le cadre d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de la Santé et des Sciences de l’Oregon. Publiée dans le Journal of Neuroscience, elle a utilisé une approche innovante pour analyser les scans cérébraux de plus de 6000 enfants.

En identifiant des motifs de connectivité cérébrale spécifiques au TDAH, l’étude ouvre de nouvelles voies pour le diagnostic précis et la compréhension approfondie du trouble, promettant d’améliorer significativement les stratégies de prise en charge et de traitement.

Une nouvelle ère pour la recherche sur le TDAH ?

Pour mener à bien cette étude, l’équipe de recherche a mis au point une méthode d’analyse des images cérébrales qui s’éloigne des techniques traditionnelles focalisées sur des zones cérébrales isolées. En utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle en état de repos (rs-fMRI, ou IRMf-er en français), ils ont pu observer l’activité cérébrale globale sans demander aux participants de réaliser des tâches spécifiques. Cette approche a permis de capturer les modèles de connectivité naturels du cerveau, offrant ainsi une vue d’ensemble de son fonctionnement. Le score polyneuro (PNRS) a été conçu pour synthétiser ces informations en un indicateur unique, reflétant la connectivité cérébrale associée aux symptômes du TDAH chez les enfants.

Le bioinformaticien Michael Mooney de l’Oregon Health & Science University et ses collègues écrivent dans le document : « Les études de neuroimagerie sur le TDAH ont été entravées par la petite taille des échantillons, les légers biais et les différences entre les méthodes d’étude ».

Concrètement, les chercheurs ont analysé les images IRMf-er et évalué les symptômes du TDAH chez 5543 enfants de 9 à 10 ans participants à l’étude longitudinale sur le développement cérébral des adolescents aux États-Unis. Cette analyse a été complétée par une évaluation du lien entre les scores PNRS et le TDAH dans un groupe distinct de 553 enfants âgés de 7 à 11 ans au début de l’étude Oregon ADHD-1000, qui ont été suivis avec des évaluations annuelles jusqu’à l’âge adulte.

Les chercheurs ont utilisé l’IA pour analyser les scans IRMf. En comparant les scores PNRS avec les symptômes rapportés du TDAH, ils ont identifié des motifs de connectivité significativement associés au trouble. Les liens les plus marquants se trouvaient à travers divers réseaux neuronaux. Les influences les plus prononcées concernaient le réseau en mode par défaut, actif durant le repos cérébral, et le réseau cingulo-operculaire, englobant des régions clés pour la gestion cognitive, la concentration et le suivi des activités.

Implications et perspectives

Les résultats obtenus par cette étude mettent en lumière la nécessité d’adopter une perspective holistique pour comprendre le TDAH, soulignant que ce trouble ne peut être pleinement appréhendé en examinant des régions cérébrales de manière isolée. Les motifs de connectivité cérébrale mis en évidence par le score polyneuro (PNRS) indiquent que les symptômes du TDAH pourraient résulter de dysfonctionnements dans la façon dont les informations sont échangées et traitées à travers l’ensemble du cerveau.

Rappelons qu’identifier le TDAH dès le plus jeune âge peut grandement améliorer la qualité de vie des personnes concernées ainsi que celle de leur entourage. Il a été constaté que les individus non diagnostiqués jusqu’à l’âge adulte présentent un risque de décès prématuré quatre fois supérieur à la moyenne. Le diagnostic est donc un enjeu crucial.

L’approche globale de l’étude confirme que le TDAH est associé à des altérations dans les réseaux cérébraux étendus, impliquant plusieurs zones du cerveau qui interagissent de manière complexe. Elles appuient donc les résultats antérieurs. Cette compréhension pourrait orienter vers des interventions plus personnalisées.

Par ailleurs, l’intégration de la technologie de Diffusion Kurtosis Imaging (DKI) dans l’étude a permis d’identifier des différences notables dans le volume cérébral entre les enfants atteints de TDAH et ceux sans le trouble. Contrairement à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) classique, le DKI offre une mesure plus détaillée de la microstructure du tissu cérébral, permettant de détecter des variations subtiles dans le volume de la matière grise et de la matière blanche.

Ces découvertes suggèrent que le TDAH pourrait être caractérisé par des anomalies dans le développement cérébral, ouvrant la voie à l’utilisation de ces marqueurs structurels comme outils diagnostiques. L’identification de tels marqueurs pourrait non seulement améliorer la précision du diagnostic du TDAH, mais aussi contribuer à une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents au trouble, facilitant le développement de stratégies thérapeutiques ciblées et efficaces. Les auteurs ajoutent enfin que le PNRS pourrait être un prédicteur potentiel d’autres troubles, tels que la dépression.

Source : Journal of Neuroscience

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