Un autre objet mystérieux de l’espace interstellaire pourrait avoir pénétré dans notre système solaire

L’orbite de C/2019 Q4 Borisov. | Wikimedia/CC/Tony873004
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Les astronomes ont peut-être repéré le deuxième objet visitant notre système solaire tout en provenant d’un autre système stellaire : cet objet pourrait même voyager près de Mars plus tard au cours de l’année.

Bien qu’elle ne soit pas encore totalement certaine, la supposition des scientifiques est très forte : pour l’instant, ces derniers supposent que l’objet, une comète connue sous le nom de C/2019 Q4 (Borisov) (anciennement « gb00234 »), soit un objet interstellaire et non un simple rocher errant de notre système solaire.

Le tout premier objet externe à notre système solaire, nommé ‘Oumuamua, a été découvert en 2017. L’astronome amateur ukrainien Gennady Borisov a peut-être été la toute première personne à repérer C/2019 Q4 dans le ciel, le 30 août dernier.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

À présent, les astronomes ont rassemblé des données dans l’espoir de tracer le chemin de l’objet dans l’espace et de déterminer précisément d’où il provient. « C’est tellement excitant, que nous délaissons actuellement tous nos autres projets », a déclaré Olivier Hainaut, astronome de l’Observatoire européen du Sud. À savoir que Hainaut faisait partie d’une équipe mondiale d’astronomes qui ont étudié ‘Oumuamua lors de son passage dans le système solaire il y a deux ans. « La principale différence avec ‘Oumuamua et cet objet-ci, c’est que nous l’avons découvert alors qu’il est encore très loin dans le système solaire. De ce fait, les astronomes sont maintenant beaucoup plus préparés ! », a-t-il ajouté.

Les premières images suggèrent que C/2019 Q4 est suivi d’une petite queue, ou d’un halo de poussière. Il s’agit d’un trait distinctif des comètes : elles sont chauffées par les étoiles voisines, ce qui les pousse à projeter des gaz et des particules dans l’espace.

Cette poussière pourrait faciliter le suivi de l’objet C/2019 Q4 par rapport à ‘Oumuamua, car la poussière réfléchit fortement la lumière du Soleil. Cela pourrait donc également permettre aux scientifiques de lire la composition de l’objet, car les instruments des télescopes actuels peuvent en effet « goûter » à la lumière pour rechercher des signatures chimiques particulières. « Ici, nous avons quelque chose qui est né autour d’une autre étoile et qui a voyagé jusqu’à nous », a déclaré Hainaut.

objet interstellaire
Cette simulation montre la trajectoire orbitale estimée (en vert) de C/2019 Q4 à travers le système solaire. L’objet pourrait en effet passer entre les orbites de Jupiter (en violet) et de Mars (en orange) vers la fin du mois d’octobre 2019. Crédits : OrbitalSimulator.com

Du fait de cette information, les astronomes se préparent à regarder l’objet avec autant de télescopes que possibles, dans le but d’analyser et tracer la trajectoire de C/2019 Q4 dans l’espace.

L’objectif exact des astronomes est le suivant : ils souhaitent découvrir si l’objet possède une orbite elliptique (de forme ovale et autour du Soleil) ou hyperbolique (en forme de cloche et sur une trajectoire ouverte). À l’heure actuelle, les scientifiques pensent que son orbite est hyperbolique, mais d’autres observations seront vitales afin de le déterminer avec précision.

De plus, la vitesse apparemment très élevée de l’objet ainsi que son voile de poussière ressemblant à une comète, vont également dans le sens d’un objet provenant d’un autre système stellaire. « Cela peut prendre quelques jours ou quelques semaines avant que nous ayons assez de données pour pouvoir le confirmer de manière définitive. C’est frustrant », a ajouté Hainaut.

Si l’objet est bel et bien interstellaire, il atteindra son point le plus proche du Soleil à la fin du mois de décembre, et nous devrions pouvoir le revoir vers janvier 2021 environ.

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Hainaut et ses collègues sont prêts pour les observations, bien qu’ils n’aient que des télescopes plus petits pour observer l’objet. En effet, son équipe souhaiterait pouvoir accéder à de plus grands télescopes pour effectuer les observations, comme par exemple le VLT (Very Large Telescope) situé au Chili, l’observatoire Keck, le télescope Gemini à Hawaï et d’autres encore.

Bien que de nombreux astronomes soient fortement enthousiasmés par C/2019 Q4, il reste encore beaucoup à faire pour le confirmer en tant qu’objet interstellaire. « Ce n’est pas le premier objet depuis 2017/1, mieux connu sous le nom de ‘Oumuamua, à démontrer une orbite hyperbolique », a tweeté mercredi Michele Bannister, astronome planétaire de l’université Queen’s à Belfast. Bannister a également noté que, avec des observations aussi limitées, il semblerait que son orbite interstellaire soit rare mais qu’il se tourne ensuite vers notre système solaire : « Parfois, il suffit d’attendre et de faire d’autres observations », a-t-elle ajouté.

Comme l’a expliqué Hainaut, à l’heure actuelle, des observations de C/2019 Q4 ne sont pas faciles à obtenir, car l’objet se trouve près du Soleil (ce qui le place près de l’horizon de la Terre et donne aux astronomes une fenêtre d’observation très limitée, avant l’aube, pour l’étudier). « C’est difficile à voir, mais nous avons les meilleurs spécialistes de l’astrométrie, essayant de mesurer sa position dans le ciel de manière précise », a ajouté Hainaut.

Source : IAU

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