Des chercheurs affirment avoir découvert un tout nouveau genre de météorite, qui proviendrait de notre planète. Tel un boomerang, la roche aurait été éjectée de la Terre pour ensuite y retomber, après avoir passé plusieurs milliers d’années dans l’espace. Bien que controversée, cette hypothèse pourrait découler sur une redéfinition du terme « météorite ».
La grande majorité (99,8%) des météorites retrouvées sur Terre proviennent de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter ou de comètes. D’autres, beaucoup plus rares, proviennent de Mars ou de la Lune qui, à la suite de violents impacts provoqués par différents objets célestes, ont vu leurs débris éjectés dans l’espace. Au cours de son évolution, la Terre a subi des impacts similaires et pourrait de ce fait avoir éjecté des débris de la même façon.
Des chercheurs ont déjà suggéré par le passé qu’un débris se détachant de la Terre aurait pu se déplacer selon un effet boomerang, et revenir s’y écraser. Cependant, aucun échantillon n’avait à ce jour permis de corroborer cette hypothèse. Récemment, des chercheurs affirment avoir trouvé des preuves d’un tel événement : une météorite découverte dans le désert du Sahara.
Un site d’impact inconnu
Chaque année, nous subissons environ 40 000 tonnes de bombardements extraterrestres. Heureusement, la grande majorité des projectiles sont sous la forme de poussières et rares sont ceux conservant leur forme rocheuse, une fois parvenus à la surface de la Terre. À chaque nouvelle découverte, les météorites se voient attribuer une nomination officielle correspondant au site du crash, ou le cas échéant, à la région où on les a retrouvées.
Tel que le sigle l’indique, NWA 13188 a été découverte dans le nord-ouest de l’Afrique, en plein désert du Sahara, par un groupe de Bédouins chercheurs de météorites. Étant donné que ces nomades sillonnent le désert à la recherche de roches rares à troquer contre un peu d’argent, la météorite de 600 grammes est probablement passée de mains et mains au cours de plusieurs voyages. De ce fait, l’emplacement exact du site d’impact est inconnu.
Malgré sa certification en 2021 par le Meteoritical Society en 2021, la météorite a été classée comme étant une achondrite « non groupée », car son étrange composition et son origine inconnue ne lui permettaient d’être associée à aucun groupe connu. En effet, les propriétés physicochimiques des météorites dépendent fortement de plusieurs conditions, incluant la formation, la proportion de phases accrétées, les contraintes subies au cours de l’accrétion et l’évolution de leurs objets de provenance.
Une composition similaire aux roches terrestres
En analysant la roche, l’équipe de recherche du centre national français de recherche scientifique (CNRS) a découvert qu’elle possède une composition chimique similaire à celle des roches terrestres. La croûte de fusion indique qu’il s’agit d’une achondrite non groupée, avec une structure moléculaire et une porosité semblables aux roches volcaniques sur terre. En outre, aucun composé métallique n’y a été détecté.
La météorite se distingue également par sa composition isotopique d’oxygène, étonnamment proche de celle observée au niveau des roches de lignes de fractionnement terrestre, ou failles tectoniques. Les profils d’oligoéléments seraient aussi typiques d’un volcanisme terrestre, mais très inhabituel pour une achondrite. Ces résultats — publiés à l’occasion de la 85e réunion annuelle de la Meteoritical Society (en 2022) — remettent en question l’origine extraterrestre de la roche, étant donné que les autres planètes ou objets du système solaire ne présentent pas de tectonique des plaques.
Par ailleurs, la concentration en isotopes cosmogéniques (bérillyium-3, hélium-10) indique un bombardement de rayonnement cosmique. Cette concertation serait trop élevée pour être acquise sur Terre. En revanche, elle serait largement inférieure à celle retrouvée au niveau des objets ayant passé des millions d’années dans l’espace. Cette différence de concentration semble compatible avec l’hypothèse d’effet boomerang des chercheurs.
D’après les experts, NWA 13188 aurait été éjectée dans l’espace à la suite d’un impact ou d’une éruption volcanique particulièrement violente, puis serait retombée sur Terre après 2000 à 100 000 ans.
À savoir que de nombreuses roches terrestres ont été rejetées dans l’espace à la suite d’éruptions volcaniques. Toutefois, la théorie de l’effet boomerang semble invraisemblable et ne manque pas de susciter le scepticisme chez d’autres experts. Les preuves disponibles ne permettraient notamment pas de véritablement la corroborer, sans compter l’absence d’un cratère d’impact connu. D’après l’équipe du CNRS, ce dernier devrait mesurer dans les 20 kilomètres de diamètre — ce qui ne devrait normalement pas passer inaperçu.
Pour tenter de mettre fin à la controverse, les chercheurs français comptent déterminer l’âge réel de la météorite par le biais de la datation au carbone et à l’argon. Cette précision pourrait potentiellement fournir des indices sur sa véritable origine. Une question fondamentale reste également en suspens : si NWA 13188 est véritablement d’origine terrestre, peut-on vraiment la définir comme étant une météorite ?