Hausse record des températures océaniques : des conditions météo extrêmes à prévoir

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Une carte montrant les zones dont les températures ont été supérieures à la moyenne (orange et rouge) le 8 avril 2023. | Climate Change Institute/Université du Maine
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Cette année, la température globale de la surface des océans a atteint un niveau record, présageant un retour de l’effet El Niño d’ici 2024. Les chercheurs estiment que cette transition entraînera des conditions météorologiques extrêmes, avec des températures encore plus élevées que celles observées en 2021 et 2022.

L’effet El Niño est un phénomène climatique naturel se caractérisant par une hausse de la température océanique au centre et à l’est du Pacifique équatorial. Cette augmentation s’accompagne d’une élévation de la température atmosphérique et influence considérablement les régimes climatiques mondiaux.

Son opposé, l’effet La Niña, se manifeste par une diminution de la température des mêmes régions océaniques. Ce phénomène est lié à un renforcement des alizés dans l’océan Pacifique Ouest. Ces vents déplacent davantage que d’habitude les eaux chaudes de surface vers l’Asie, provoquant la remontée des eaux froides. La conséquence en est une baisse de la température planétaire globale.

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Au cours des trois dernières années, nous avons connu le premier épisode triennal/quadriennal de La Niña du 21e siècle. Ce phénomène se produit en effet tous les 4 à 5 ans et dure généralement 1 à 2 ans. Récemment, il s’est manifesté à partir de septembre 2020, avec une courte interruption durant l’été boréal 2021, puis un affaiblissement progressif.

Cependant, malgré cette situation, des hausses de températures extrêmes ont été enregistrées dans plusieurs régions du monde. « Ce qui est surprenant, c’est que les trois dernières années ont également été très chaudes, malgré le fait que nous ayons eu des conditions de La Niña », s’étonne Alex Sen Gupta, professeur agrégé au Centre de recherche sur le changement climatique de l’Université du New South Wales à Sydney. « Mais il fait maintenant encore plus chaud et nous obtenons ce qui ressemble à des températures records », annonce-t-il.

Aujourd’hui, les scientifiques prévoient la fin de cette période et un retour d’El Niño d’ici 2024. Selon les dernières informations, les données océaniques indiquent qu’entre avril et juillet de cette année, les probabilités d’une augmentation progressive d’El Niño passeront de 15 à 35%. Ce taux sera nettement plus élevé entre juin et août, atteignant jusqu’à 55%.

Des températures océaniques surpassant le record de 2016

En annonçant la fin de l’effet La Niña, les scientifiques ont enregistré un nouveau record de chaleur de la surface des océans. Les données du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) montrent une température de surface moyenne de 21,1 °C depuis début avril. Ce chiffre dépasse le précédent record de 21 °C (enregistré en 2016) et entraînera des vagues de chaleur océanique sans précédent dans le monde entier. Les données ont été recueillies par le biais d’observations satellites et de mesures sur le terrain (effectuées par navires et par bouées) et n’incluent pas les régions polaires.

Cette hausse de température est causée par l’absorption océanique de la chaleur engendrée par les gaz à effet de serre. Les deux premiers kilomètres de nos océans montrent notamment une accumulation quasi linéaire de chaleur depuis les années 1980, lors d’observations antérieures. Les observations actuelles révèlent des vagues de chaleur océaniques modérées à fortes dans plusieurs régions : le sud de l’océan Indien, l’atlantique sud, au nord-ouest de l’Afrique, autour de la Nouvelle-Zélande, au nord-est de l’Australie et à l’ouest de l’Amérique centrale.

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L’accumulation de chaleur de la surface des océans est quasi linéaire depuis les années 1980.  © Climate Change Institute/Université du Maine

Au cours du premier trimestre de cette année, plusieurs de ces zones marines ont connu des températures figurant parmi les 10% les plus élevées jamais enregistrées, pendant au moins cinq jours consécutifs. « Il est inhabituel de voir autant de vagues de chaleur marines assez extrêmes en même temps », explique Sen Gupta. Ces vagues de chaleur marine peuvent être provoquées par les conditions météorologiques locales et augmenteront en fréquence et en intensité avec les émissions anthropiques de carbone. Le prochain effet El Niño pourrait être plus intense que les précédents et de nouveaux records de température pourraient être établis.

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Une carte montrant les zones dont les températures ont été supérieures à la moyenne (orange et rouge) le 8 avril 2023. © Climate Change Institute/Université du Maine

Des conséquences dramatiques

Selon les scientifiques, les conséquences de ces vagues de chaleur océaniques pourraient être dramatiques. Elles ont notamment des répercussions qui entraînent des chocs de températures dans l’atmosphère et alimentent les tempêtes extrêmes. Une étude a révélé que cette accumulation de chaleur s’accélère, indiquant que les tempêtes deviendront de plus en plus fréquentes et intenses.

Le cyclone très intense Freddy pourrait marquer le début de ces conditions météorologiques extrêmes. Formé au large des côtes australiennes en février de cette année, le cyclone a parcouru une distance record pour atteindre Madagascar puis les côtes africaines. Il a établi des records de longévité en durant presque un mois, sans compter une puissance équivalente à un ouragan de catégorie 5. Les services météorologiques mondiaux estiment qu’il s’agit de la plus longue tempête jamais observée depuis le début des enregistrements météo.

Les hausses de températures océaniques ont également des conséquences dévastatrices sur la biodiversité marine, notamment la perte de nombreuses espèces (telles que les coraux, des espèces de coquillages, de poissons, etc.) et la prolifération d’autres espèces devenant facilement envahissantes sous l’effet de la chaleur.

Le retour de l’effet El Niño engendrera également d’importants bouleversements. En Indonésie, en Océanie et dans les régions sahéliennes, le climat sera plus sec, accentuant la sécheresse et les feux de forêt. En Amérique latine, l’air chaud et chargé d’humidité provoquera d’intenses précipitations pouvant entraîner des inondations. Dans la péninsule indienne, la mousson sera moins longue, impactant ainsi la production agricole, entre autres conséquences.

Pour lutter contre ces phénomènes et leurs conséquences, il est crucial d’agir rapidement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en adoptant des pratiques durables et en soutenant les efforts de recherche et d’innovation pour le développement de solutions climatiques. La coopération internationale et la mobilisation de tous les acteurs, tels que les gouvernements, les entreprises et les citoyens, sont essentielles pour faire face aux défis posés par le changement climatique et protéger notre planète pour les générations futures.

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