Existe-t-il des méthodes naturelles et réellement efficaces pour repousser les moustiques ?

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L’été est là et les moustiques aussi. Ces hôtes indésirables des soirées et des nuits d’été nous rendent la vie difficile et peuvent surtout transmettre de graves infections. D’ailleurs, en mars dernier, l’OMS lançait une initiative visant à empêcher une nouvelle pandémie mondiale. Sans compter que le moustique tigre s’établit de plus en plus en France. Et contrairement à ses « cousins », lui est actif le jour et ne fait pas de bruit en volant. Nombres de remèdes maison et naturels voient le jour sur Internet, afin d’éviter l’utilisation de produits chimiques. Mais existe-t-il des méthodes naturelles réellement efficaces pour repousser les moustiques ?

Cette année, comme en 2021, la population de moustiques est plus conséquente. La raison principale ? La météo induite par le changement climatique. Comme l’année dernière, l’hiver a été plutôt doux et le printemps est arrivé précocement, ayant pour conséquence la mise bas des oiseaux et des amphibiens plus tôt. Malheureusement, un épisode de froid et de gel a provoqué une mortalité des insectes, qui eux aussi avaient commencé leur cycle de reproduction. Les oiseaux et amphibiens se sont retrouvés sans ressources alimentaires. Les oiseaux, par exemple, ont alors abandonné leur couvaison.

Mais les insectes, et notamment les moustiques dans notre cas, ne sont pas autant dérangés par l’alternance d’épisodes froids et chauds. En effet, leur cycle de reproduction est extrêmement court. La durée totale entre la ponte et l’émergence de l’adulte est fonction de l’espèce, mais surtout des conditions environnementales et de la température de l’eau, en particulier. Chez la plupart des espèces, cette durée est de 7 à 15 jours lorsque les conditions sont optimales. Le moustique tigre dans ces mêmes conditions peut émerger après 5 jours de développement et de croissance aquatique. Comme leurs prédateurs (oiseaux et amphibiens) étaient en nombre réduit, les moustiques ont pu proliférer.

En France, 67 espèces sont recensées, mais trois familles principales se partagent l’hexagone — Anophèles, Culex et Aedes — et sont responsables des désagréments d’été ou de la transmission à l’être humain de maladies graves, comme la dengue. Ils ont tous en commun une physiologie, une biologie et des comportements similaires, notamment le fait que les femelles soient hématophages (se nourrissent du sang d’autres animaux vivants).

Assoiffer les moustiques, seule solution naturelle efficace ?

Il faut savoir que les moustiques sont casaniers, et notamment le moustique tigre. Ils se développent particulièrement bien au contact de l’homme dans les zones urbaines. Le moustique se déplace peu et reste dans une zone d’un rayon de 150 mètres, l’endroit où il pique est donc très probablement proche de l’endroit où il est né. L’environnement urbain lui apporte tous les lieux de ponte et de repos dont il a besoin pour se développer.

Pour se protéger des moustiques, la première des mesures à prendre, c’est d’être vigilant sur tout ce qui peut servir de « gite larvaire ». On trouve des larves dans toutes les eaux stagnantes, où peuvent pondre les moustiques : marécages, creux d’arbres, vieux pneus, etc. Les eaux doivent être calmes (ce qui exclut la mer, les lacs aux eaux trop agitées, les rivières aux eaux trop vives, etc.), et les larves doivent pouvoir s’y nourrir. Mais il peut suffire aussi d’un sol humide, immergé plus de 3 semaines à la bonne saison, soit par une pluie abondante (10 mm/m²), soit par un phénomène accidentel (inondation, travaux). Quand ils sont immergés, les œufs (qui deviennent larves, puis nymphes) donnent naissance à des moustiques en moins de 10 jours ! Les œufs peuvent résister plusieurs mois en attendant l’eau. Mais sans eau stagnante, ils ne peuvent se développer.

Dans les jardins privés, il faut donc prêter une attention particulière aux soucoupes sous les pots de fleurs, les gouttières qui peuvent être bouchées, etc. Pour les récipients impossibles à vider (puits, collecteurs d’eau de pluie ouverts…), on peut les couvrir hermétiquement avec de la toile moustiquaire ou, à défaut, recouvrir cette eau d’une fine couche d’huile : les larves ne peuvent plus respirer et meurent.

Il est également possible de faire de la lutte biologique, c’est-à-dire d’utiliser les prédateurs naturels du moustique pour s’en débarrasser. Par exemple, les poissons comme les gambusies mangent les larves de moustiques. Il est alors intéressant d’en introduire dans les bassins où l’eau stagne, mais aussi de protéger les autres espèces prédatrices telles que les tritons, grenouilles, crapauds et salamandres. Il faut enfin se protéger physiquement, en choisissant les moyens les plus efficaces (répulsifs, moustiquaires, etc.).

Quels sont les produits recommandés par l’OMS ?

