L’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée et ce n’est plus qu’une question de temps avant que la majorité des entreprises ne l’adoptent. Cette situation préoccupe entre autres les artistes et les professionnels exerçant des métiers créatifs, redoutant de perdre leur gagne-pain au profit de programmes tels que ChatGPT, DALL-E, Midjourney et bientôt Sora. La directrice de la technologie d’OpenAI ne semble pas inquiète vis-à-vis de ce potentiel impact négatif. D’après elle, si l’IA entraîne la suppression d’emplois dans l’industrie créative, c’est parce qu’ils étaient déjà superflus… Des mots durs et aussi robotiques que les outils qu’elle met en avant.
L’intelligence artificielle est de plus en plus performante et se montre très créative dans la rédaction de scénarios, la génération d’images, la composition de musiques et même la création de vidéos. C’est cette évolution fulgurante de l’IA qui a d’ailleurs entraîné la grève des scénaristes d’Hollywood en 2023. Aujourd’hui encore, ceux qui travaillent dans le secteur de la création expriment leur colère face à l’idée que l’IA générative prenne leur emploi. Et d’après ce qu’a récemment déclaré la CTO d’OpenAI, Mira Murati, la situation n’est pas prête de s’arranger.
« Certains métiers créatifs vont peut-être disparaître, mais peut-être qu’ils n’auraient pas dû exister en premier lieu », a affirmé Murati lors d’un débat sur l’IA organisé à la Dartmouth University au début du mois de juin. Une déclaration qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu. D’autant plus que depuis l’arrivée de ChatGPT et de technologies similaires sur le marché, le nombre d’offres de services professionnels indépendants publiés sur Fiverr, Upwork et d’autres plateformes associées a chuté jusqu’à 21 % selon un rapport publié par le Wall Street Journal.
Une « apocalypse » de l’emploi imminente ?
Aux yeux de Murati, les outils d’IA sont un moyen de devenir plus créatif, même si la technologie est susceptible de bouleverser le marché du travail. Lors d’un autre discours au Festival international de la créativité de Cannes, elle a déclaré que « la première étape consiste réellement à aider les gens à comprendre de quoi ces systèmes sont capables, ce qu’ils peuvent faire, à les intégrer dans leurs flux de travail, puis à commencer à prédire et à prévoir leur impact ».
Cependant, même si Murati a affirmé que l’IA est susceptible d’entraîner la suppression de nombreux emplois, elle reste incertaine sur l’impact exact de la technologie. « Je ne suis pas économiste, mais je m’attends certainement à ce que de nombreux emplois changent. Certains emplois seront perdus, d’autres seront gagnés », déclare Murati. Elle a également ajouté que les emplois les plus susceptibles de disparaître sont ceux qui sont « strictement répétitifs ». Bien que ses prédictions soient vagues, certains économistes partagent son avis.
Le PDG d’OpenAI, Sam Altman, a également évoqué en juillet 2023 la disparition imminente d’emplois en raison de l’adoption de l’IA qui se généralise. « Beaucoup de gens qui travaillent sur l’IA prétendent que ce ne sera que du bien ; ce ne sera qu’un supplément ; personne ne sera jamais remplacé. Mais certains emplois vont bel et bien définitivement disparaître, point final », a-t-il affirmé.
Quoi qu’il en soit, l’IA générative ne représente pas encore une menace certaine pour tous les artistes et rédacteurs. Elle produit encore (souvent) du contenu considéré comme étant trop générique. D’autre part, pendant une interview plus tôt cette année concernant les sources exploitées pour l’entraînement de la nouvelle IA de génération de vidéo d’OpenAI (Sora), Murati n’a pas su donner de réponse exacte. « Je n’en suis pas certaine », a-t-elle déclaré face à la supposition que Sora a été entraînée sur des vidéos YouTube. Si c’est le cas, OpenAI aurait une fois de plus utilisé sans consentement des œuvres.