L’administration de Donald Trump a commencé à supprimer ou à occulter toutes les références à la crise climatique sur les sites web de plusieurs grands ministères et agences gouvernementales américains. L’objectif serait d’abolir les réglementations excessives entravant la croissance économique du pays. Les climatologues s’attendent au pire. De précieuses données climatiques pourraient être perdues, tandis que la collaboration internationale sera de plus en plus difficile pour les climatologues américains.
Depuis sa prise de fonction, le nouveau président des États-Unis a instauré un certain nombre de décrets controversés, incluant le climat et les réglementations environnementales du pays. En plus de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris, il a décrété des mesures visant à réduire la réponse du pays à la crise climatique.
Les infrastructures financées par le gouvernement ne seront, par exemple, plus obligées de respecter les normes environnementales strictes visant à résister aux inondations et aux tempêtes violentes. L’Environmental Data and Governance Initiative (EDGI), un organisme de préservation des données fédérales, a indiqué que le Conseil de la Maison-Blanche sur la qualité environnementale a aboli un plan de durabilité visant à réduire la pollution due aux activités fédérales.
L’administration de Trump se lance désormais dans une vaste campagne de suppression d’informations, inquiétant les climatologues. Lors de son premier mandat, la référence « changement climatique » a diminué de près de 40 % sur tous les sites Web des agences environnementales fédérales.
« Il est difficile de dire à ce stade précoce si cela ressemblera au premier mandat de Donald Trump, mais d’après tout ce que nous avons vu jusqu’à présent, nous devons nous attendre à une nouvelle campagne massive de suppression d’informations », a déclaré Gretchen Gehrke, cofondatrice d’EDGI, au Guardian.
Une campagne massive de suppression d’informations
Un portail important dédié au climat et la section principale consacrée au changement climatique ont été supprimés du site du ministère américain de la Défense et du département d’État. Le volet du site de la Maison-Blanche concernant le changement climatique a également été retiré, ainsi que tout le contenu climatique du ministère de l’Agriculture. Cela incluait des informations clés concernant les évaluations de risque d’incendies de forêt.
D’autre part, une section entière du ministère des Transports sur le climat et la durabilité a disparu. La nouvelle direction du ministère aurait aussi ordonné la suppression de toute position politique, directive ou note de financement ayant un quelconque rapport avec le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’avec la justice environnementale ou l’initiative Justice40. Les références à l’équité raciale, à l’identité de genre, aux objectifs de diversité, d’équité et d’inclusion ont aussi été retirées.
Selon le secrétaire du ministère, ces mesures viseraient à supprimer les réglementations environnementales excessives entravant la croissance économique américaine et donnant la priorité aux programmes d’extrême gauche. Elles auraient aussi pour objectif de réduire les coûts pour les familles en proposant des alternatives plus pratiques.
Des climatologues ont en outre affirmé que des études environnementales clés ont aussi disparu des sites Web gouvernementaux. Ces recherches vont du cycle du carbone océanique à la connectivité de réseaux électriques durables. Certains contenus sur le climat sont encore présents sur certains sites gouvernementaux, mais ont été rendus moins visibles depuis les pages d’accueil.
La section du site Internet de la NASA qui permet de suivre l’augmentation de la température mondiale et les émissions de gaz à effet de serre reste actif. Cependant, une note a été publiée indiquant qu’il sera « un peu différent » dans les mois à venir. Le portail a notamment déjà supprimé le mot « climat » de son URL.
Un frein à la compréhension du public et à la collaboration internationale
Ces nouvelles mesures correspondent étrangement à celles que la Floride a prises. L’année dernière, les responsables de l’État ont décrété une loi interdisant toute référence au changement climatique dans l’ensemble de ses décrets. Les critiques affirment que ces mesures visent à étouffer délibérément la compréhension du public de l’ampleur de la crise climatique.
Or, les impacts du réchauffement climatique se font ressentir toujours plus. Alors que l’année dernière était la première année à dépasser la limite symbolique de 1,5 °C de réchauffement, le mois dernier a encore battu un record en devenant le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré.
« Nous devons nous préparer au pire », a déclaré Michael Mann, un scientifique spécialiste du climat à l’Université de Pennsylvanie. « Les clés de la voiture ont été confiées aux pollueurs et aux ploutocrates des énergies fossiles et ils ont l’intention de la conduire dans le précipice climatique ».
Ces mesures pourraient aussi entraver la collaboration internationale des climatologues américains. La mise en œuvre de ces collaborations prend du temps et de nouvelles politiques qui ne sont pas en faveur du climat pourraient décourager les partenaires et investisseurs potentiels.
Par ailleurs, les États-Unis sont l’un des principaux bailleurs de fonds du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et ont mis en place de nombreuses politiques en faveur de la recherche internationale. Si ces politiques changent ou que les données disparaissent, les collaborations internationales en faveur du climat pourraient ne pas obtenir suffisamment de financement.