Remplacer les travailleurs humains par l’IA n’est pour le moment pas rentable pour de nombreuses entreprises, suggère une étude du MIT

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Alors que l’inquiétude quant aux impacts de l’IA sur les emplois est probablement à son paroxysme, une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) suggère que remplacer les travailleurs humains par l’IA est pour le moment trop coûteux (pour être rentable) pour les entreprises industrielles et/ou exigeant une grande variété de tâches. En effet, seuls 23 % du salaire total lié aux tâches d’inspection visuelle des travailleurs humains seraient automatisables de façon rentable. Toutefois, cela évoluera à mesure que la technologie se développera.

En vue des performances des outils d’IA générative tels que ChatGPT ou Bard, la préoccupation concernant les impacts potentiels de l’IA sur les emplois est croissante. « ‘Les machines volent nos emplois’ est un sentiment souvent exprimé en période d’évolution technologique rapide », ont expliqué les chercheurs du MIT dans leur récent rapport publié sur la plateforme MIT Future Tech. Il s’agirait notamment d’une inquiétude généralisée ayant précédé la plupart des grandes transitions technologiques, telles que le passage de l’agriculture manuelle à l’industrialisation agricole.

Cependant, en raison de la vitesse à laquelle l’IA se développe, de grands bouleversements sur le marché du travail sont à prévoir. En effet, la technologie se distingue de celles marquant les précédentes grandes transitions par ses compétences auparavant spécifiquement attribuées à l’humain. De leur côté, les entreprises pionnières de la technologie sont optimistes. Selon Sam Altman, le célèbre PDG d’OpenAI, « c’est la voie du progrès et nous trouverons de nouveaux et meilleurs emplois ».

De notre côté, nous avons rapporté dans un précédent article d’investigation que des professions entières risquent de disparaître à cause de l’automatisation par l’IA. De plus, une récente enquête menée auprès de PDG de grandes entreprises a révélé qu’au moins un quart d’entre eux envisageaient de réduire leurs effectifs d’au moins 5 % en raison de l’IA générative. En revanche, de nouveaux types d’emplois pourraient effectivement être créés, comme l’a suggéré Altman. On estime que la croissance de l’automatisation par l’IA pourrait d’ailleurs générer une augmentation de 7 % du PIB mondial, d’ici 10 ans.

Selon les chercheurs du MIT, les impacts de l’IA sur les emplois dépendent de la vitesse de l’automatisation des tâches et ainsi du rythme auquel les entreprises investissent dans la technologie (c’est-à-dire sa vitesse d’adoption). Cependant, les précédents travaux concernant le taux d’exposition de divers secteurs d’activité à l’IA ne montrent généralement pas de prédiction du rythme d’automatisation.

En effet, les précédentes recherches se concentrent surtout sur le potentiel de la technologie à affecter un domaine ou une filière spécifique, sans tenir compte de la faisabilité technique ainsi que de la viabilité économique de son adoption. En outre, les modèles d’exposition à l’IA mélangent généralement les prédictions concernant l’automatisation complète (impliquant le déplacement ou le remplacement des travailleurs) et partielle (impliquant une hausse de la productivité).

Des impacts dépendant de la vitesse d’adoption

Dans le cadre de leur étude, les experts du MIT ont analysé la rentabilité économique de 1000 tâches d’inspection visuelle dans 800 professions différentes. Ces tâches consistaient par exemple à contrôler des aliments afin de déterminer s’ils peuvent encore être consommés. Il s’agit entre autres de tâches assistées par vision par ordinateur, permettant par exemple de vérifier si un ingrédient est encore comestible ou non, à l’instar de la vérification par un boulanger.

Les résultats ont révélé que seulement 23 % du salaire total des travailleurs payés pour des tâches d’inspection visuelle seraient intéressants à automatiser, principalement en raison des coûts d’investissement dans les systèmes d’IA. Bien que le travail de contrôle de qualité (par vision) puisse être automatisé (en formant l’IA à détecter les ingrédients non comestibles par exemple), l’installation et l’exploitation d’un tel système auraient un coût conséquent. En d’autres termes, le coût est trop élevé pour assurer une seule tâche qui ne représente qu’un infime pourcentage du travail. Pour reprendre l’exemple du boulanger, le contrôle des ingrédients ne représente que 6 % de son travail.

Ces résultats impliqueraient une vitesse d’adoption relativement lente du côté des investisseurs. « Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent que le déplacement des emplois dans le domaine de l’IA sera substantiel, mais également progressif », ont écrit les chercheurs. Par ailleurs, cela suggère qu’il existerait encore une marge de manœuvre permettant d’élaborer les politiques adaptées pour pallier les impacts de la technologie sur les emplois.

Toutefois, cela pourrait évoluer à mesure que la technologie se développe et devient plus abordable. Son déploiement serait accéléré si les coûts d’investissement diminuent ou si elle est déployée par le biais de plateformes « d’IA en tant que service ». Ces plateformes auraient de plus grands potentiels de déploiement à grande échelle que les entreprises individuelles.

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Les impacts de l’IA sur les emplois dépendent de sa vitesse d’adoption et de ses capacités. © Goldman Sachs

D’autre part, cela concorde avec une analyse effectuée par le cabinet Goldman Sachs, suggérant que les impacts de l’automatisation par l’IA sur les emplois dépendraient à la fois de sa vitesse d’adoption et de l’évolution de ses capacités. Le déplacement ou le remplacement des travailleurs augmenteraient à mesure que la technologie gagne en performance et que les entreprises y investissent.

À noter également que l’étude inclut uniquement les tâches de contrôle visuel, laissant ainsi de nombreuses questions sans réponse concernant d’autres tâches. Néanmoins, « pour les décideurs politiques, nos résultats devraient renforcer l’importance de se préparer à l’automatisation des tâches liées à l’IA », a expliqué à TechCrunch, Neil Thompson, coauteur principal de l’étude du MIT. « Nos résultats révèlent également que ce processus peut prendre des années, voire des décennies, et qu’il est encore temps de mettre en place des initiatives politiques », conclut-il.

Source : MIT Future Tech

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