Une étude incluant plus de 19 000 participants suggère que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de mettre fin à une relation de couple en raison de désaccords sexuels. Ce résultat remet en question les perceptions basées sur les idéologies de genre traditionnelles, suggérant notamment que les hommes ont davantage tendance à juger la qualité de leur relation selon leur épanouissement sexuel.
Les relations sexuelles jouent un rôle essentiel dans la stabilité d’un couple. Si elles sont généralement considérées comme étant la clé d’une relation épanouie, elles peuvent aussi devenir des sources de désaccords. Cela se produit par exemple lorsqu’avec le temps, les rapports sexuels (ainsi que leur fréquence) acquièrent une importance différente au sein d’une relation. Cependant, très peu de recherches se sont réellement concentrées sur la manière dont les désaccords sexuels peuvent conduire à l’instabilité relationnelle au sein d’un couple. La plupart exploraient en effet le lien entre la satisfaction sexuelle et la stabilité d’une relation, sans compter qu’elles concernaient généralement uniquement des populations américaines.
La nouvelle étude, de l’Université Masaryk (en République Tchèque) visait à combler cette lacune, en analysant de quelle manière les désaccords sexuels pourraient affecter la durée d’une relation de couple. « Sur la base des idéologies de genre traditionnelles, nous nous attendons à ce que les désaccords sexuels soient plus fortement associés à l’instabilité relationnelle chez les hommes que chez les femmes », a déclaré à PsyPost l’auteure principale de l’étude, Dominika Perdoch Sladká, chercheuse et doctorante au Département de sociologie de l’Université Masaryk.
En effet, des études ont antérieurement suggéré que les hommes ont plus souvent tendance à juger la qualité de leur relation en fonction des rapports sexuels. « Nous souhaitions vérifier si la relation de genre entre les désaccords sexuels et l’instabilité syndicale constatée dans des études antérieures menées aux États-Unis, existe toujours au 21e siècle et dans des contextes autres que ceux des États-Unis », a expliqué l’experte.
Une tendance de séparation réversible
La nouvelle étude — publiée dans le Journal of Sex Research — inclut 19 446 participants âgés de 18 à 79 ans (issus de la base de données internationale Generation and Gender Survey) et originaires d’Autriche, de Bulgarie, de Géorgie, d’Allemagne, de France, de Lituanie et de Russie. Les volontaires, comprenant à la fois des couples mariés et non mariées, ont participé aux enquêtes en deux phases espacées de plusieurs années.
La mesure clé de l’étude, notamment la propension à la séparation, a été obtenue en demandant aux participants s’ils avaient déjà envisagé de rompre avec leur partenaire au cours de l’année qui s’est écoulée avant l’enquête. D’un autre côté, la fréquence des désaccords sexuels a été évaluée sur la même période, en se référant aux disputes au sujet des rapports sexuels.
Les résultats ont révélé que les personnes rapportant des différends sexuels fréquents étaient plus susceptibles de vouloir mettre fin à leur relation. De façon surprenante, cet effet était significativement plus prononcé chez les femmes. Celles fréquemment en désaccord avec leurs partenaires respectifs étaient 13,1% plus susceptibles de rompre, par rapport à celles qui ne le sont jamais. En revanche, les hommes se disputant fréquemment avec leur femme au sujet du sexe ne montraient que 5% de prédisposition à la séparation.
D’autre part, les chercheurs ont remarqué que quel que soit le niveau de désaccord, les femmes étaient nettement plus enclines à la séparation que les hommes. Même si le couple s’accordait dans d’autres domaines, comme l’aspect financier ou l’éducation des enfants, les divergences sexuelles pouvaient tout de même contribuer à la mise à terme de la relation. Cependant, cette tendance semblait réversible, car parmi les participants qui envisageaient de rompre lors de la première phase de l’enquête, nombreux sont ceux qui ont changé d’avis lors de la seconde phase (3 ans plus tard).
Toutefois, il est important de noter que bien que l’étude ait relevé différents types de désaccords et de facteurs de variabilité (âge, éducation, pays de résidence, …), elle comporte tout de même des limites. La complexité liée aux perceptions individuelles des relations de couple et des désaccords sexuels est par exemple difficile à saisir entièrement par le biais d’un questionnaire unique.
En outre, les données collectées étaient exclusivement autodéclarées, ce qui suggère qu’elles ne reflètent pas nécessairement toutes les subtilités d’une relation amoureuse, telles que la manière dont les couples gèrent les conflits. « Notre étude s’est concentrée sur les désaccords, mais nous n’avons pas pu inclure de mesures sur la manière dont les couples gèrent leurs conflits », a précisé Sladká. La manière dont les couples communiquent entre eux pourrait également être un facteur de variation non négligeable. Par ailleurs, il serait intéressant de savoir comment les mésententes sexuelles sont associées à l’instabilité relationnelle pour les couples homosexuels, ainsi que chez ceux d’origine non caucasienne.