Le 13 novembre dernier, un groupe d’experts a témoigné devant le Congrès américain concernant les secrets excessifs du gouvernement entourant les phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) — appelés phénomènes anormaux non identifiés (UAP) par le gouvernement des États-Unis. Bien qu’il ne s’agisse pas de la première audience de ce type, cette dernière a été marquée par les antécédents de certains des lanceurs d’alerte, notamment un ancien officier du contre-espionnage américain, un contre-amiral à la retraite de la marine américaine et ancien administrateur associé de la NASA.
Les UAP désignent un acronyme regroupant les observations d’objets ou de phénomènes inexpliqués se produisant dans l’air, sous l’eau ou dans l’espace. De nombreux témoins affirment depuis des années avoir observé, par exemple, des orbes volants sortant de l’océan, des soucoupes flottant dans les airs et d’autres engins étranges présentant des caractéristiques très différentes des technologies dont nous disposons.
Cependant, une grande partie de ces témoignages provient de phénomènes classifiés et les détails ne peuvent pas être divulgués au public en raison de données militaires sensibles qu’ils pourraient contenir. De tels phénomènes auraient par exemple été capturés par des radars et des satellites avancés et ont été classifiés afin de ne pas révéler les capacités de surveillance des États-Unis. Ce fut également le cas l’an dernier lorsque des avions militaires ont abattu un étrange objet non identifié ressemblant à un ballon, au large des côtes de l’Alaska.
De mystérieux drones sont également apparus pendant plusieurs semaines au-dessus de la base aérienne de Langley, à Washington. « L’origine de ces drones ainsi que de leurs opérateurs restent un mystère », a déclaré Glenn Grothman de la Chambre des représentants des États-Unis, lors de l’audience du 13 novembre dernier, selon Space.com. « Cet incident et d’autres observations à proximité d’installations militaires sensibles soulignent la complexité du défi que doivent relever nos commissions du renseignement, de la défense et de la sécurité intérieure », a-t-il ajouté.
Cependant, la Commission de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis et les témoins estiment que le secret entourant ces phénomènes est excessif. « Le secret excessif a conduit à de graves méfaits contre des fonctionnaires loyaux, du personnel militaire et le public — tout cela pour cacher le fait que nous ne sommes pas seuls dans le cosmos », a déclaré Luis Elizondo, ancien agent de contre-espionnage américain. Ce dernier fait partie du groupe d’experts qui ont témoigné devant le Congrès.
Une menace pour la sécurité nationale ?
L’audience tenue par la Commission de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants était intitulée « Phénomènes anormaux non identifiés : révéler la vérité » et s’est déroulée au Rayburn House Office Building, à Washington. Elle avait pour objectif de solliciter le gouvernement à davantage de transparence et à l’instauration des mesures afin de réduire la stigmatisation autour de ces phénomènes.
Au cours de l’exercice de son ancienne fonction, Elizondo affirme avoir déjà enquêté sur des objets volants non identifiés (OVNI) dans le cadre d’un programme secret du Pentagone. Ils auraient été repérés à proximité d’installations militaires très sensibles à travers le monde. L’ancien agent précise toutefois qu’ils pourraient à la fois être liés à une intelligence extraterrestre et à des entreprises privées œuvrant dans l’espionnage. Il a également indiqué que le gouvernement américain dispose de programmes permettant de récupérer ces objets et de les modifier, sans fournir plus de détails.
L’expert estime que garder ces informations secrètes pourrait porter atteinte à la sécurité nationale. S’il s’avérait que ces objets sont exploités par des nations adverses, cela représenterait un échec du service de renseignement dont l’ampleur surpasserait, selon lui, celle de l’attentat du 11 septembre. « Nous sommes au milieu d’une course aux armements secrète qui dure depuis plusieurs décennies, financée par l’argent des contribuables mal réparti et cachée à nos représentants élus et à nos organismes de surveillance », estime-t-il.
Elizondo suggère au gouvernement d’adopter une approche pangouvernementale (dans le cadre de laquelle les gouvernements et toutes les parties prenantes sont conscients des impacts considérables de la concurrence et adaptent leurs politiques et réglementations) pour se concentrer plus sérieusement sur les UAP, d’élaborer une stratégie nationale dédiée et d’offrir une protection adaptée afin que les lanceurs d’alerte puissent se manifester sans crainte.
Les témoignages de Tim Gallaudet, contre-amiral à la retraite de la marine américaine, concordent plus ou moins avec ceux d’Elizondo. Il a déclaré que les UAP ont amorcé une prise de conscience généralisée de la présence potentielle d’une civilisation extraterrestre avancée dans l’Univers, mais affirme également qu’ils pourraient constituer une menace pour la sécurité aérienne.
Le journaliste Michael Shellenberger a également témoigné à l’audience en affirmant qu’il y avait un nombre croissant de preuves indiquant que le gouvernement américain n’est pas transparent concernant les UAP et a même mentionné l’existence d’un programme secret dédié appelé « Immaculate Constellation ». Ne pas informer le Congrès de ce type d’opération représenterait une violation de la constitution.
Réduire la stigmatisation par le biais de la science
De son côté, Michael Gold, l’ancien administrateur associé de la NASA, a souligné la nécessité d’intégrer davantage cette dernière dans le cadre des analyses expertes de données UAP. Cela permettrait de déstigmatiser le phénomène et d’encourager l’inclusion scientifique.
« Notre meilleur outil pour percer le mystère des UAP est la science, mais nous ne pouvons pas mener une enquête appropriée si la stigmatisation est si accablante que le simple fait d’oser faire partie d’une équipe de recherche de la NASA [sur les UAP] suscite une réponse aussi vitriolique », a-t-il déclaré. « Par conséquent, l’une des mesures les plus importantes qui peuvent être prises est de lutter contre la stigmatisation, et c’est là que je pense que la NASA peut être éminemment utile ».
L’expert ajoute que la NASA dispose d’une immense quantité d’archives qui pourrait contenir des observations d’UAP. Il suggère que l’IA pourrait par exemple être utilisée pour ratisser et trier ces données et isoler celles qui sont véritablement inexpliquées. L’agence devrait également disposer d’instruments spécialisés pour identifier correctement ces phénomènes.