Il faut savoir que lotions, sprays, huiles essentielles, bracelets, etc., bien que présentés sous des formes très différentes, sont d’abord et avant tout des produits biocides, soumis, comme tels, à une réglementation précise. Les produits naturels sont seulement considérés comme des solutions complémentaires par l’OMS.

Concrètement, les produits biocides sont des produits chimiques ou des articles traités avec des produits chimiques, destinés à lutter contre des organismes nuisibles à l’homme. Ils contiennent ou génèrent une ou plusieurs substances actives responsables de leur action. Notons que pour les autorités sanitaires, les produits biocides qui bénéficient d’une autorisation sont considérés comme sûrs et efficaces.

L’OMS recommande seulement les répulsifs, en application cutanée (en insistant sur le visage et la nuque) ou sur les vêtements. Ils renferment du DEET (N-diéthyl-3-méthylbenzamide), de l’IR3535 (esther éthylique de l’acide 3-[N-acétyl-N-butyl]-aminopropionique) ou de l’icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)- 1-méthylpropylester).

Plus précisément, les produits à base de DEET (étiquetés 30% ou moins) doivent être appliqués seulement sur les parties du corps qui sont exposées, en évitant les zones près des yeux ou de la bouche. Ils ont une durée d’efficacité de 6 heures ou moins, pour les adultes et les enfants de plus de 12 ans ; et seulement de 3 heures ou moins chez les plus jeunes. Ils sont déconseillés chez les moins de 2 ans.

Pour les produits à base d’icaridine, les mêmes précautions sont de rigueur. Leur durée d’efficacité varie selon la concentration du produit : pour ceux contenant 10% d’icaridine, c’est entre 3 à 5 heures alors que pour ceux contenant 20% d’icaridine, la durée est de 8 à 10 heures.

Comme mentionné précédemment, on peut y associer des mesures d’appoint, qui seront pour la plupart des produits naturels moins efficaces et donc ne dispensant pas de la protection par insecticides sur les vêtements et moustiquaires, ainsi que la protection par répulsifs cutanés. On trouve des insecticides en bombes ou en diffuseur électrique, des raquettes électriques à l’intérieur des habitations ; la climatisation et la ventilation (qui réduisent également les risques de piqûre) ; des spirales antimoustiques à la citronnelle ou des « serpentins fumigènes » à l’extérieur ou dans les vérandas.

Enfin, les huiles essentielles ont une durée d’efficacité généralement comprise entre 20 minutes et moins de 2 heures. Elles ne constituent pas une solution à privilégier pour la protection contre les piqûres de moustiques. Mais lorsqu’elles sont homologuées, elles peuvent cependant représenter une solution pour des expositions de courte durée (moins de 2 heures).

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Tableau présentant les substances autorisées et efficaces en France. © Laurie Henry pour Trust My Science

De surcroit, les produits à base d’huile de soja (étiquetés 2%) peuvent être utilisés par les femmes enceintes et les enfants à partir de deux ans. Leur efficacité est d’environ 3h ou moins. À l’inverse, il est fortement déconseillé d’utiliser certains objets ou produits, insuffisamment efficaces pour prévenir les piqûres de moustiques : appareils à ultrasons ; rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide ; bracelets anti-insectes contre les moustiques ; vitamine B1 ou homéopathie.

En balade, il est vivement recommandé de porter des vêtements amples, légers et couvrants, de couleur claire, surtout aux périodes d’activité des moustiques. Encore faut-il comprendre ce qui les attire pour se protéger efficacement.

Ce qui attire les moustiques

La lumière n‘attire pas vraiment les moustiques. En réalité, ce qui les attire quand la fenêtre est ouverte, c’est le CO2 qui en sort. D’ailleurs, un moustique tourne autour d’un être vivant, car il est attiré par le CO2 expiré lors de la respiration.

De plus, nous ne sommes pas tous égaux face au risque de piqûre. Par exemple, concernant le moustique tigre, une étude japonaise de 2004 a démontré que ce dernier était particulièrement attiré par le groupe sanguin O. Ainsi, une personne de groupe O a 83,3% plus de risques de se faire piquer qu’une personne de groupe B, AB, ou A. Il faudra encore attendre avant d’avoir un répulsif personnalisé en fonction du groupe sanguin.

Plus généralement, des scientifiques américains ont identifié plus de 340 odeurs émises par la peau humaine susceptibles d’attirer les moustiques. La sueur elle-même n’est pas un facteur d’attraction, mais elle peut révéler des odeurs, qui elles, peuvent attirer les moustiques. En particulier, la consommation de bière produit une odeur particulièrement appréciée par les moustiques.

Alerte au moustique tigre

Le moustique tigre (Aedes albopictus) est un moustique urbain, de plus en plus présent en France, qui se déplace peu. Sans compter qu’il est actif la journée, à l’inverse des autres moustiques, et qu’il ne fait pas de bruit en volant. La femelle pond dans de très petites quantités d’eau, principalement dans les jardins : l’équivalent d’un bouchon renversé lui suffit.

