En Europe, dans les Alpes italiennes, la neige du glacier Presena est devenue rose et selon les scientifiques, cela n’est pas une bonne nouvelle. En effet, ce phénomène provoqué par la présence d’algues assombrit la neige et de ce fait, elle absorbe davantage de lumière solaire et fond plus vite.
Depuis quelques jours, certains pans du glacier Presena, sont devenus roses. Ce phénomène bien connu est causé par la présence d’algues de l’espèce Ancylonema nordenskioeldii, qui sont fréquentes dans les latitudes moyennes (mais également aux pôles et au Groenland). Il faut savoir que ces algues, en plus de la chlorophylle, contiennent également un pigment rouge de type caroténoïde (astaxanthine), qui lui donne une couleur rougeâtre.
Mais une neige teintée de rose est un très mauvais signe pour l’environnement. En effet, cette couleur rose assombrit la neige, qui absorbe alors davantage de lumière solaire et par conséquent, accélère le rythme de la fonte des neiges. « Ce n’est pas tant que les algues font directement fondre la neige », rapporte Earther. Mais c’est plutôt le fait que, transformer la neige blanche en neige rose, la fait absorber plus de chaleur du Soleil, ce qui par conséquent, la fait fondre plus tôt.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Des événements comme celui-ci ne sont pas inconnus, ils sont fréquents dans les glaciers, au printemps et en été. Cependant, à l’heure actuelle, nous ne savons pas encore si l’augmentation des températures liée au changement climatique entraînera plus d’événements de ce type à l’avenir. Selon les scientifiques, il y a une possibilité distincte que plus de chaleur signifie également plus d’algues, et par conséquent, encore moins de neige.
Par exemple, en mars dernier, des chercheurs ukrainiens sur l’île de Galindez, au nord de l’Antarctique, avaient également été témoins d’un événement similaire. Après analyses, il s’était avéré que la coupable était une autre algue microscopique, Chlamydomonas nivalis, aussi appelée Algue des neiges.
Durant l’hiver, lorsque la nouvelle neige les recouvre, les algues sont présentes sous forme de spores résistantes. Puis, au printemps, l’accroissement de la lumière et l’apparition d’eau liquide stimulent leur germination. Une fois germées, les algues sont munies de flagelles qui leur permettent de se déplacer (de 0,3 centimètre par minute, en milieu liquide, et à 0 °C) vers la surface. Ces algues peuvent donc se déplacer activement dans l’eau immobile, mais également passivement par le vent ou par le ruissellement naturel de l’eau. C’est ensuite à la surface qu’elles se reproduisent et forment de nouvelles spores.
Le problème, c’est que la fonte des neiges s’accélère : l’année dernière, un rapport de l’Union européenne des géosciences a en effet prédit que 90% du volume actuel des glaciers des Alpes pourrait disparaître d’ici 2100.
C’est d’ailleurs ce qui inquiète avec ce phénomène des algues roses : ces dernières ne sont pas dangereuses en soi, le véritable problème est qu’elles assombrissent considérablement la neige et de ce fait, la neige réfléchit moins la lumière solaire. Or, ce qui n’est pas réfléchi est donc absorbé. Autrement dit, le sol du glacier emmagasine plus de chaleur que d’habitude, ce qui exacerbe ensuite le processus de fonte. Cela crée ensuite un cercle vicieux : plus la glace dans laquelle est contenue cette algue se met à fondre, plus ces micro-organismes vont pouvoir se procurer l’eau dont ils ont besoin pour proliférer.
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Les scientifiques savent que la neige disparaît peu à peu des Alpes, et que de nombreux glaciers pourraient disparaître au cours de ce siècle, car de faibles chutes de neige ne remplacent pas la fonte des glaces situées en dessous. « Des précipitations moins importantes en hiver et des températures de l’air plus élevées au printemps et en été devraient favoriser la formation d’algues des neiges et des glaciers… », a expliqué Biagio Di Mauro, du Conseil national italien de la recherche.
Selon une étude publiée dans Nature Communications en 2016, ces algues pourraient également contribuer à augmenter la fonte des glaces de 13% en Arctique, au cours d’une année.