L’ajout d’un milliard d’hectares de forêts pourrait aider à contrôler le réchauffement climatique

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Zones qui pourraient potentiellement accueillir de nouvelles forêts. La carte exclut les forêts existantes, les zones urbaines et les terres agricoles. | J. Bastin, et. al/ Science
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Si les tendances actuelles se maintiennent, d’ici 2030, les températures mondiales pourraient augmenter de plus de 1.5 °C par rapport aux niveaux industriels. Une solution potentielle : les arbres, beaucoup d’arbres. En effet, s’ils étaient plantés en grand nombre et partout dans le monde, ils pourraient aider à enrayer la crise climatique. Selon une nouvelle analyse, l’ajout de près d’un milliard d’hectares de forêts supplémentaires permettrait d’éliminer deux tiers des quelque 300 gigatonnes de CO2 émis par les humains dans l’atmosphère en seulement deux siècles.

Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques des Nations Unies recommandait d’ajouter un milliard d’hectares de forêts pour contribuer à limiter le réchauffement planétaire à 1.5 °C d’ici 2050. Les écologistes Jean-François Bastin et Tom Crowther de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ), et leurs co-auteurs, désiraient savoir si la planète, telle qu’elle est aujourd’hui, pouvait supporter autant d’arbres supplémentaires. Leur étude consistait aussi à déterminer les zones idéales pour les planter.

« Les forêts représentent l’un de nos principaux alliés naturels contre le changement climatique », déclare Laura Duncanson, chercheuse en stockage de carbone à l’université du Maryland à College Park et à la NASA, qui n’a pas participé à la recherche. Néanmoins, « c’est une analyse certes simplifiée des captages de carbone restitués que les forêts pourraient récupérer, et nous ne devrions donc pas considérer cela comme la solution miracle » a-t-elle averti.

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Les chercheurs ont analysé près de 80’000 photographies satellites pour déterminer la couverture forestière actuelle. Ils ont ensuite classé les différentes zones de la planète en fonction de 10 caractéristiques du sol et du climat. Ceci a permis d’identifier des emplacements plus ou moins adaptés à différents types de forêts. Après avoir soustrait les forêts existantes et les zones dominées par l’agriculture ou les villes, ils ont calculé la part terrestre apte à faire pousser des arbres.

La Terre pourrait naturellement supporter 0.9 milliard d’hectares de forêt supplémentaire — ce qui représente une zone de la taille des États-Unis — sans empiéter sur les terres urbaines ou agricoles existantes, rapportent les chercheurs à Sciencemag. Ces arbres ajoutés pourraient séquestrer 205 gigatonnes de carbone dans les décennies à venir, soit environ cinq fois la quantité mondiale émise en 2018.

« Ce travail reflète l’ampleur de ce que les forêts peuvent faire pour nous », déclare l’écologiste Greg Asner de l’Arizona State University de Tempe, qui n’a pas participé à l’étude. « Ils devront forcément jouer un rôle si l’humanité veut atteindre ses objectifs d’atténuation du changement climatique ».

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D’ailleurs, il faut savoir que l’ajout de forêts ne ferait pas que séquestrer le carbone. Les forêts offrent une foule d’avantages supplémentaires, notamment une biodiversité améliorée, une qualité de l’eau améliorée et une érosion réduite. Selon les estimations, le coût de la restauration des forêts à cette échelle varierait, mais sur la base de prix d’environ 0.27 Euro l’arbre, Tom Crowther estime qu’il pourrait s’élever à environ 270 milliards d’Euros.

La quantité exacte de carbone que les forêts futures pourraient stocker ne serait peut-être pas très claire, mais la NASA a envoyé de nouveaux instruments dans l’espace, comme le GEDI (Global Ecosystem Dynamics Investigation) embarqué à bord de la Station spatiale internationale, qui utilisera des lasers pour créer des cartes 3D haute résolution des forêts et de la canopée. Ces données ajouteront une précision indispensable aux estimations existantes du stockage de carbone en surface.

« Avec GEDI, nous pouvons considérer cette étude comme un tremplin et la compléter avec des estimations beaucoup plus précises concernant le carbone », déclare Duncanson. « Il y a toujours eu de grandes incertitudes sur les totaux de carbone à grande échelle, mais nous aurons bientôt des données plus riches et précises ».

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