En travaillant sur le site de traitement des matériaux nucléaires de Savannah River, aux États-Unis, des ouvriers sont tombés par hasard sur un nid de guêpes contaminé par la radioactivité. Le nid a été retrouvé près des réservoirs de stockage de déchets nucléaires liquides et présentait des taux de radiation dix fois supérieurs aux niveaux de contamination autorisés par la réglementation fédérale.
Le site de Savannah River, près d’Aiken, en Caroline du Sud, a été ouvert au début des années 1950, initialement pour la production de plutonium et de tritium destinés à la fabrication de bombes nucléaires. Le site est resté très actif jusqu’à la fin de la Guerre froide, entre 1989 et 1991. En 1992, il s’est réorienté vers la décontamination environnementale, la gestion de matériaux nucléaires ainsi que les travaux de recherche et de développement.
Le site générait autrefois plus de 625 millions de litres de déchets nucléaires liquides, selon le Savannah River Mission Completion, le gestionnaire. Il resterait encore 43 réservoirs souterrains actifs, tandis que huit sont fermés. Le nid de guêpes a été découvert alors que le personnel effectuait des activités de surveillance radiologique de routine.
D’après le rapport du ministère américain de l’énergie, le nid de guêpes contaminé a été trouvé le 3 juillet dernier au niveau de la zone connue sous le nom de « F-Area Tank Farm » et qui abrite 22 réservoirs souterrains en acier au carbone. Chaque réservoir peut contenir entre 2 800 et plus de 3 000 mètres cubes de déchets radioactifs liquides.
Un taux de contamination dix fois supérieur à la norme autorisée
En analysant le nid, les experts sur place ont constaté qu’il avait un niveau de contamination radioactive de 100 000 désintégrations par minute/100 centimètres carrés bêta/gamma. Ce taux est dix fois supérieur aux valeurs totales de contamination autorisées par la loi fédérale.
Toutefois, il s’agirait d’une contamination radioactive héritée du site lui-même, mais non de fuites éventuelles, ont précisé les responsables. En d’autres termes, elle résulterait probablement de la radioactivité résiduelle qui persiste depuis l’époque où le site était encore actif.
Bien que les équipes sur place n’aient trouvé aucun insecte vivant à l’intérieur, le nid a été rapidement pulvérisé à l’insecticide afin d’éliminer toute guêpe qui pourrait encore y rester. « Bien qu’aucune guêpe n’ait été trouvée sur le nid, les insectes, pris individuellement, présenteraient des niveaux de contamination nettement inférieurs », ont déclaré les responsables du ministère. En outre, les guêpes ne s’éloigneraient généralement que de quelques centaines de mètres de leur nid et celui retrouvé à Savannah River a été découvert près du centre du site, qui mesure près de 800 kilomètres carrés. Autrement dit, il y aurait peu de chances qu’elles puissent, si elles sont toujours présentes, voler jusqu’à l’extérieur du site.
Par ailleurs, les responsables affirment que le sol et les zones environnantes n’ont pas été contaminés et que le nid a été isolé après avoir été traité à l’insecticide. Aucun impact n’a non plus été observé chez les ouvriers du site ou les personnes résidant à proximité du site, ni sur les opérations en cours.
Le directeur exécutif du groupe de surveillance Savannah River Site Watch, Tom Clements, a néanmoins déclaré à l’Associated Press cette semaine qu’il était « furieux que le SRS [Savannah River Site] n’ait pas expliqué d’où venaient les déchets radioactifs ou s’il y avait une sorte de fuite des réservoirs de déchets dont le public devrait être informé ».
Les responsables du site ont toutefois affirmé avoir apporté des améliorations à leurs systèmes de traitement, notamment en installant un nouveau transporteur pour déplacer les combustibles nucléaires usés. Cela permet de réduire le temps nécessaire aux processus de traitement en vue de l’élimination définitive des déchets dans les années à venir.