Jeudi 18 février à 21h55 (heure de Paris), le rover Perseverance de la NASA s’est posé sur le sol martien. Après un long voyage de près de 470 millions de kilomètres, l’engin va pouvoir accomplir sa mission, à savoir rechercher des traces de vie ancienne. Mais le plus difficile est derrière lui : la NASA propose aujourd’hui une vidéo de l’atterrissage, montrant à quel point la procédure était extrêmement périlleuse.
Les images de l’atterrissage étaient attendues avec impatience. Les premiers clichés communiqués rapidement par la NASA, déjà époustouflants, montraient une vue aérienne du rover suspendu par ses trois câbles au-dessus du sol martien. Ce n’était qu’un petit aperçu, car l’agence spatiale américaine a publié hier soir une vidéo complète de l’atterrissage, dans laquelle le rover effectue son ultime descente.
Alors qu’il chutait dans le ciel martien, le module d’atterrissage de Perseverance a déployé son grand parachute pour ralentir sa progression ; c’est à ce moment-là que les caméras ont pu capturer les premières images de la mission. Puis, son bouclier thermique, qui a parfaitement joué son rôle, s’est détaché. À cet instant, les choses sont devenues (encore plus) critiques : mais la grue volante, Sky Crane, a parfaitement permis au rover de parcourir en douceur les derniers mètres qui le séparaient du sol martien.
Une vidéo historique
Sur la vidéo publiée par la NASA, on commence par voir l’ouverture de l’immense parachute de freinage, à 11 kilomètres d’altitude. Puis, on aperçoit le bouclier thermique qui se sépare de l’engin et qui continue sa chute seul ; le rover est encore à plus de 6000 mètres d’altitude. L’atterrissage est imminent. Le sol martien se rapproche peu à peu et l’on en distingue le relief à mesure que le rover descend. La vue oscille doucement, comme un pendule, alors que Perseverance est suspendu dans les airs grâce au parachute. C’est le moment d’admirer les dunes de sable et le cratère Jezero.
Finalement, on aperçoit l’énorme nuage de poussière soulevé par l’arrivée de l’engin, tandis que le sol n’est plus qu’à quelques mètres. À cet instant, nous pouvons profiter de la capture simultanée de trois caméras : une vue de dessous et d’au-dessus du rover, ainsi qu’une vue depuis Sky Crane. Tout fonctionne comme prévu. La séquence se termine avec les roues en aluminium de Perseverance qui entrent en contact avec la surface à 2,6 km/h, et Sky Crane s’en détache pour aller s’écraser un peu plus loin. Lorsque l’atterrissage est confirmé, c’est l’explosion de joie au centre de contrôle de la mission. « J’attends depuis 25 ans l’opportunité de voir un vaisseau spatial atterrir sur Mars. Cela valait la peine d’attendre. Pouvoir partager cela avec le monde est un grand moment pour notre équipe », a déclaré Matt Wallace, directeur adjoint du projet Mars 2020 Perseverance.
C’est la première fois qu’un atterrissage sur Mars est filmé et les images sont d’une qualité impressionnante. Le rover embarquait pas moins de sept caméras pour pouvoir enregistrer sa descente sous plusieurs angles. « Maintenant, nous avons enfin une vue de premier rang sur ce que nous appelons « les sept minutes de terreur« lors de l’atterrissage sur Mars », a déclaré Michael Watkins, directeur du Jet Propulsion Laboratory de la NASA.
Une prise de son inédite
Autre élément remarquable : Perseverance a pour la première fois enregistré le son des vents martiens ! Le microphone n’a pas pu collecter de données utilisables pendant la descente, mais il a pu effectuer un premier enregistrement dans le cratère de Jezero. Certes, c’est très léger (l’enregistrement inclut en outre le bruit du rover), mais ce sont tout de même les tout premiers sons de Mars. « Nous savons que le public est fasciné par l’exploration de Mars, nous avons donc ajouté un microphone au véhicule, car nous espérions qu’il pourrait améliorer l’expérience des fans de l’espace, en particulier les malvoyants, et inspirer les gens du monde entier », a déclaré Dave Gruel, ingénieur principal du sous-système de caméra et microphone EDL (Entry, Descent and Landing).
La NASA a également reçu un premier signal du petit hélicoptère Ingenuity, confirmant que l’engin et son boîtier de communication fonctionnaient correctement. L’appareil devrait rester fixé sur le ventre du rover pendant 30 ou 60 jours encore, avant de tenter son premier vol dans le ciel de Mars. Si Ingenuity survit à ses premières nuits martiennes — lors desquelles les températures descendent jusqu’à -90°C — il s’agira du premier vol d’un avion sur une autre planète. Et si l’appareil atterrit avec succès et reste opérationnel, jusqu’à quatre autres vols pourraient être tentés.
Perseverance subit actuellement une vérification approfondie de tous ses systèmes et instruments. Il a pour mission de collecter une trentaine d’échantillons de roches, qui seront stockés dans des tubes scellés. Ces derniers seront ensuite rapportés sur Terre lors d’une future mission, élaborée par la NASA et l’ESA, qui devrait se dérouler dans les années 2030 (voire dès 2026). Sa mission durera au moins deux ans et les premiers prélèvements seront réalisés cet été. La plupart seront issus du cratère Jezero, qui selon les scientifiques, abritaient un delta il y a 3 ,5 milliards d’années. Les experts espèrent ainsi y trouver les signes d’une potentielle ancienne vie microbienne.