Le Japon met en garde OpenAI pour le plagiat de ses mangas et animes

Une demande officielle faisant suite aux vidéos d’animes générés par Sora 2 qui inondent les réseaux.

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| Pixabay
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Le gouvernement du Japon a envoyé une demande officielle à OpenAI, l’assignant à cesser de plagier les mangas et les animés japonais avec ses IA. Cette demande fait suite au lancement de Sora 2, qui inonde les réseaux sociaux de copies de personnages protégés par le droit d’auteur, issus de franchises populaires comme Pokémon et One Piece. Le Japon appelle au respect d’un art qu’il considère comme faisant partie intégrante de son patrimoine culturel.

Lancé par OpenAI à la fin de 2024, Sora représente désormais l’une des IA génératrices de vidéo les plus populaires. Elle permet de créer rapidement des vidéos de haute qualité et fluides uniquement à partir de simples invites textuelles. Elle a, dès son lancement, impressionné par le degré de réalisme et d’immersion de ses vidéos.

En début de ce mois, OpenAI a lancé une nouvelle application mobile, constituant notamment un réseau social permettant aux utilisateurs de générer et de partager instantanément des vidéos avec Sora 2, la dernière version de Sora. Il s’agit en quelque sorte d’une version de TikTok basée sur l’IA qui permet de générer de fausses vidéos de ses proches ou de célébrités, ou encore des fanfictions montées de toutes pièces de leurs œuvres préférées.

Le réseau social dispose d’une fonctionnalité appelée « Cameo », qui permet aux utilisateurs dont les identités ont été vérifiées de s’insérer dans n’importe quelle scène générée par Sora 2. La fonction permet aussi d’insérer d’autres personnes (y compris leurs voix) dans les vidéos, ce qui en fait un véritable générateur de deepfakes réalistes.

Même si les visages de célébrités ne devraient techniquement pas pouvoir être utilisés sans consentement explicite, les réseaux sociaux ont été inondés par des deepfakes et des vidéos parfois dérangeantes générées par Sora 2 peu après sa sortie. Et les œuvres protégées par le droit d’auteur n’y ont pas échappé, les fanfictions douteuses pullulant désormais sur les réseaux.

OpenAI désormais au cœur d’une tempête juridique et éthique

On y voit, par exemple, de fausses vidéos de Sam Altman en train de cuire Pikachu au barbecue, de Mario pilotant un vaisseau spatial et se faisant poursuivre par des policiers ou encore de Bob l’Éponge en train de fabriquer de la drogue,… Cela n’a évidemment pas manqué de faire réagir les artistes et les studios, comme Disney et Universal, plaçant rapidement OpenAI au cœur d’une tempête juridique et éthique.

Captures d’écran extraits de vidéos générées par Sora 2.
Captures d’écran extraits de vidéos générées par Sora 2.

Le gouvernement japonais a explicitement fait savoir à OpenAI qu’il n’a en aucun cas autorisé l’utilisation des mangas, des animés et de leurs produits dérivés, comme les jeux vidéo. Minoru Kiuchi, le ministre d’État chargé de la propriété intellectuelle et de la stratégie en matière d’IA au Japon, a officiellement demandé à OpenAI de s’abstenir de porter atteinte à la propriété intellectuelle japonaise, selon un rapport d’IT Media.

La demande de Kiuchi fait suite au déferlement de vidéos d’IA copiant des œuvres protégées comme One Piece, Pokémon, Demon Slayer, Dragon Ball etc., et que les utilisateurs de Sora 2 n’hésitent pas à modifier à leur guise, certaines vidéos montrant, selon le ministre, un manque de respect flagrant envers ce qu’il qualifie de « trésors irremplaçables » dont le Japon se vante auprès du monde entier.

Plagiat d’un patrimoine culturel millénaire

Il est important de savoir que les mangas constituent l’un des piliers du patrimoine culturel japonais, en étant à la fois un art visuel, un contributeur économique important et un outil d’expression sociale. Ses origines remontent au VIIIe siècle avec les « emaki », des rouleaux de papier narratifs illustrés. Ils ont depuis évolué pour devenir un phénomène culturel transgénérationnel et mondial.

Leur influence mondiale est telle qu’ils constituent un instrument majeur du « soft power » japonais (la capacité d’un pays à influencer d’autres uniquement par son attractivité). Altman a d’ailleurs salué cette influence de la culture japonaise. « Nous tenons tout particulièrement à saluer la remarquable créativité du Japon ; nous sommes frappés par la profondeur du lien entre les utilisateurs et le contenu japonais ! », a-t-il écrit sur son blog après la sortie de Sora 2.

D’autres hauts responsables japonais, comme le ministre du Numérique Masaaki Taira, ont également exprimé l’espoir qu’OpenAI prenne des mesures pour se conformer à cette demande. Il a également indiqué que des mesures en vertu de la loi japonaise sur la promotion de l’IA pourraient être invoquées si le problème n’est pas résolu dans les plus brefs délais.

Entrée en vigueur en septembre 2025, cette loi vise à faire du Japon le pays le plus favorable à l’essor de l’IA en faveur de la croissance socio-économique. Elle établit aussi des politiques concernant les utilisations problématiques, notamment les atteintes aux droits d’auteur. L’une d’entre elles accorde par exemple le droit au gouvernement d’analyser les cas où les droits et les intérêts des citoyens japonais sont violés et d’engager des contre-mesures en conséquence.

Pour l’heure, aucune réponse officielle n’a été apportée par OpenAI à la demande du gouvernement japonais. Reuters a rapporté à la fin du mois dernier que l’entreprise avait contacté des studios et des agences artistiques une semaine avant le lancement de Sora 2 afin de leur offrir la possibilité de se retirer. Mais l’identité des studios contactés n’a pas été divulguée et on ignore si ceux du Japon ont été inclus.

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