Ce mois de janvier a été le plus chaud jamais enregistré, marquant une année entière au-dessus du seuil de 1,5 °C de réchauffement

L’Accord de Paris pourrait être rompu d’ici 2030.

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Le mois de janvier 2024 a été le plus chaud jamais enregistré, avec une température moyenne mondiale 1,7 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Cela marque un record climatique inquiétant : pendant une année entière, la limite de référence de 1,5 °C a ainsi été dépassée. Bien que cela ne signifie pas encore que l’Accord de Paris n’a pas été tenu, les climatologues estiment que cela pourrait être le cas d’ici 2030, si le rythme actuel d’émissions de gaz à effet de serre persiste.

Au cours des 12 derniers mois, des records successifs de température en ont été annoncés. En début d’année, il a officiellement été établi que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée — une tendance toujours plus préoccupante qui semble se poursuivre cette année, selon les climatologues. En effet, le premier mois de cette année a marqué un record de plus en passant à 1,7 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Cela marque aussi la première fois dans l’histoire de relevés météorologiques que la planète surpasse le seuil de 1,5 °C  de réchauffement pendant une année entière.

« 2024 commence avec un autre mois record », a déclaré Samantha Burgess du service Copernicus sur le changement climatique (C3S) dans un communiqué. « Des réductions rapides des émissions de gaz à effet de serre sont le seul moyen d’arrêter la hausse des températures mondiales », a-t-elle ajouté.

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Sur la base des derniers relevés, les estimations des experts montrent que la moyenne des températures mondiales à long terme est supérieure de 1,25 °C (par rapport au niveau préindustriel), ce qui est conforme aux projections de la plupart des modèles climatiques. Cependant, le réchauffement extrêmement rapide enregistré au cours des deux dernières années a largement dépassé ce qui était attendu. Le jour de l’année dernière où la moyenne mondiale est passée au-dessus de 2 °C était particulièrement alarmant.

L’Accord de Paris ne sera considéré comme rompu que lorsque la moyenne des températures mondiales à long terme — c’est-à-dire pendant plusieurs années successives — sera passée au-dessus de 1,5 °C. Bien que cela ne soit pas encore le cas, cette limite pourrait bientôt être dépassée si le rythme actuel d’émission de gaz à effet de serre se poursuit. Il est important de noter que malgré les efforts de transition énergétique et de décarbonation, ces émissions continuent d’augmenter. Des experts estiment que la limite de 1,5 °C pourrait être dépassée d’ici 2030.

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Anomalie de température de l’air en surface pour janvier 2024 par rapport à la moyenne de janvier pour la période 1991-2020. © ERA5/Service Copernicus sur le changement climatique/ECMWF.

Cependant, une récente étude de l’Université d’Australie occidentale suggère que ce dépassement aurait déjà eu lieu dans les années 2010. Leurs résultats, publiés dans la revue Nature Climate Change et basés sur l’analyse d’éponges marines, indiquent que les températures mondiales actuelles se situent déjà à 1,8 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Cela signifie que les modèles précédents pourraient sous-estimer la véritable ampleur du réchauffement.

L’ampleur du réchauffement climatique sous-estimée ?

L’Accord de Paris exhorte les pays à limiter le réchauffement à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels (entre 1850 et 1900), mais ne définit pas précisément ce que cela signifie. En effet, la combustion anthropique de combustibles fossiles avait déjà commencé à cette époque. Cependant, comme il n’y avait que très peu de relevés de température, une incertitude quant au réchauffement qui aurait pu en résulter persiste. Cela suggère que l’utilisation de cette référence pourrait sous-estimer la part de réchauffement due aux combustibles fossiles. Cela implique aussi des lacunes potentielles dans les modèles climatiques actuels.

Afin de combler ces dernières, les chercheurs de la nouvelle étude ont proposé une mesure de référence alternative : les éponges de mer Ceratoporella nicholsoni. Il s’agit d’une espèce à croissance extrêmement lente, pouvant vivre plusieurs centaines d’années. Leur squelette de carbonate de calcium peut conserver jusqu’à 300 ans d’enregistrements de températures océaniques.

En analysant des échantillons provenant des Caraïbes, les chercheurs ont constaté une étroite corrélation entre les températures enregistrées par les éponges et la température de surface moyenne enregistrée après les années 1960 (lorsque les mesures commençaient à devenir plus précises). Cela démontre une étonnante fiabilité des analyses basées sur les éponges.

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Température quotidienne moyenne à la surface de l’eau (°C) de l’océan mondial extrapolaire (60°S–60°N) pour 2015 (bleu), 2016 (jaune), 2023 (rouge) et 2024 (noir). Toutes les autres années (entre 1979 et 2022) sont représentées par les courbes grises. © ERA5/Service Copernicus sur le changement climatique/ECMWF.

Sur cette base, ils ont constaté que le réchauffement a débuté vers le milieu des années 1860, soit plus de 80 ans plus tôt que les premiers enregistrements instrumentaux de température de surface des mers et océans. En outre, la planète aurait déjà dépassé la limite de 1,5 °C entre 2010 et 2011 et serait désormais 1,8 °C plus chaude que la période préindustrielle.

Cependant, d’autres climatologues sont sceptiques, l’étude étant notamment limitée par l’analyse isolée d’échantillons d’une seule région. Néanmoins, ces résultats concordent avec des preuves croissantes, suggérant par exemple une sous-estimation des impacts réels des émissions de CO2.

Source : Nature Climate Change

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