Des chercheurs britanniques et suédois ont développé une nouvelle thérapie à base de cellules souches pour le traitement de la maladie de Parkinson, baptisée STEM-PD. Ces cellules souches sont programmées pour devenir des cellules nerveuses dopaminergiques, destinées à être greffées aux patients. Un essai clinique est prévu dès l’an prochain ; il s’agit du premier essai de ce type en Europe.
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative, caractérisée par la destruction d’une population spécifique de neurones, les neurones à dopamine, qui sont impliqués dans le contrôle des mouvements. La maladie se manifeste par des symptômes moteurs (mouvements lents, tremblements, rigidité et déséquilibre). Elle évolue très lentement : à l’apparition des premiers symptômes, plus de la moitié des neurones dopaminergiques ont déjà disparu. Près de 170 000 personnes sont atteintes de la maladie de Parkinson en France et environ 25 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
Les causes de la maladie demeurent à ce jour inconnues, mais une combinaison de facteurs environnementaux et génétiques prédisposants est l’hypothèse la plus probable. La progression de la maladie peut être ralentie par des traitements médicamenteux, qui visent à pallier le manque de dopamine. Ces traitements entraînent cependant des effets secondaires indésirables (nausées, mouvements involontaires répétitifs, troubles du comportement) et deviennent moins efficaces au fil des ans. Une stimulation cérébrale profonde (via l’implantation d’électrodes dans le cerveau) peut également être envisagée.
Une greffe pour remplacer les neurones perdus
Depuis des années, les scientifiques tentent de développer de nouvelles approches thérapeutiques. L’une d’elles consistait à remplacer les neurones dopaminergiques mourants avec des neurones sains, prélevés sur des tissus de fœtus avortés. Des essais menés en Europe ont montré des résultats encourageants. Cependant, d’autres essais aux États-Unis ont révélé que ces traitements étaient beaucoup moins efficaces. En outre, l’utilisation de tissus provenant de fœtus a été largement contestée pour des raisons religieuses — d’autant plus qu’au moins six ou sept fœtus étaient nécessaires pour disposer de suffisamment de cellules productrices de dopamine pour un seul patient.
Le professeur Roger Barker et son équipe de l’Université de Cambridge, en collaboration avec des scientifiques dirigés par le professeur Malin Parmar de l’Université de Lund, en Suède, ont développé une technologie qui permet de se passer de ces cellules fœtales. Ils proposent d’utiliser des cellules souches embryonnaires humaines — un type de cellule qui peut se transformer en presque n’importe quel type de cellule dans le corps.
Les chercheurs ont trouvé le moyen de cultiver ces cellules en laboratoire et de les « programmer » de sorte qu’elles se développent en neurones dopaminergiques. Une fois suffisamment développées, ces cellules pourront ensuite être greffées dans le cerveau des patients (dans une zone appelée striatum) pour remplacer les neurones perdus. L’approche s’est déjà révélée sûre et efficace pour inverser les déficits moteurs dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson.
« Nous savons désormais que l’implantation de cellules dopaminergiques dans le cerveau fonctionne et que la procédure est sûre. Il n’y a plus de problème d’approvisionnement en tissu, car nous pouvons fabriquer ces cellules en grand nombre en laboratoire », a déclaré Barker au Guardian. En outre, le coût de la procédure est relativement faible. Mais il faudra sans doute plusieurs années avant de savoir si ces greffes fonctionnent et peuvent réellement être utilisées comme traitement standard de la maladie de Parkinson.
Des cellules en quantités quasi illimitées
Une série de cellules sont déjà prêtes à être greffées. Les essais commenceront dès l’an prochain, sur quatre participants en Suède, puis quatre participants au Royaume-Uni. « Les greffes seront effectuées en Suède, qui dispose des instruments nécessaires. Ce projet sera suivi au cours de l’année par d’autres essais », a déclaré Barker.
Le principal résultat de l’essai STEM-PD est d’évaluer l’innocuité et la tolérabilité du produit transplanté un an après l’intervention, tandis que les critères d’évaluation secondaires évalueront la survie et la fonction des cellules transplantées par imagerie cérébrale, ainsi que les effets sur les symptômes de la maladie.
Les essais devraient durer au moins deux ans. Si les résultats s’avèrent concluants et que le traitement est dénué d’effets secondaires graves, ces greffes de cellules pourraient être utilisées à grande échelle dans environ cinq ans. L’utilisation des cellules souches permettra en théorie de produire des quantités illimitées de neurones dopaminergiques, offrant la possibilité de proposer cette thérapie à une large population de patients.
« Il s’agira d’un traitement ponctuel, de sorte que les complications que l’on rencontre avec les médicaments chroniques ne se produiront pas, tandis que les thérapies avancées impliquant une stimulation cérébrale profonde ne seront pas nécessaires aussi souvent », précise le neuroscientifique.