Isolée pour la première fois en 1976 par le Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC), Vibrio Vulnificus est une espèce de bactérie du genre Vibrio, proche parente de Vibrio cholerae (à l’origine du choléra), pouvant être responsable d’infections sévères comme une cellulite aggravée, des affections gastro-intestinales ou des septicémies. Présente dans les environnements marins, la bactérie peut également se retrouver dans les huîtres et s’avère donc extrêmement dangereuse. Il y a quelques jours, après en avoir consommé une, un homme est décédé.
Le 10 juillet, V. Vulnificus a été responsable d’une nouvelle victime, un homme de 71 ans, après que celui-ci ait consommé une huître contaminée dans un restaurant de Floride. Selon le Département de la Santé de Floride (FHD), l’homme a succombé deux jours après l’ingestion des suites d’une fasciite nécrosante, une infection rare et agressive de la peau et des tissus, conduisant rapidement à une nécrose généralisée.
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Il existe une douzaine de types de Vibrio différents, responsables de nombreuses infections appelées « vibrioses ». La plupart de ces dernières sont préoccupantes mais guérissent généralement en quelques jours. Cependant, dans certains cas, l’infection par V. Vulnificus peut se transformer en fasciite nécrosante dont le taux de mortalité est de 30%. Retrouvée dans les eaux chaudes et salées, la bactérie se loge fréquemment dans les coquillages et les huîtres.
Selon le CDC, environ 80’000 vibrioses sont déclarées chaque année aux États-Unis, et 52’000 de ces cas proviennent de l’ingestion de nourriture contaminée, notamment des fruits de mer. Environ 80% des infections apparaissent entre mai et octobre, lorsque l’eau est chaude, un environnement idéal pour les colonies bactériennes. La majorité des vibrioses présentent des symptômes d’intoxication alimentaire : crampes intestinales, vomissements, diarrhées, fièvre et frissons.
Toutefois, V. Vulnificus est l’une des quelques bactéries avec les Streptococcus pyogenes, Clostridium perfringens et Bacteroides fragilis a pouvoir causer, dans de rares cas, la fasciite nécrosante.
Cette infection commence par une inflammation locale de la peau, suivie par des lésions cutanées bulleuses (cloques, épidermolyse), une bactériémie généralisée conduisant à une nécrose tissulaire progressive puis à une septicémie. C’est pourquoi ces bactéries sont vulgairement appelées les « bactéries mangeuses de chair ».
Bien que grave, cette infection est relativement rare. Le CDC estime qu’environ 205 cas sont déclarés chaque année aux États-Unis. Cette année, 16 cas ont été rapportés en Floride dont 3 décès. Le traitement exige de préliminairement identifier la bactérie responsable car les antibiotiques administrés dépendent du type de bactérie.
Malheureusement, selon les scientifiques, il est impossible de savoir par avance si une huître est infectée ou non. Selon une étude conduite par le FHD, la fasciite nécrosante a été la principale cause de décès des intoxications alimentaires enregistrées entre 1981 et 1992. Durant cette période, 72 infections ont été reportées, dont 36 décès. L’année dernière, 49 infections ont été déclarées en Floride, dont 11 décès. L’infection peut également être contractée lors d’une baignade dans des eaux contaminées.
Les bactéries peuvent aussi se développer dans des zones de basse salubrité, comme les plans d’eau et les réservoirs après le passage d’ouragans. Ce fut notamment le cas lors des cyclones Harvey et Katrina. Quand les antibiotiques sont inefficaces, l’amputation est la solution préconisée pour éviter le décès par septicémie. Le CDC rappelle que le seul moyen d’éliminer efficacement les bactéries est de cuire correctement les huîtres avant la consommation.