Dans une récente étude, des chercheurs montrent que les plants de cannabis peuvent contenir des métaux lourds qui seraient dangereux pour la santé. Ils décrivent ensuite plusieurs stratégies que les cultivateurs pourraient mettre en place afin de limiter les risques.
Les plants de cannabis (utilisés notamment dans la production de chanvre industriel, de la marijuana médicale et de l’huile de cannabidiol) absorbent facilement les métaux lourds. Ce qui les rend utiles pour la phytoremédiation, mais dangereux pour la santé des consommateurs, en particulier les patients atteints de cancer utilisant le cannabis à des fins thérapeutiques.
La phytoremédiation est un procédé dans lequel les plantes sont utilisées pour dépolluer des sols contaminés. On se sert de plants de cannabis car ils possèdent une longue tige, croissent rapidement et n’ont besoin que de peu de nutriments. Sans compter qu’ils absorbent des volumes élevés de métaux lourds, en particulier le plomb, le cadmium et le chrome.
Les plants transportent ces éléments dans leurs feuilles et leurs fleurs. Ils se concentrent alors sur une structure capillaire appelée trichome, partie qui stocke les cannabinoïdes comme le THC ou le CBD. « Si ces métaux lourds sont là, à ce niveau, que peuvent-ils faire aux gens ? », s’interroge Louis Bengyella, professeur en phytologie, auteur da la nouvelle étude parue dans Toxin Review.
« La teneur en métaux lourds du cannabis n’est pas réglementée »
La consommation de cannabis contaminé par les métaux lourds peut avoir des conséquences néfastes pour la santé, provoquer des cancers ou des troubles neurologiques. « La teneur en métaux lourds du cannabis n’est pas réglementée ; par conséquent, les consommateurs pourraient, sans le savoir, être exposés à ces éléments toxiques (plomb, mercure, cadmium, chrome). C’est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui consomment du cannabis, mais particulièrement pour les patients atteints de cancer qui utilisent de la marijuana à des fins médicales pour traiter les nausées et les douleurs associées à leur traitement », regrette Bengyella.
L’équipe de recherche indique que ces métaux lourds sont rarement métabolisés par le corps humain. Après avoir été consommés, ils vont s’accumuler progressivement dans différentes zones et peuvent entraîner un certain nombre de problèmes de santé.
Pour les scientifiques, le cannabis sous combustion présente le plus grand danger pour les consommateurs. Des analyses de la fumée ont révélé la présence de sélénium de mercure, de cadmium, de plomb, de chrome, de nickel et d’arsenic. « Il est troublant de réaliser que les produits à base de cannabis utilisés par les consommateurs, en particulier les patients atteints de cancer, peuvent causer des dommages inutiles à leur corps ».
Aussi, les chercheurs décrivent différentes stratégies que les cultivateurs pourraient utiliser afin d’atténuer la capacité des plants de cannabis à absorber les métaux lourds : éviter d’installer les exploitations sur d’anciens sites industriels, effectuer des analyses de l’air et des tests pH des sols. Ce dernier peut avoir un impact sur la quantité de métaux lourds qu’une plante absorbe. « Le problème se situe au niveau des consommateurs, mais la solution doit venir du monde agricole », conclut Bengyella.