Faut-il craindre le virus Langya apparu récemment en Chine ?

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Un nouveau virus, de la famille des Henipavirus, baptisé Langya, a fait son apparition dans deux provinces de l’est de la Chine. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les Henipavirus (dont les virus Hendra et Nipah sont d’autres exemples connus) présentent un taux de létalité de 40 à 75%. Aucun vaccin ni traitement n’existe à ce jour contre ce genre de virus. Les autorités sanitaires chinoises n’ont fait aucune déclaration pour le moment.

Selon le Centre de contrôle des maladies de Taïwan, au 7 août, 35 personnes ont déjà été infectées par le virus Langya, qui se transmet de l’animal à l’Homme ; à noter que ces cas ont toutefois été recensés entre avril 2018 et août 2021, le virus ne semble donc pas se répandre très rapidement. Aucun décès ni aucune transmission interhumaine n’a pour le moment été signalé. Les principaux symptômes ne sont pas sans rappeler ceux de la COVID-19 : fièvre, fatigue, toux, perte d’appétit, douleurs musculaires, nausées et céphalées.

Le virus est apparu dans les provinces chinoises du Shandong et du Henan. Les personnes infectées ont toutes été en contact avec des animaux. D’après les premières analyses, la musaraigne pourrait être le principal réservoir naturel de ce virus. Force est de constater que les maladies zoonotiques se font (et seront sans doute) de plus en plus fréquentes, non seulement de par la consommation d’espèces sauvages, mais aussi de par la destruction des habitats naturels des animaux et le changement climatique, qui rapprochent toujours plus les populations des réservoirs viraux.

Une transmission interhumaine qui reste à évaluer

Les premières données ont été décrites dans un article du New England Journal of Medicine, co-écrit par des scientifiques de Chine, de Singapour et d’Australie. Les auteurs de l’étude rapportent qu’en dehors des symptômes énumérés plus haut, les personnes infectées présentaient une diminution des globules blancs (dans 54% des cas), une faible numération plaquettaire (35%), une insuffisance hépatique (35%) et une insuffisance rénale (8%).

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Le virus Langya récemment identifié en Chine est un hepanovirus, tout comme le virus Nipah illustré ici. © NIAID

Après avoir testé plusieurs animaux sauvages, les scientifiques taïwanais ont retrouvé de l’ARN du virus Langya dans plus d’un quart (27%) des 262 musaraignes testées, ce qui suggère que ce petit mammifère pourrait être un réservoir naturel, rapporte The Guardian. Le virus a également été détecté dans une moindre proportion chez des chèvres domestiques et des chiens (2 et 5% respectivement). La majorité des cas recensés étaient agriculteurs — donc susceptibles d’être en contact direct avec les animaux.

D’après les analyses réalisées sur les contacts de neuf des patients, ils n’ont pas transmis le virus à leurs proches. Les chercheurs soulignent cependant que l’échantillon est trop restreint pour déterminer si oui ou non le virus peut se transmettre d’un humain à l’autre. Le Centre de contrôle des maladies de Taïwan reste en alerte et a annoncé mettre en place des mesures de suivi du virus et de séquençage du génome.

Un potentiel pandémique plutôt faible

Les virus apparentés ont tous deux été associés à des taux de mortalité élevés. Le virus Hendra, transmis par les chauves-souris, a causé de nombreuses épidémies chez les chevaux depuis sa découverte en 1994 en Australie ; il peut également provoquer une infection sévère et potentiellement mortelle chez les humains. Le virus Nipah, dont la roussette est aussi le réservoir naturel, a été identifié pour la première fois en 1998 en Malaisie : une épidémie de maladies neurologiques et respiratoires dans des élevages porcins (qui ont servi d’hôtes intermédiaires) était à l’origine de 265 cas humains, dont 108 décès. Plusieurs épidémies se sont succédées depuis, toutes localisées en Asie du Sud-Est ; le cas le plus récent a été signalé en Inde en septembre 2021.

Le séquençage du virus Langya (ou LayV) montre qu’il est a priori le plus étroitement lié au virus Mojiang, un autre henipavirus découvert en Chine en 2012 ; il a été découvert chez le rat, dans la province du Yunnan, et est à l’origine d’une grave pneumonie causant la mort de trois personnes travaillant dans une mine abandonnée.

Selon les experts, les henipavirus ne se propagent généralement pas entre les humains ; seul le virus Nipah a montré des signes de transmission interhumaine, mais celle-ci nécessite un contact très étroit. Il est donc peu probable que LayV déclenche une nouvelle pandémie, d’autant plus que le petit nombre de cas recensés depuis sa découverte suggère qu’il ne se propage pas rapidement.

S’il est inutile de s’alarmer face au virus LayV, il est néanmoins essentiel de rester vigilant. Les experts en maladies infectieuses avertissent depuis longtemps que la crise climatique et la destruction de la nature augmenteraient le risque de transmission de virus de l’animal à l’Homme. Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 60% des maladies infectieuses émergentes signalées dans le monde sont des zoonoses. En outre, plus de 30 nouveaux agents pathogènes humains ont été détectés au cours des trois dernières décennies, dont 75% sont d’origine animale. Il est par conséquent très probable qu’une zoonose soit à l’origine de toute future pandémie.

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