Face à l’urgence soulignée par le dernier rapport climatique (2024), qui appelle à une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, la nature semble offrir une aide inattendue. Une grume vieille de près de 4 000 ans, exhumée à Saint-Pie au Québec, contiendrait des indices clés pour lutter contre le réchauffement climatique. Selon les chercheurs qui ont étudié cette relique, elle démontre l’efficacité d’une méthode simple de séquestration du carbone jusqu’ici sous-estimée.
Planter des arbres reste incontestablement l’une des meilleures stratégies pour réduire l’impact des émissions de gaz à effet de serre. Sans les forêts, le réchauffement climatique progresserait à un rythme deux fois plus rapide. Par le mécanisme de la photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone pour le transformer en biomasse. Les sols, quant à eux, capturent plus de la moitié du carbone contenu dans l’écosystème forestier.
Néanmoins, la capacité des arbres à capturer et retenir le dioxyde de carbone n’est que la partie émergée de l’iceberg. Lorsqu’un arbre meurt, le processus de photosynthèse s’interrompt et le CO2 est relâché. Une étude antérieure dirigée par le chercheur Jörg Müller a révélé que 8 % du carbone de l’écosystème forestier se trouve dans les arbres morts, qui constituent ainsi une source de pollution jusqu’ici sous-estimée. La technique de mise en voûte du bois pourrait rompre ce cycle, permettant au bois mort de continuer à stocker le dioxyde de carbone, plutôt que de le libérer.
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Ning Zeng, climatologue à l’Université du Maryland et ses collègues, ont axé leurs récentes recherches sur l’amélioration des techniques de mise en voûte. En 2013, ils ont creusé une tranchée pour expérimenter des méthodes d’enfouissement et ont découvert une grume enterrée à deux mètres de profondeur. Avec l’appui des scientifiques de l’Université McGill, Zeng et son équipe ont pu estimer l’âge de la bûche par datation carbone. L’analyse a révélé qu’elle appartenait à un thuya géant (ou Genévrier de Virginie) âgé de 3 775 ans. Son état de conservation exceptionnel a intrigué les chercheurs. « Le bois est beau et solide, on pourrait probablement en faire un meuble », a noté Zeng dans un communiqué.
Vers un perfectionnement de la technique de voûte en bois
En utilisant la spectroscopie infrarouge et la microscopie électronique à balayage, les chercheurs ont constaté que la grume avait conservé presque toute sa teneur en carbone. Les résultats, publiés dans la revue Science, montrent que la grume a perdu 5 % de dioxyde de carbone en moins par rapport à une bûche récemment récoltée de la même espèce. Selon Zeng, cet état de conservation s’explique en partie par les sédiments argileux présents dans le sol où la grume a été déterrée. Cette découverte met en lumière le rôle des conditions environnementales dans l’arrêt du processus de décomposition et de libération du CO2.
« Il existe de nombreuses preuves géologiques et archéologiques de bois préservé datant de centaines, voire de millions d’années, mais l’objectif de ces études n’était pas de savoir comment concevoir une voûte en bois pour préserver ce bois », a déclaré Zeng. Il a également souligné que le sol argileux entourant la grume présentait une faible perméabilité. En limitant l’exposition à l’oxygène, les champignons et les insectes n’ont pas pu proliférer. Ces conditions ont permis à la grume de conserver sa structure cellulaire pendant près de quatre millénaires.
Avec cette découverte, Zeng et son équipe espèrent proposer une solution économiquement viable pour lutter contre le réchauffement climatique. « L’urgence climatique est devenue un problème majeur, ce qui rend cette analyse d’autant plus motivante », conclut Zeng.