Bien que les facultés de tolérance et d’empathie des animaux vis-à-vis de leurs congénères ne soient plus à démontrer, certaines situations continuent d’impressionner les scientifiques. Perdu et loin de ses eaux natales, un narval a été adopté et recueilli par un groupe de bélugas, avec qui il évolue aujourd’hui en toute fraternité.
C’est en juillet 2018 que les biologistes marins du Group for Research and Education on Marine Mammals (GREMM) ont observé une situation quelque peu curieuse dans les eaux du fleuve Saint-Laurent bordant l’Ontario et traversant le Québec (Canada). Chaque année, les scientifiques du GREMM embarquent sur le fleuve pour compter et identifier les bélugas.
Vous allez aussi aimer :
Arborez un message climatique percutant 🌍
Magnifiques images de trois baleines à bosse dansant autour d’un bateau, capturées par un drone
Et quelle ne fut pas leur surprise lorsque, parmi le groupe habituel de bélugas qu’ils étudient tous les ans, ils ont découvert un jeune narval, à plus de 1000 kilomètres au sud des eaux arctiques dont il est originaire.
D’après leurs observations, le jeune mammifère a été totalement adopté par les bélugas au milieu desquels il semble être heureux, malgré les évidentes différences morphologiques qui existent entre les deux espèces. « Il se comporte comme s’il était l’un d’entre eux » révèle Robert Michaud, président du GREMM.
Cette vidéo enregistrée par les scientifiques du GREMM montre le narval évoluant librement avec les bélugas dans le fleuve Saint-Laurent :
« Je ne pense pas qu’une telle situation soit vraiment surprenante » ajoute Martin Nweeia, biologiste marin et expert des narvals à l’université d’Harvard. « Je crois que cela montre la compassion et l’ouverture d’esprit d’espèces qui accueillent un autre membre qui pourtant, ne se comporte pas comme eux ou ne leur ressemble pas. Et il s’agit là d’une bonne leçon pour nous tous ».
Bien que ces deux espèces soient morphologiquement différentes, elles sont les deux seuls représentants des cétacés de la famille des Monodontidae. Ce sont deux mammifères marins très sociables, même si les narvals tendent à plutôt évoluer dans les eaux profondes recouvertes d’une fine couche de glace.
« À cause du changement climatique observé en Arctique, il y a une chance que ces deux espèces cousines… se trouvent de plus en plus souvent en compagnie l’une de l’autre dans les prochaines dizaines d’années » explique le GREMM. « Nous observons déjà ce phénomène chez d’autres espèces, comme l’ours polaire et le grizzly, qui se reproduisent entre eux ».