L’Irlande dévoile le premier ordinateur quantique sur silicium – alimenté par une prise électrique standard

Son format compact (200 kg seulement) lui permet d’être intégré directement dans les centres de données, sans installations spécifiques.

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L'ordinateur quantique à base de silicium Bell-1. | Equal1/Trust My Science (Edit)
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La Chine a récemment frappé un grand coup avec sa puce quantique Zuchongzhi 3.0, un concurrent direct de Majorana 1 de Microsoft. Avec ses 105 qubits, elle pourrait exécuter des calculs d’échantillonnage aléatoire à une vitesse vertigineuse, un million de milliards de fois supérieure à celle de Frontier, le deuxième supercalculateur le plus puissant du monde. Alors que la rivalité technologique entre Pékin et Washington s’accentue, un nouvel acteur émerge : l’Irlande, qui dévoile son premier ordinateur quantique.

Le 17 mars dernier, à l’occasion du Sommet mondial de physique dans la Silicon Valley, la start-up Equal1 a levé le voile sur Bell-1, une avancée majeure qui rend l’informatique quantique plus accessible et adaptée aux besoins industriels. Il s’agit d’un ordinateur quantique (de type serveur) sur silicium fonctionnant avec une prise électrique standard, une innovation qui pourrait transformer le secteur.

Spin-off de l’University College Dublin, Equal1 a vu le jour en 2018 et s’implante progressivement aux Pays-Bas, un pays pionnier dans la recherche quantique. L’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée (TNO) a récemment investi dans la jeune pousse, signe de l’intérêt croissant pour ses travaux.

Contrairement aux architectures quantiques traditionnelles, Equal1 s’appuie sur les procédés de fabrication des semi-conducteurs pour accélérer l’intégration de l’informatique quantique dans des applications concrètes. C’est dans cette optique que la start-up a conçu Bell-1, baptisé en hommage au physicien nord-irlandais John Stewart Bell.

Alors que la plupart des ordinateurs quantiques nécessitent des infrastructures lourdes et coûteuses, Bell-1 repose sur des semi-conducteurs en silicium, la même technologie que celle des puces électroniques classiques. Son format compact – 200 kg seulement – lui permet d’être intégré directement dans les centres de données dédiés au calcul haute performance (HPC), sans installations spécifiques.

« Bell-1 constitue un véritable changement de paradigme dans le déploiement et l’usage de l’informatique quantique », affirme Jason Lynch, PDG d’Equal1, dans un communiqué. « Nous avons fait sortir la technologie quantique des laboratoires pour l’amener dans des environnements concrets où elle pourra stimuler l’innovation et répondre à des défis complexes ».

Un design repensé pour une efficacité accrue

Equal1 a relevé plusieurs défis techniques en optant pour des qubits de spin en silicium, une alternative aux qubits supraconducteurs ou à ions piégés. Pour contourner la contrainte des températures extrêmement basses nécessaires au bon fonctionnement des qubits, la start-up a intégré un cryorefroidisseur à cycle fermé, abaissant la température à 0,3 Kelvin (-272 °C) sans recourir à des réfrigérateurs externes.

L'Irlande dévoile le premier ordinateur quantique sur silicium alimenté par une prise électrique standard
© Equal1

Cette approche a non seulement permis de réduire la taille de Bell-1 au format rack, mais aussi sa consommation énergétique. Contrairement aux superordinateurs gourmands en ressources, le dispositif ne requiert que 1 600 W pour fonctionner, une puissance compatible avec une prise électrique standard.

Un pas de plus vers l’informatique quantique de demain

Si Bell-1 ne compte pour l’instant que six qubits – un chiffre modeste dans la course effrénée à la puissance quantique, il constitue un jalon clé pour le développement de machines plus performantes. L’ordinateur pourrait être utilisé pour l’intelligence artificielle, en cryptographie, ainsi que dans la recherche pharmaceutique et la science des matériaux, pour optimiser des algorithmes complexes notamment.

Lynch l’assure : Equal1 prépare déjà la prochaine génération de serveurs quantiques Bell, intégrant sa technologie Quantum System on Chip (QSoC), qui regroupera contrôle, lecture et correction d’erreurs sur une seule puce.

Avec la commercialisation de Bell-1, Equal1 lance ce que son PDG appelle « l’informatique quantique 2.0 », une nouvelle ère où la technologie ne sera plus confinée aux laboratoires, mais intégrée dans des solutions concrètes et évolutives. « Nous entrons dans une ère où l’informatique quantique devient enfin concrète et applicable à grande échelle. », conclut Lynch.

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