Avec l’âge, les gencives font partie des zones du corps les plus touchées par le vieillissement. Elles subissent une usure et une dégradation rapides, entraînant divers troubles bucco-dentaires dont la maladie des gencives. Cette pathologie a notamment été associée à certaines maladies cardiaques et à Alzheimer. Récemment, des chercheurs ont découvert qu’un médicament anti-rejet utilisé lors des transplantations, possédait des propriétés régénérantes et rajeunissantes. En le testant sur des souris, elles ont retrouvé un microbiome buccal plus sain et leur structure osseuse s’est régénérée.
Le médicament, appelé rapamycine, a régénéré l’os de la mâchoire, a restauré le microbiome de la bouche à un état plus jeune et réduit l’inflammation. C’est la première fois qu’un traitement rajeunit la santé bucco-dentaire, selon Matt Kaeberlein de l’Université de Washington. « Nous pouvions en fait voir des endroits où de nouveaux os poussaient autour des dents » déclare-t-elle.
Les deux tiers des personnes âgées souffrent d’une maladie des gencives et aucun traitement existant n’inverse le processus. De plus, la maladie des gencives est liée à un risque plus élevé d’autres affections, notamment la démence, le diabète et les maladies cardiaques. D’ailleurs, certains chercheurs pensent que la maladie des gencives est la cause principale d’Alzheimer.
Cela suggère que la restauration de la santé bucco-dentaire pourrait avoir des avantages beaucoup plus larges. Mais il n’est pas clair si la rapamycine a le même effet chez l’Homme. Même si c’est le cas, le médicament peut avoir de nombreux effets secondaires indésirables. Il supprime le système immunitaire, c’est pourquoi son utilisation principale est d’empêcher le rejet d’organes transplantés.
Rapamycine : elle restaure le microbiome et la structure osseuse bucco-dentaire chez les souris
La rapamycine a également suscité un intérêt pour ses effets anti-âge : elle peut prolonger la vie de plusieurs animaux, notamment des souris et des drosophiles, d’environ 10%. Kaeberlein a commencé à examiner son effet sur la bouche. Les chercheurs ont découvert que les souris ayant reçu de la rapamycine toute leur vie avaient plus d’os autour des dents.
Ils ont donc donné à des souris âgées de 20 mois de la nourriture contenant de la rapamycine, pendant huit semaines, et ont comparé leur santé bucco-dentaire à celle des souris qui n’avaient pas reçu le médicament. L’équipe a constaté une croissance osseuse dans la bouche des souris, ainsi qu’une diminution des bactéries associées à la maladie (qui deviennent plus courantes chez les animaux plus âgés). Il s’agit notamment de Porphyromonas gingivalis, qui est une cause présumée d’Alzheimer.
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Vers des essais cliniques sur l’Homme
« Les résultats sont fascinants », déclare João Pedro de Magalhães, de l’Université de Liverpool (Royaume-Uni). « La grande question est de savoir si cela pourrait avoir le même effet chez l’Homme » ajoute-t-il.
Plusieurs groupes créent des variantes de la rapamycine, conçues pour minimiser les effets indésirables de base du médicament, et certaines sont déjà testées chez l’Homme. Il est possible que ces médicaments aient les mêmes avantages chez l’humain pour la santé bucco-dentaire que ceux observés chez la souris.
Kaeberlein mène également une autre étude sur les souris conçue pour révéler si l’application de rapamycine uniquement dans la bouche, plutôt que dans l’ensemble du corps, a le même effet. Il espère également lancer un essai sur l’Homme. L’utilisation d’une dose plus faible que celle administrée aux personnes transplantées pourrait minimiser les effets secondaires.