Outre la nuisance indéniable qu’il entraîne, il est important de lutter contre la présence du moustique tigre en raison du risque épidémique qu’il représente. Le moustique tigre est, en effet, potentiellement « vecteur » des virus de la dengue, du Chikungunya, et du Zika. Ces maladies ne sont pas encore présentes en métropole, mais sévissent à plusieurs endroits du globe (avec des épidémies de dengue à la Réunion et en Martinique notamment). Elles peuvent être importées par des voyageurs porteurs du virus (ce qu’on appelle des cas importés).

Si un cas de suspicion de dengue, Chikungunia ou Zika apparaît, le médecin le déclare immédiatement à l’ARS. Celle-ci déclenche une enquête de repérage du moustique autour du domicile du patient. Si le résultat d’analyses est positif, une opération de démoustication dans un rayon de 150 m est réalisée autour du domicile. Ces actions de démoustication ne peuvent pas être réalisées à l’échelle d’un quartier ou d’une commune. En effet, le moustique tigre ne peut pas être éradiqué, car ses larves sont résistantes à des conditions environnementales très défavorables. Ces traitements ne sont donc pas une solution durable pour réduire la nuisance, car ils n’ont aucun effet sur les œufs ni les larves de moustiques. Une nouvelle population de moustiques tigres (sains) apparaîtra donc dans les jours qui suivent l’opération.

Sans compter que traiter régulièrement présenterait deux inconvénients importants : le développement d’une résistance aux traitements — les molécules risqueraient alors de ne plus être actives en cas d’épidémies ; le risque d’exposer la population riveraine à ces insecticides par des traitements répétés. Si le moustique tigre pique une personne malade, il peut transmettre le virus en piquant d’autres personnes (ce qu’on appellerait un cas autochtone). Cela pourrait être le début d’une épidémie.

L’OMS lance une initiative visant à empêcher une nouvelle pandémie mondiale

Les arbovirus sont peu connus pour la plupart d’entre nous, mais pour près de quatre milliards de personnes, ils représentent une menace mortelle. Les virus les plus courants sont responsables de certaines des maladies transmises par les moustiques les plus dangereuses au monde, telles que la dengue, la fièvre jaune, le chikungunya et le Zika. L’Initiative mondiale contre les arbovirus se concentrera sur la surveillance des risques, la prévention des pandémies, la préparation, la détection et la réponse, a déclaré l’agence des Nations Unies.

Elle a insisté sur le fait qu’une action internationale est essentielle, étant donné « la fréquence et l’ampleur des épidémies » d’arbovirus, en particulier ceux qui sont transmis par les moustiques Aedes (moustique tigre). Leur portée s’accroît également, a averti l’OMS, sous l’effet du changement climatique, de la croissance démographique et de l’urbanisation croissante.

Plusieurs nouveaux types de moustiquaires sont actuellement à l’essai, qui sont imprégnées de pyréthrinoïdes (toujours très efficaces pour tuer les moustiques) et d’un autre produit chimique, un agent stérilisant ou un insecticide.

De plus, une entreprise a imaginé un appât ciblé à base de sucre toxique, un piège installé en plein air pour attirer et tuer les moustiques. Ces appâts sont actuellement testés au Mali, en Zambie et au Kenya, et semblent déjà très prometteurs.

Un autre outil voit le jour : les endectocides. Une fois qu’une personne les a ingérés, ces médicaments agissent sur les moustiques qui la piquent. Initialement utilisée pour traiter l’onchocercose, l’ivermectine, qui est l’endectocide le plus étudié à ce jour, semble également avoir un effet toxique sur les moustiques. « Les moustiques capturés qui avaient piqué des personnes ayant pris de l’ivermectine avaient du mal à survivre », indique le Dr Sunil Parikh, professeur associé en épidémiologie et en maladies infectieuses à la Yale School of Public Health, dans un communiqué de l’OMS.

En conclusion, il n’existe pas de méthodes naturelles réellement efficaces pour se protéger complètement des piqûres de moustiques. Éviter que des eaux stagnantes persistent permet de réduire de façon importante le nombre de moustiques dans l’environnement immédiat. Seule la citronnelle est reconnue pour éloigner efficacement les moustiques. Certaines huiles essentielles sont homologuées, mais leur durée d’efficacité n’est pas certaine.

Le recours à des produits chimiques, biocides, semble donc être le seul moyen efficace pour se protéger. Les moyens physiques le sont aussi, notamment les moustiquaires ou les vêtements longs. Enfin, aucune mesure isolée n’est efficace à 100%. C’est la somme d’actions individuelles et collectives qui réduit le nombre de moustiques, leur circulation et le nombre d’infections qu’ils transmettent.

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