Il vous arrive probablement, sur les réseaux sociaux, de tomber de plus en plus souvent sur des commentaires d’internautes semblant éprouver une certaine haine ou indifférence envers leur propre espèce… Certains commentaires montrent une indifférence apparente à une éventuelle extinction de l’humanité, tandis que d’autres semblent presque « encourager » des scénarios catastrophes. Est-ce un simple phénomène de « mode », ou est-ce une véritable tendance de notre société ? Une nouvelle étude répond à la question, et les résultats sont troublants.
Dans une première étude publiée récemment par une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford, en ne tenant compte que des phénomènes naturels (éruptions volcaniques, tremblements de terre, impacts d’astéroïdes, etc.), il a été déterminé que la probabilité d’extinction totale de notre espèce au cours d’une année donnée peut atteindre 1 sur 14’000.
En octobre dernier, une équipe distincte, également d’Oxford, a publié un nouvel article concernant l’extinction de l’humanité, visant cette fois à estimer le ressenti des gens face à une potentielle disparition de notre espèce.
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Étonnamment, les scientifiques ont constaté que les participants ne semblaient pas considérer notre extinction comme particulièrement tragique, du moins face à d’autres scénarios. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Scientific Reports.
Une question simple, et une attitude de réponse complexe
Les chercheurs ont demandé à plus de 2500 personnes aux États-Unis et au Royaume-Uni de classer trois scénarios possibles, du meilleur au pire : aucune catastrophe majeure, une catastrophe qui anéantirait 80% de la population humaine, et une catastrophe qui provoquerait l’extinction totale de l’humanité.
Comme vous vous en doutez, la plupart des gens ont classé la catastrophe anéantissant 80% de la population comme étant en deuxième position de gravité, et l’extinction totale de notre espèce comme étant en première position.
Cependant, lorsqu’on leur a demandé de réfléchir à la différence de « gravité » entre les différents scénarios, la plupart des participants étaient plus inquiets de la possibilité de perdre 80% de l’humanité que d’une perte totale. En posant la question différemment, la réponse avait donc changé.
« Ainsi, lorsqu’ils ont été interrogés de la manière la plus directe et la plus nuancée possible, les participants ne trouvaient pas que l’extinction humaine (totale) soit vraiment le plus mauvais des scénarios », ont écrit les chercheurs dans leur article.
Une réponse plus cohérente lorsqu’il s’agit de considérer la disparition d’une espèce animale
Lorsque l’équipe a basculé l’ensemble du scénario sur une espèce animale, les répondants à l’enquête ont estimé que « la perte de tous les zèbres » était pire que la perte de 80% des zèbres. Une réponse qui cette fois-ci, semble plus logique.
Le problème, semble-t-il, est que les participants se sont surtout focalisés sur les vies humaines perdues dans le deuxième scénario — et sur l’incidence potentielle de ces décès sur les survivants — plutôt que sur la perte de l’humanité dans son ensemble.
En d’autres termes, nous aurions tendance à penser qu’un monde sans zèbres est plus tragique qu’un monde dans lequel la plupart des zèbres meurent. Mais concernant l’humanité, la plupart des gens semblent penser l’inverse.
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Un choix influençable par la suggestion ?
Autre fait intéressant : les chercheurs ont trouvé un moyen de convaincre les enquêtés de considérer la perte totale de notre espèce comme étant le pire des scénarios. Pour ce faire, il a suffi de dire aux participants que dans le cas d’une extinction, l’humanité passerait à côté d’une longue et riche vie future, « meilleure qu’aujourd’hui de toutes les façons imaginables ». Ainsi, la réponse avait à nouveau changé : l’extinction totale était considérée comme étant le pire des scénarios.
Bien que nous soyons impuissants face à certains événements spontanés (tel que, par exemple, l’impact imminent d’un astéroïde détecté tardivement), cela n’est pas le cas d’une éventuelle guerre nucléaire ou de l’augmentation des catastrophes naturelles dues à notre impact sur l’environnement. En considérant cela, et sachant que les individus sont plus susceptibles de se soucier du déclin potentiel de notre espèce s’ils se sentent optimistes quant à notre avenir, connaître ces tendances psychologiques pourrait jouer un rôle déterminant pour l’humanité, et éventuellement permettre de s’assurer que nous n’empruntions pas l’une de ces voies autodestructrices.
« Les gens vont avoir beaucoup d’influence sur ce que nous allons faire et devenir (notamment sur les menaces d’extinction humaine dans notre avenir proche) », a récemment déclaré à Vox Stefan Schubert, co-auteur de l’étude. « Il est donc important de savoir ce que les gens pensent de leur propre espèce ».