Les livres bientôt remplacés par des versions interactives générées par l’IA ? Oui, selon un pionnier de la tech

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Selon Peter Wang, PDG de la plateforme Anaconda, les livres classiques pourraient bientôt être remplacés par des versions dynamiques et interactives générées par l’intelligence artificielle et adaptées aux préférences du lecteur. Baptisé « Thunks », ce concept hypothétique semble ne laisser que peu de place à l’imagination et à la créativité, ce qui soulève inévitablement des questions quant à l’avenir des écrivains et du monde littéraire.

S’appuyant sur une interaction complexe entre la créativité de l’auteur et la capacité d’interprétation du lecteur, lire un livre n’est pas une expérience passive. Si l’écrivain passe des années à créer des textes concis de sorte à donner vie à ses personnages, le lecteur s’appuie également sur son imagination et sa créativité pour visualiser ce que l’auteur veut transmettre. Sans stimulations sonores ou visuelles, le lecteur participe activement à ce cycle de créativité en faisant constamment appel à son imagination et à son sens de l’émerveillement.

Dans son nouveau concept, Wang propose un profond changement de paradigme dans cette approche traditionnelle de la lecture. Les « thunks » consisteraient en des créations numériques générées par l’IA de sorte à offrir une expérience dynamique et interactive. En d’autres termes, l’imagination ne serait plus nécessaire à comprendre l’univers d’un livre. Au lieu de cela, il suffirait que d’une (très) petite dose d’imagination pour permettre à l’IA de générer l’expérience littéraire de son choix.

« Je pense qu’on va arrêter de publier des livres, mais qu’on va plutôt publier des thunks, qui sont des pépites de pensée qui peuvent interagir avec le lecteur de façon dynamique et multimédia », a-t-il déclaré sur X. « Il peut toujours y avoir un mode de lecture passif linéaire classique, mais qui peut être généré automatiquement en fonction du niveau de contexte et de connaissances existantes du bénéficiaire », ajoute-t-il.

Bien que le concept semble a priori séduisant en matière de divertissement, pourrait-il reproduire le même cercle vertueux de créativité qu’un livre peut offrir ? Et qu’en serait-il de l’avenir des écrivains ? Alors que les emplois axés sur la créativité (l’écriture, la création d’images et de musique, …) sont toujours plus affectés par l’IA générative, l’arrivée de ce nouveau concept pourrait provoquer de grands bouleversements.

Une dévalorisation de la créativité humaine ?

Si l’idée est concrétisée, les thunks pourraient représenter une concurrence déloyale aux créations humaines authentiques. Les écrivains pourraient être « noyés » par des vagues de contenus générés rapidement, automatiquement et à moindre coût, ce qui en obligerait probablement certains à se retirer du marché faute de rentabilité, en raison du désistement des acheteurs. Si un tel scénario se produisait, la création de nouvelles idées diminuerait, étant donné que les IA se basent sur les textes précédemment créés par les auteurs. En effet, il est important de considérer que même si ces outils permettent désormais de générer des contenus de qualité, ils sont tout de même formés (souvent illicitement) sur ceux créés par l’humain, ce qui ne manque pas de susciter la controverse quant au respect des droits d’auteur.

Une étude suggère que la nature unique et complexe de la créativité humaine ne pourrait être entièrement reproduite ou supplantée par celle de l’IA. De ce fait, à mesure que les contenus générés par l’IA inondent le marché, la créativité risque de s’estomper avec le temps, autant chez les auteurs que les lecteurs. En outre, si la technologie est proposée en tant qu’outil permettant d’améliorer la créativité humaine, il est possible qu’elle ait un effet inverse en provoquant un effet de dépendance, notamment en limitant l’imagination. En revanche, un livre a l’incroyable capacité de stimuler cette dernière, et ce uniquement par le biais de la créativité de l’auteur, sans nécessairement avoir recours à d’autres stimulations, telles que les images.

D’un autre côté, les législations sur la propriété intellectuelle ne se sont pas encore adaptées aux avancées de l’IA. Cela signifie que les gouvernements pourraient nécessiter encore des années pour déterminer de quelle manière équilibrer la valorisation du travail humain et la promotion des innovations technologiques. Certaines entreprises œuvrant dans le domaine semblent exploiter cette faille législative, en tentant par exemple de « cacher » que leurs chatbots sont formés sur des œuvres protégées. Si ces dernières sont légèrement modifiées notamment, leur utilisation n’est techniquement pas considérée comme un plagiat, ce qui pénalise l’auteur de l’œuvre.

Par ailleurs, l’objectif du concept thunks est de fournir des contenus plus ciblés. Cela pourrait impliquer la perte d’expériences sociales partagées, en lisant par exemple les mêmes (identiques) romans à succès. En outre, la propagation de contenus susceptibles de diviser socialement pourrait être favorisée, parallèlement à la désinformation.

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