Les innovations technologiques sont le fondement des nouvelles découvertes et observations dans l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’observation des objets célestes révèle toujours davantage d’informations au fur et à mesure que nos technologies optiques s’améliorent. Dans cette lancée, le plus grand télescope solaire d’Europe, GREGOR, a récemment bénéficié d’une importante mise à niveau et vient de livrer des images détaillées sans précédent de notre étoile.
GREGOR, le plus grand télescope solaire d’Europe, exploité par un consortium allemand et situé sur l’observatoire du Teide, en Espagne, a obtenu des images sans précédent de la structure fine du Soleil. Suite à une importante refonte de l’optique du télescope réalisée par une équipe de scientifiques et d’ingénieurs de l’Institut de physique solaire de Leibniz (KIS), le Soleil peut maintenant être observé à une résolution plus élevée qu’auparavant depuis l’Europe.
GREGOR a pu résoudre des détails aussi petits que 50 kilomètres à la surface du Soleil. Compte tenu de la taille du Soleil et de sa distance par rapport à la Terre, c’est comme observer une aiguille sur un terrain de football en haute résolution à une altitude de 1 kilomètre ! Les nouvelles améliorations techniques sont détaillées dans la revue Astronomy & Astrophysics.
« C’était un projet très excitant, mais aussi extrêmement stimulant. En seulement un an, nous avons complètement repensé l’optique, la mécanique et l’électronique pour obtenir la meilleure qualité d’image possible », a déclaré dans un communiqué la Dr Lucia Kleint, auteure principale de l’étude et directrice des télescopes solaires allemands à Tenerife.
Les télescopes sont des instruments très complexes, leur mise à niveau nécessite donc beaucoup de temps et de précision, à la fois pour identifier les meilleures options et pour mettre au point la bonne solution aux limitations optiques.
Une percée technique réalisée durant le confinement !
L’équipe a réalisé une percée technique lors du confinement, plus tôt cette année, lorsqu’elle s’est retrouvée bloquée dans l’observatoire. Le temps de travail supplémentaire leur a permis d’améliorer GREGOR (comme quoi le confinement a pu être bénéfique dans certains domaines !) en remplaçant deux éléments optiques qui ont été conçus et polis avec une précision de 6 nanomètres (moins de 1/10’000e de la largeur d’un cheveu humain).
« Le projet était plutôt risqué, car de telles mises à niveau du télescope prennent généralement des années, mais le travail d’équipe et la planification méticuleuse ont conduit à ce succès. Nous disposons désormais d’un instrument puissant pour résoudre davantage d’énigmes concernant le Soleil », a déclaré la co-auteure Svetlana Berdyugina, professeure à l’Université Albert-Ludwig de Fribourg et directrice de l’Institut Leibniz de physique solaire (KIS).
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L’instrument amélioré a rouvert ses portes en juillet et a permis aux chercheurs de prendre des images avec la plus haute résolution jamais obtenue du Soleil par un télescope européen, révélant des détails spectaculaires sur l’évolution des taches solaires et les structures du plasma solaire.
GREGOR permettra désormais aux spécialistes d’étudier les champs magnétiques, la convection, les turbulences, les éruptions et les taches solaires avec des détails impressionnants. GREGOR, avec le télescope solaire Daniel K. Inouye, la mission Hi-C et les missions spatiales incluant des sondes solaires comme Parker, offriront aux chercheurs les fondements observationnels pour une meilleure compréhension du Soleil et des étoiles en général.