La fonte des glaces dévoile une forêt fossilisée perchée à 3 100 mètres

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Des chercheurs en train d'étudier une plaque de glace sur le plateau de Beartooth dans l'écosystème du Grand Yellowstone. | Joe McConnell/Desert Research Institute
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Il y a quatre ans, le réchauffement climatique, à l’origine de la fonte des glaces et du retrait du glacier Lendbreen situé dans la région du Lomseggen, en Norvège, avait mis au jour des vestiges vikings. Cette découverte vient aujourd’hui trouver un écho dans une étude récente, selon laquelle la fonte des plaques glaciaires alpines dans les montagnes Rocheuses en Amérique du Nord a révélé une forêt de pins à écorce blanche datant d’il y a 5 900 ans, perchée à 3 100 mètres d’altitude. D’après les scientifiques, cette découverte fournit un éclairage inédit sur les conditions climatiques en haute altitude il y a plusieurs millénaires.

En menant des recherches archéologiques sur le plateau de Beartooth, dans le nord-ouest du Wyoming, une équipe de scientifiques a identifié plus de 30 pins à écorce blanche (Pinus albicaulis) morts, situés 180 mètres au-dessus de la limite actuelle des arbres. L’état aplati des troncs suggère qu’ils ont été ensevelis rapidement sous la glace avant d’être révélés par sa fonte progressive, conséquence du réchauffement climatique.

« Le plateau semble avoir été un lieu idéal pour l’établissement et la persistance des plaques de glace pendant des milliers d’années, conservant ainsi des informations essentielles sur le climat passé, les activités humaines et les changements environnementaux », explique Greg Pederson, paléoclimatologue à l’United States Geological Survey et auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Cathy Whitlock, co-autrice de l’étude et chercheuse à l’Université d’État du Montana, ajoute : « Cela nous donne un aperçu des conditions passées à haute altitude ».

Une forêt prospère il y a 6 000 ans

Pour établir l’âge de cette forêt gelée et fossilisée, les chercheurs ont combiné l’analyse des cernes de croissance des arbres et la datation au carbone. Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, ils ont conclu que ces arbres ont prospéré entre 5 950 et 5 440 ans avant notre ère, à une époque où les températures estivales du Grand Écosystème de Yellowstone étaient comparables à celles du milieu du XXe siècle.

Une forêt de pins gelée fossilisée perchée à une altitude de 3 100 mètres mise au jour par des chercheurs
Un subfossile de pin à écorce blanche révélé sous une plaque de glace fondante. © Daniel Stahle

En étudiant des carottes de glace prélevées dans l’Arctique, les scientifiques ont fait une découverte supplémentaire concernant le climat de l’Holocène moyen. Si la forêt a prospéré pendant plusieurs siècles avant que le climat ne se refroidisse soudainement il y a environ 5 500 ans, ce serait en raison d’éruptions volcaniques dans l’hémisphère Nord. Ces événements auraient généré des aérosols empêchant les rayons du soleil d’atteindre la surface terrestre et provoquant ainsi une chute brutale des températures.

Ce refroidissement a contraint la limite des arbres à reculer vers des altitudes plus basses, transformant cette forêt de haute altitude en une étendue de glace. « Cette découverte illustre de manière saisissante les bouleversements écologiques induits par les variations climatiques », souligne David McWethy, professeur à l’Université d’État du Michigan et co-auteur de l’étude. Il ajoute : « C’est une histoire fascinante qui met en lumière la dynamique des écosystèmes ».

L’étude montre également que, contrairement aux glaciers, les plaques glaciaires restent stationnaires et accumulent progressivement de la glace, ce qui a permis de préserver les macrofossiles dans leur état gelé. « Ce n’est que dans les dernières décennies, avec l’augmentation des températures, que ces arbres ont été libérés de leur crypte glacée », explique Whitlock. Toutefois, la scientifique souligne que « si ces découvertes sont précieuses sur le plan scientifique, elles rappellent également la fragilité des écosystèmes alpins face au changement climatique ».

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

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