Goldman Sachs, l’une des plus grandes banques d’investissement au monde, a déployé un assistant IA génératif auprès de 10 000 de ses banquiers, courtiers et gestionnaires d’actifs. Il s’agit de la première étape d’un programme visant à déployer à terme des agents IA disposant des compétences d’un véritable employé expérimenté. Selon l’entreprise, la totalité de ses employés devrait disposer de l’outil au cours des prochains mois.
Le secteur financier figure parmi les plus exposés à l’automatisation par l’IA, l’adoption de la technologie permettant de réaliser des milliards de dollars de bénéfices supplémentaires. Des experts affirment que Wall Street a adopté l’IA générative plus rapidement que toute autre technologie disruptive (une innovation qui modifie considérablement les industries et les marchés établis, créant de nouveaux secteurs et modèles commerciaux), en raison de sa capacité à reproduire certains aspects de la cognition humaine.
Actuellement, les outils d’IA sont surtout utilisés pour répondre à des requêtes simples, telles que la rédaction ou la relecture, mais des versions proactives appelées « agents IA autonomes » pourront bientôt prendre en charge des tâches bien plus complexes avec un minimum d’intervention humaine. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a d’ailleurs affirmé que ces outils ultraperformants intégreront le marché du travail dès cette année.
Selon un récent rapport de Bloomberg, les banques d’investissement pourraient remplacer par l’IA jusqu’à 200 000 emplois au cours de 3 à 5 prochaines années. Les fonctions de support et d’exploitation (middle et back office) seraient les plus menacées. Cependant, Goldman Sachs affirme que l’adoption de la technologie vise surtout à améliorer la productivité de ses employés plutôt que de les remplacer.
« L’importance d’avoir une main-d’œuvre humaine phénoménale va en réalité être amplifiée », a déclaré le directeur de l’information de Goldman Sachs, Marco Argenti, à CNBC. « À mon avis, tout se résume toujours à l’humain. Ce sont les humains qui vont faire la différence, car ce sont eux qui vont réellement faire évoluer l’IA, l’éduquer, lui donner les moyens d’agir, puis passer à l’action ».
Goldman Sachs a déployé un programme d’assistance par IA générative baptisé GS AI Assistant auprès d’environ 10 000 de ses employés et prévoit un déploiement général dans le courant de l’année. Cela signifie qu’avec JPMorgan Chase et Morgan Stanley, trois des plus grandes banques d’investissement au monde ont désormais adopté massivement la technologie. Plus de 200 000 employés de JPMorgan disposent actuellement d’assistants IA, tandis que Morgan Stanley en a pourvu à 40 000 employés.
Vers des agents IA aussi performants que des employés expérimentés
D’après Argenti, le GS AI Assistant aidera dans un premier temps les employés à effectuer des tâches, telles que la rédaction et la vérification/interprétation d’e-mails, la traduction, etc. « Pensez à toutes les tâches que vous pourriez vouloir accomplir en fonction de divers cas d’utilisation pour toutes ces professions qui peuvent désormais être à votre portée », indique-t-il. Les réponses générées par l’outil seront basées sur les données de Goldman Sachs introduites à partir d’autres chatbots, tels que ChatGPT et Gemini. « Cela dépend de la tâche à accomplir », explique Argenti.
La seconde étape du programme consistera à former le modèle de sorte qu’il adopte le comportement de véritables agents. L’objectif est que le modèle « apprenne » et adopte le mode de fonctionnement, les connaissances, ainsi que les valeurs de l’entreprise. « Il est extrêmement important que l’IA ait une identité très spécifique qui reflète les principes, les valeurs, les connaissances et la façon de penser de l’entreprise », a déclaré Argenti.
Autrement dit, chaque outil confié à un employé sera formé en partie par celui-ci. À terme, l’IA pourra effectuer des tâches complexes de la même manière qu’un employé expérimenté de l’entreprise. Il pourrait par exemple effectuer des vérifications de données en croisant plusieurs sources ou en créant un algorithme spécifique à cet effet. Il serait également capable de générer des plans d’action détaillés de la même manière qu’un employé.
« C’est à ce moment-là que le modèle va commencer à faire des choses comme un employé de Goldman, et pas seulement à dire des choses comme un employé de Goldman », affirme l’expert. Le modèle pourra ainsi réaliser des tâches pour le compte d’un employé avec un minimum de supervision.
Cette procédure explique probablement pourquoi l’entreprise a interdit l’utilisation de ChatGPT à ses employés dans le cadre de leur travail, préférant créer sa propre plateforme d’IA. Cela permettrait à la fois de sécuriser les données de l’entreprise et de développer des outils se rapprochant des capacités de véritables employés expérimentés.
Un risque de remplacement massif ?
Bien que la banque assure que son programme ne vise pas à remplacer les employés humains par l’IA, il pourrait tout de même créer une vague d’inquiétude. En outre, Argenti a lui-même déclaré que les prochains modèles pourraient commencer à réduire davantage les distinctions entre les humains et l’IA d’ici 3 à 5 ans.
Toutefois, malgré les récents progrès, même les outils d’IA les plus performants ne sont à ce jour pas immunisés contre les hallucinations, sans compter leur tendance à divulguer des données sensibles. Ces lacunes pourraient être problématiques pour des secteurs aussi sensibles que la banque et la finance. Goldman Sachs n’a pas fourni de détails concernant sa procédure pour contourner ce problème.