Afin d’assurer les besoins toujours croissants de ses IA en énergie, Meta a ajouté une capacité supplémentaire à ses campus de centres de données en les installant littéralement sous des tentes. Ces installations temporaires constituent une étape pour étendre les infrastructures des centres de données le plus rapidement possible, alors que Mark Zuckerberg, le PDG de l’entreprise, a exprimé ses inquiétudes quant à son retard dans la course à la technologie.
Alors que la technologie est de plus en plus critiquée pour ses impacts environnementaux, ses besoins énergétiques ne cessent de croître à mesure qu’elle évolue et que la demande explose. Tandis que les géants du secteur s’affrontent dans une course effrénée vers l’IA générale (IAG), la technologie se heurte à des limites en matière de puissance de calcul, de capacité des centres de données et à des pénuries d’infrastructure. Cela a créé des goulots d’étranglement dans l’ensemble du secteur.
La puissance de calcul étant devenue l’avantage concurrentiel majeur, Meta s’est lancé dans une initiative peu orthodoxe pour rester dans la course : des centres de données installés sous des tentes… « Tout le monde s’efforce de construire des centres de données le plus rapidement possible dans la course à l’IAG », explique Dylan Patel, PDG de SemiAnalysis, à Business Insider. « En raison des contraintes d’alimentation, de capacité des centres de données et des équipes de construction, Meta a commencé à installer ses centres de données dans des tentes afin de réduire les goulots d’étranglement liés à la construction », précise-t-il.
Un effort désespéré pour accélérer la puissance de calcul ?
L’objectif de Meta est de privilégier la vitesse de mise à disposition de capacité de calcul en recourant à des installations sous tente, bien plus rapides à déployer que les infrastructures classiques. Cette stratégie vise à préparer le déploiement d’un supercluster d’une capacité supérieure à 1 gigawatt. Zuckerberg affirme que Meta pourrait devenir la première entreprise à mettre en service un cluster de cette taille.
L’approche évoque celle de Tesla en 2018, lorsqu’elle avait installé une ligne d’assemblage sous tente pour accélérer la production de la Model 3 en pleine crise de production. De son côté, le PDG de Meta entend tout faire pour rester dans la course face à ses concurrents, multipliant des efforts qui semblent un peu désespérés. Le mois dernier, il a d’ailleurs exprimé avec une certaine prudence ses inquiétudes quant au retard pris par son entreprise, selon le New York Times.
Parmi les efforts de l’entreprise pour rattraper son retard figurent également les recrutements agressifs de talents débauchés directement auprès de concurrents comme OpenAI ou Apple. Meta n’aurait pas hésité à proposer des salaires très élevés pour attirer les meilleurs chercheurs en IA. Zuckerberg s’est en outre engagé à investir plus de 100 milliards de dollars dans la course à l’IAG, ce qui constituerait l’un des plus importants engagements financiers de l’histoire des technologies.
Une stratégie à haut risque pour une industrie sous tension
La question de savoir si ces nouveaux centres de données permettront effectivement d’accroître la puissance de calcul de Meta reste toutefois ouverte. Ces structures temporaires présentent des risques opérationnels susceptibles de nuire à leur efficacité. Les tentes peuvent notamment surchauffer, obligeant Meta à suspendre leur activité lors des journées estivales les plus chaudes.
Cette infrastructure fragile constitue un pari risqué pour une technologie dont la fiabilité et la rentabilité sont de plus en plus contestées. Certains analystes évoquent même le risque d’une crise de l’IA que certains comparent aux « subprimes » de 2007, crise financière majeure provoquée par l’endettement excessif et la titrisation de prêts immobiliers risqués.
Les observateurs estiment que l’approche de Meta pourrait préfigurer une crise plus large du secteur. Par ailleurs, malgré des levées de fonds fructueuses, OpenAI continue de son côté d’enregistrer des pertes importantes chaque année, selon un récent rapport de CNBC. Malgré ces inquiétudes croissantes, le secteur continue toutefois d’attirer des dizaines de milliards de dollars d’investissements chaque année.