Les radars terrestres de la NASA ont détecté le signal du petit vaisseau spatial Chandrayaan-1 de l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO), qui a quitté la Terre pour se mettre en orbite de la Lune en 2008, et qui avait perdu tout contact avec le centre de contrôle en août 2009.
Nous pourrions penser que ce n’est pas très compliqué de démasquer un vaisseau spatial qui se situe en orbite autour de la Lune, notre satellite le plus proche, mais c’est bien plus délicat qu’il n’y parait. Il est déjà compliqué de localiser avec précision des débris spatiaux en orbite autour de la Terre, et l’éblouissement lunaire rends les objets orbitant autour d’elle, très difficiles à détecter pour les télescopes optiques terrestres. De plus, le petit vaisseau spatial Chandrayaan-1 mesure environ 1,5 mètre seulement.
De plus, la Lune est couverte de régions appelées mascons (ou réplétions), qui sont des zones de la croûte où il y a une attraction gravitationnelle supérieure à la moyenne. Ces régions sont connues pour être responsables de la sortie d’orbite initiale des vaisseaux spatiaux. Parfois, il arrive même qu’ils s’écrasent sur la surface lunaire. Donc, malgré le fait que nous sachions que Chandrayaan-1 se trouvait en orbite autour de la Lune la dernière fois que nous avons eu un contact avec le vaisseau, rien ne nous garantissait qu’il serait encore là, et intact. L’orbiteur avait été officiellement classé comme « perdu ».
Pour redécouvrir le vaisseau spatial, la NASA a utilisé une nouvelle technique de radar, qui leur a également permis de localiser avec une précision sans pareille le Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO), une sonde spatiale lancée en 2009 qui étudie la lune depuis son orbite, et qui est toujours en service à ce jour. « Trouver (la position) de LRO était relativement simple car nous travaillions avec les navigateurs de la mission et possédions des données précises concernant son orbite », explique Marina Brozovic, une scientifique du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Trouver Chandrayaan-1 a demandé plus de travail car le dernier contact avec le vaisseau avait eu lieu en août 2009 », ajoute-t-elle.
Pour le trouver, l’équipe a d’abord proposé les meilleures prédictions quant à l’endroit où Chandrayaan-1 aurait pu se retrouver : d’après les dernières données reçues, les scientifiques ont pu estimer qu’il se trouvait à environ 200 kilomètres au-dessus de la surface lunaire, sur une orbite dite polaire. C’est en se basant sur ces estimations que l’équipe a pu transmettre des faisceaux de micro-ondes en direction du pôle nord de la Lune, à environ 380’000 km de distance, en utilisant l’imposante antenne du Goldstone Deep Space Communications Complex de la NASA, située en Californie.
L’idée des chercheurs était que si un petit vaisseau spatial se trouvait sur le chemin de ces micro-ondes, ces dernières seraient capables de révéler sa présence : une technique similaire est utilisée pour cartographier les fonds marins de la Terre avec des radars. Et c’est exactement ce qui s’est passé. L’équipe a détecté, à deux reprises, un petit vaisseau spatial traversant le chemin des micro-ondes, sur une durée de balayage d’environ quatre heures, soit la même période orbitale (durée impliquée pour effectuer une orbite complète) que Chandrayaan-1 selon leurs estimations.
Puis, les chercheurs ont continué d’analyser les données des radars afin de se faire une meilleure idée de la nouvelle orbite ainsi que de la position du vaisseau. « Il s’avère que nous avons dû déplacer l’emplacement estimé de Chandrayaan-1 d’environ 180 degrés, soit la moitié d’un cycle, à partir des anciennes estimations orbitales de 2009. Mais autrement, l’orbite de Chandrayaan-1 conservait encore l’alignement que nous avions calculé », explique Ryan Park, du groupe Solar System Dynamics du JPL.
Chandrayaan-1 représentait la toute première mission indienne concernant la Lune, et son but était d’effectuer une cartographie chimique et géologique du satellite. Mais l’élément le plus connu de cette mission, était le fait que le vaisseau possédait un impacteur à son bord, qui s’est délibérément détaché pour s’écraser sur la surface de la Lune. L’impact a alors généré d’énormes quantités de poussière lunaire que les scientifiques ont pu examiner : cela a permis d’obtenir des preuves solides quant à la présence de glace d’eau à la surface du satellite. C’est après 10 mois, que Chandrayaan-1 a accompli sa mission et a perdu le contact avec la Terre.
L’Inde planifie désormais une seconde mission lunaire, nommée Chandrayaan-2, qui sera composée d’un orbiteur, d’un atterrisseur ainsi que d’un rover, pour le début de l’année 2018.
Bien entendu, concernant Chandrayaan-1, il n’y a pas beaucoup d’éléments que nous puissions tirer de cette information. Ce qui est important, c’est que la découverte de l’engin, effectuée de manière si précise, (ainsi que de LRO) par la NASA, démontre à quel point cette nouvelle technologie est prometteuse. En effet, non seulement elle permet de garder un meilleur suivi de n’importe quel vaisseau spatial, mais elle permet également de mieux surveiller les dangers potentiels auxquels la Terre pourrait être sujette.