Une incroyable découverte repousse les premières traces de pollinisation par les insectes de 50 millions d’années

| Nanjing Institute of Geology and Palaeontology
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Un insecte parfaitement préservé dans de l’ambre nous offre un nouvel aperçu de la vie des plantes et de la pollinisation, il y a de cela quelque 99 millions d’années. Cet insecte, plus précisément un scarabée, est mort avec les pattes recouvertes de pollen, ce qui a permis aux scientifiques de repousser dans le temps les premières preuves physiques de la pollinisation par les insectes, d’au moins 50 millions d’années. Et ce pour la toute première fois.

Cette magnifique découverte pourrait également expliquer comment les plantes à fleurs, ou angiospermes, ont soudainement explosé au début du Crétacé : un phénomène qui contrariait Charles Darwin, qui le qualifia en 1879 de « mystère abominable ». En effet, avant cette époque, les angiospermes n’apparaissent pas dans les archives fossiles. Les premières preuves physiques sans équivoque d’angiospermes seraient constituées de grains de pollen fossilisés datant d’il y a environ 130 millions d’années.

Puis, il y a environ 112 à 93.6 millions d’années, les angiospermes ont acquis une position dominante. Et, en même temps, les coléoptères. De ce fait, les paléontologues pensent que les deux ont co-évolué, avec la pollinisation par les insectes qui a contribué à la montée des angiospermes. Cependant, jusqu’à présent, il manquait toujours des preuves physiques liant ces deux éléments. Ce qui n’est plus le cas maintenant.

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Au fond d’une mine située au Myanmar, un scarabée nouvellement découvert, Angimordella burmitina, a été englouti dans la résine des arbres, tandis qu’il était en train de manger et de polliniser des fleurs…

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A. burmitina dans de l’ambre : ce fossile datant de 99 millions d’années a été récupéré dans une mine du nord du Myanmar et contient également 62 grains de pollen provenant d’une Eudicotylédones. Il s’agit de la plus ancienne preuve physique connue de la pollinisation par les insectes. Crédits : Nanjing Institute of Geology and Palaeontology

Pris au piège dans l’ambre avec le coléoptère, des chercheurs de l’Université d’Indiana à Bloomington et de l’Institut de géologie et de paléontologie de Nanjing, ont trouvé des traces de pollen. À noter que la fluorescence naturelle du pollen a joué en leur faveur : en effet, l’équipe a utilisé un microscope confocal à balayage laser pour imager la poussière sur l’insecte noir.

Au total, les chercheurs ont compté 62 grains de pollen d’angiospermes, affirmant que cela constitue donc une excellente preuve que le dendroctone était un pollinisateur. « Notre étude fournit des preuves directes de la pollinisation par les insectes des fleurs du Crétacé, qui est également étayée par la forme du corps qui visite les fleurs, des pièces buccales spécialisées pour l’alimentation en pollen et des grains de pollen zoophiles », ont expliqué les chercheurs.

Grâce à des tomodensitogrammes détaillés, les scientifiques ont associé Angimordella burmitina à des coléoptères modernes, ou à la famille des coléoptères Mordellidae. Leurs caractéristiques incluent « un corps à bosses, une tête déflexée, un abdomen pointu et des pattes postérieures robustes », et la plupart des espèces modernes se nourrissent de pollen d’angiospermes : c’est ainsi que les chercheurs ont pu reconnaître les pièces buccales.

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Ils ont également analysé la forme des grains de pollen et ont découvert qu’ils étaient tricolpés : avec trois rainures sur chaque grain. La forme et la structure des grains indiquent qu’ils ont évolué pour s’accrocher aux pattes des insectes, ce qui suggère que la pollinisation des insectes était déjà bien avancée il y a 99 millions d’années.

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Crédits : Bao et al./PNAS

Au cours de ces dernières années, l’ambre découvert au Myanmar (vieux d’environ 99 millions d’années), a fourni de précieuses informations aux chercheurs quant à cette période de l’histoire de la Terre. Et à présent, cette nouvelle découverte contribue enfin à résoudre le mystère abominable de Darwin, 140 ans plus tard…

« Il est extrêmement rare de trouver un spécimen où l’insecte ET le pollen sont conservés dans un seul fossile », a déclaré le biologiste David Dilcher de l’Université d’Indiana à Bloomington. « En plus de son importance en tant que première preuve directe connue de la pollinisation par les insectes des plantes à fleurs, ce spécimen illustre parfaitement l’évolution coopérative des plantes et des animaux au cours de cette période », a-t-il ajouté.

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

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