Lors de l’événement Investor Day 2023 de Tesla ce mercredi, le PDG Elon Musk a dévoilé son troisième plan directeur visant à établir une économie énergétique durable. Il prévoit notamment que le secteur des robots humanoïdes soit économiquement plus fructueux que celui des voitures autonomes. S’appuyant sur l’objectif de rendre son robot Tesla reproductible en série et suffisamment utile pour devenir un « économiseur de main-d’œuvre à usage général », il prédit que ces derniers pourraient surpasser en nombre les êtres humains à terme.
Le géant de la technologie Elon Musk, lors du premier événement destiné aux investisseurs de la société Tesla qui s’est tenu à la Gigafactory d’Austin (Texas), a discuté des efforts visant à accélérer la production de voitures électriques et a abordé son projet robotique Optimus.
Le PDG de Tesla a annoncé son intention d’ouvrir une cinquième usine de fabrication dans le but d’augmenter l’offre de véhicules électriques, quelques instants seulement après avoir révélé que l’entreprise avait franchi le cap des quatre millions de voitures. Cette volonté est portée par l’espoir d’un développement fulgurant des robots humanoïdes de la marque.
Mais les annonces n’ont pas rassuré les investisseurs : les actions de Tesla ont plongé de 7% à l’ouverture des marchés dès le lendemain. En faute, l’absence de mises à jour des produits notamment concernant son Cybertruck pour contrer la perte de la moitié de la valeur de la marque, clé de la fortune de Musk. Alors quel avenir pour Tesla ?
Des robots pour sauver Tesla ?
Ainsi, mercredi, Tesla a donné un aperçu des progrès rapides réalisés par son robot Optimus de dernière génération, qu’il veut employer dans ses usines. Dix-neuf mois après sa première présentation mondiale, il marche enfin — lentement par rapport au robot Atlas de Boston Dynamics, mais lui est développé depuis plus de 10 ans —, ramasse des objets et effectue des tâches de base.
Plus précisément, la vidéo de présentation montre un robot utilisant ses pouces opposables et ses mains pour débrancher un bras Optimus d’un banc d’essai, le transporter vers un poste de travail où un autre robot usine sur un troisième. Avec quelques ajustements de vidéos astucieux, cela donne l’impression que le premier robot tient le bras en place tandis que le second le fixe.
Elon Musk déclare lors de la présentation : « Je pense que nous pourrions dépasser un rapport de 1:1 entre les robots humanoïdes et les humains. C’est probablement la partie la moins comprise ou la moins appréciée de ce que nous faisons chez Tesla, mais cela pèsera économiquement probablement beaucoup plus que le secteur des voitures sur le long terme ».
Il ajoute que la plus-value majeure de Tesla réside dans le développement avancé en matière d’intelligence artificielle appliquée au monde réel, notamment par le biais des voitures autonomes. Il explique : « Il n’est pas très utile d’avoir un robot humanoïde si vous devez programmer chaque action. Il doit être capable de se déplacer de manière autonome et d’effectuer des tâches. Vous devriez pouvoir lui enseigner des choses simples, en montrant visuellement ce que le robot doit faire, ou simplement lui dire quoi faire. C’est le principal avantage que nous aurions ».
Bien que cela reste à démontrer, c’est définitivement un écart par rapport à l’approche de commercialisation à échelle limitée axée sur la recherche que Boston Dynamics a adoptée. Tesla développe son robot pour qu’il soit un produit fabriqué en série dès le départ et suffisamment utile pour devenir « un économiseur de main-d’œuvre à usage général ».
Une autorité de régulation des IA
Bien sûr, ces types de robots devraient avoir un impact incroyable sur la société dans son ensemble. En effet, si nous supposons qu’il n’y a pas de limite de main-d’œuvre pour une production accrue, quelle est la limite réelle de l’économie, s’interroge Elon Musk, quelle sera la place de l’humain ? « Nous sommes encore assez loin des échelles de Kardashev ici, mais nous y arrivons », déclare-t-il. L’échelle de Kardashev mesure le niveau d’avancement technologique d’une civilisation basée sur la quantité d’énergie qu’elle est capable d’utiliser.
Néanmoins, lorsqu’il est questionné sur les futures générations d’IA, combinées à des robots humanoïdes pouvant commencer à aider Tesla à traverser son « enfer de production » automobile, Elon Musk craint que même lui pourrait se retrouver sans emploi une fois les robots opérationnels…
« L’IA me stresse », ajoute-t-il à la fin de la présentation. Malgré ses frictions avec d’autres autorités, notamment aux vues de ses dernières décisions concernant Twitter, s’il y a un domaine où il semble vouloir mettre un certain nombre de règles, c’est bien l’IA, afin qu’elle ne menace pas l’humanité.
Alors qu’il vient d’annoncer le recrutement de développeurs pour rivaliser avec ChatGPT, il se fait bien pessimiste quant au futur de l’humanité lié à l’IA. Il souligne, depuis la scène d’Austin, flanqué de 16 dirigeants de Tesla dont le chef du « pilote automatique » : « Je suis un peu inquiet pour les ‘choses’ de l’IA. Nous avons besoin d’une sorte d’autorité de régulation ou de quelque chose qui supervise le développement de l’IA. Assurez-vous qu’il soit dans l’intérêt public ». Il conclut : « C’est une technologie assez dangereuse. Je crains d’avoir fait certaines choses pour l’accélérer ».
VIDÉO : Présentation des capacités d’Optimus (à partir de 1:48:20). © Tesla